Fanny, Marie Gufflet LOVED Chapitre 4-1

Chapitre 4-1

Ava


Il est 6h45 quand je quitte la maison, embrassant maman et ma soeur sur le porche. Je resserre ma veste sur moi et cours presqu’à la voiture. Les températures ont encore chuté ces derniers jours. Il faut dire que dans 25 jours top chrono débutent les fêtes.

Hier, j’ai appelé ma gouvernante pour lui demander deux journées, j’ai prétexté une urgence familiale, ce qui n’est pas faux. J’ai tout de même été forcée de lui raconter les problèmes de santé de maman, ce qui a eu pour effet de l’adoucir, elle m’a prise en pitié, j’ai horreur de ça !

Je mets le contact et me répète mentalement le trajet que je dois effectuer. Je me rends à St Andrews pour le casting des figurants qui est à 4 heures de route de LadyTown. Il est assez rare que je me rende là-bas, c’est une ville où vivent les natifs de St Andrews, les riches et bien sûr la famille royale. Si mes souvenirs d’école sont bons, elle comptabilise environ 37 000 habitants. Je me rappelle que le Palais se dresse sur un éperon rocheux sur les montagnes. J’ai toujours été impressionnée par la vue du château au style néo-gothique qui surplombe la ville en contre-bas.

Petite, papa nous avait emmenées visiter les abords du Palais, le sentiment d’être dans un conte de fée s’était agrippé à moi, colorant le reste de mes journées de rêves de princesse. C’était à compter de ce jour que mon amour pour le Prince est apparu.

Aujourd’hui des années plus tard, me revoilà en route vers mon futur, enfin je l’espère. J’augmente le chauffage dans la voiture et prie pour qu’elle n’est plus de problème cette fois. J’ai les nerfs à fleurs de peau. Des questions se heurtent à moi : si je ne suis pas prise pour ce casting de figurante, comment vais-je subvenir aux besoins de la famille ? Maman ira-t-elle mieux ? Sa maladie continuera-t-elle de s’étendre ? Pourrai-je un jour reprendre mes études ?

Je n’ai pas eu le temps de prendre un petit-déjeuner, la faim commence à donner raison à mon estomac. Je décide de rouler encore un peu avant de m’arrêter à la prochaine station ou Starbucks. J’allume le poste de radio qui grésille un peu avant de trouver une chaîne qui fasse l’affaire. Sur un air de Lifehouse, je conduis, chantant à tue-tête, désireuse de me sentir insouciante pour une fois. Je n’ai aucune idée du déroulé de la journée, aussi j’ai pris une chambre dans un motel, histoire d’être sûre d’avoir toutes les chances de mon côté si les entrevues s’allongent. On ne sait jamais combien de temps prend ce genre de chose.

La mélodie cesse pour laisser place aux informations.

— Je vous donne rendez-vous cet après-midi en direct du Palais, le Prince Gabriel nous fera part d’une information de la plus grande importance en ce qui concerne son avenir et celui de son peuple. Restez connectés mes chers auditeurs ! Et tout de suite, Ed Sheran avec Shape of you !

J’adore cette musique. Tout en chantonnant les paroles, je me demande bien ce que le Prince a à dévoiler au peuple. Un nouveau mariage ? Un amour caché ? Et dire que je ne serai pas très loin du Palais, ça fait tout drôle. Peut-être pourrai-je m’y rendre pour faire une photo pour Charly. La dernière fois qu’on s’y est rendues, elle devait avoir aux alentours de 4 ans. Je prends note mentalement d’y faire un rapide crochet et de lui acheter un souvenir. Si rien n’a changé, il y a encore ces petites boutiques dans les ruelles pavés avant d’entamer la montée vers les montagnes qui mènent au Palais.

Ça fait déjà 1h30 que je conduis, je décide de faire un rapide arrêt. Je gare la voiture à la station et me dépêche d’acheter un café à emporter, un donut au chocolat, une bouteille d’eau et des chew-gums. Après une pause pipi, je me lave les mains et reprends la route tout en mastiquant mon beignet sucré. Même si c’est bien gras, j’aime la texture moelleuse dans ma bouche. Je regarde prudemment la beauté des paysages défiler sous mes yeux : les champs enneigés, les bois parés de blanc, la cime des montagnes surmontée de neige. Quel spectacle magique !

Je roule encore et encore jusqu’à voir le panneau Welcome to St Andrews. Étrangement, je me sens mélancolique, comme si tous les souvenirs trop longuement enfouis, remontent à la surface. Avant j’avais des rêves, avant j’étais heureuse, avant j’étais drôle et souriante, mais c’était avant ! Telles des bulles de savon, mes désirs d’autrefois flottent autour de moi. D’un revers de la main, je les écarte. J’accélère un peu, faisant attention à écouter les directions données par le GPS de mon téléphone. Je prends la prochaine à gauche, puis la prochaine à droite et roule encore sur une cinquantaine de mètres avant d’arrivée à destination. Enfin, un somptueux hôtel se dresse devant moi, tel un monstre impressionnant, prêt à m’engloutir vivante. Je suis arrivée. Je pénètre les lieux par le portail noir, une appréhension grandissante grouille dans mes entrailles. Vais-je réussir ?

Je laisse le moteur se refroidir et profite pour inspirer profondément.

Inspire Ava !

Expire !

Je réajuste ma coiffure, met une touche de mascara sur mes cils, du gloss sur mes lèvres et jette mon chew-gum avant de sortir tête haute de la voiture. Sans me départir de ma démarche assurée, je monte les escaliers. Je fais tout pour avoir l’air normale, mais je me sens submerger par la magnificence des lieux : lustres en cristal au plafond, toiles au mur. Une dame à l’accueil me demande ce qu’elle peut pour moi. Je lui tends la carte donnée par l’acteur. Son sourire s’estompe. Elle pianote frénétiquement sur le clavier. Au bout d’interminables minutes, et ce, après avoir passé un coup de fil, elle me lance des regards inquiets et dit :

— Miss, I am sorry, mais vous avez raté les auditions, elles ont débuté tôt ce matin et se sont terminées il y a une heure de cela.

Elle me rend la carte.

— Vous êtes certaine ? dis-je en proie à la panique. Pouvez-vous vérifier ?

— Affirmative. L’heure a été avancée. Personne ne vous a prévenu ?

— Puis-je voir monsieur Mayers s’il vous plaît ? C’est important !

— Je suis navrée, mais ils sont en plein tournage, c’est impossible ! Sans badge, je ne peux pas vous laisser rentrer.

— Mais il m’a donné sa carte, vous voyez, ajouté-je en la lui tendant de nouveau. J’ai fait 4 heures de trajet, vous ne pouvez pas me laisser rentrer bredouille, je dois essayer.

— J’entends bien, mais c’est impossible !

Je tourne les talons, fulminant de rage. Comment ai-je pu être aussi stupide ! Me laisser embarquer dans un truc aussi absurde. Moi, tourner dans un film ! Là, je n’ai même plus le courage de reprendre la route vers chez moi. C’est en pleurs que j’effectue le trajet vers la ville, à l’orée du Palais. Mon mascara a coulé, je dois probablement ressembler à un panda, mais ça m’est égale ! Je me gare dans le parking de la basilique et décide, puisque je suis là, de faire une prière. Ça doit bien faire 10 ans que je n’ai pas mis les pieds dans une église. En suis-je seulement digne ? Dieu m’écoutera-t-il de toute manière ?

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3 commentaires

stanos974

-

Il y a 7 ans

Cool

Djeems Gufflet

-

Il y a 7 ans

Sublime chapitre

Margaux Lecocq

-

Il y a 7 ans

Putain !!!! Vite la suite :). Allez courage Ava. XoXo
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