Fyctia
Chapitre 8,5 :
— Même si j’appelais leurs parents, ils me fileraient de l'argent pour soigner la réputation de leur enfant et feraient pression sur l’établissement pour pas que cela ne soit inscrit sur leur dossier. Veux-tu réellement aller jusqu’au bout ? Tu ne te feras que des ennemis.
Je me sens abasourdie par l'incapacité de M. Dupont face à mon problème. Comment peut-il être un tel connard et totalement enlever toute considération à ce que j'ai vécu ?
Mon cœur se serre, et je lutte pour contenir les larmes qui menacent de couler. Oliver, toujours debout derrière moi, se penche légèrement en avant, son expression sombre et déterminée.
— Monsieur Dupont, ce n’est pas seulement une question de punition. C’est une question de justice et de sécurité pour tous les élèves de cette école, dit-il fermement.
M. Dupont pousse un profond soupir et s'appuie en arrière dans son fauteuil.
— Monsieur Miller, vous savez aussi bien que moi que certaines familles ont plus de pouvoir ici que nous ne le souhaiterions. Je suis ici pour maintenir l'ordre, et parfois, cela signifie faire des compromis désagréables entre les élèves.
Je ne peux pas croire ce que j'entends. La colère monte en moi, brûlante et impétueuse.
— Alors, vous choisissez de fermer les yeux sur le harcèlement parce que c'est plus facile ? Parce que leurs parents peuvent vous acheter ?
M. Dupont lève les yeux vers moi, son expression légèrement adoucie, mais toujours ferme.
— Nous ne parlons pas d’harcèlement mais d’une potentiel agression qui se serait passé hors de l’école, Kalila. Ce n’est pas une question de facilité, mais de réalité. La vie n’est pas juste, et l’école n’échappe pas à cette règle. Crois-moi, je voudrais que les choses soient différentes, mais je suis limité dans ce que je peux faire.
Oliver serre les poings, et je sens sa frustration presque palpable. Il veut m’aider, je le sais, mais il est, lui aussi, pris dans les rouages de cette institution corrompue
— Kalila, écoute, commence-t-il doucement au creux de mon oreille, mais fermement. Ce qui t’est arrivé est inacceptable, et je te promets que je ferai tout ce qui est en mon pouvoir pour te protéger. Mais pour l'instant, nous devons jouer avec les cartes que nous avons, laissons monsieur Dupont, il ne fera rien pour t’aider.
Je me tourne vers lui, mes yeux emplis de larmes de frustration et de désespoir. Mais il est de quel côté bordel ? Du mien ou de celui de Maxime ?
— Qu'est-ce que je suis censée faire alors ? Les laisser continuer comme si de rien n'était ? Les laisser me briser encore et encore ?
Oliver repose sa main sur mon épaule. La sensation est moins dérangeante. Comme si mon corps avait ressenti sa défense. Et dans ce même mouvement, il me lance :
— Non, tu ne les laisseras pas te briser. Tu es plus forte que tu ne le crois, et tu as des alliés. Moi, pour commencer. Nous trouverons une façon de rendre justice, même si ce n’est pas par les moyens traditionnels.
Je hoche la tête, essayant de puiser de la force dans ses paroles. Il a raison. Je ne peux pas laisser Maxime et son groupe gagner. Pas encore.
— D'accord, dis-je finalement, ma voix tremblante, mais résolue. Je ne les laisserai pas me briser.
M. Dupont nous observe, son regard se durcissant légèrement
— Je ferai ce que je peux pour surveiller la situation, mais mes mains sont liées pour l'instant. Kalila, Oliver, soyez prudents. Les choses peuvent devenir compliquées.
Avec ces mots, il nous congédie d'un geste de la main. Oliver et moi sortons du bureau, laissant derrière nous l'atmosphère étouffante et corrompue de cet endroit.
Dans le couloir, Oliver se tourne vers moi, son regard plus doux, mais toujours déterminé.
— Tu vas t'en sortir, Kalila. Je te le promets.
Je prends une profonde inspiration, essayant de me calmer. Selon Oliver, la bataille ne fait que commencer. Sans oser lui dire qu’elle est finit depuis un moment de mon côté, j’accepte de penser qu’avec lui à mes côtés, ce sera plus simple. Pour la première fois depuis longtemps, je sens une lueur d'espoir percer l'obscurité.
— Merci, Oliver, dis-je doucement, ma voix emplie de gratitude.
Il me sourit, un sourire sincère et réconfortant. Je me sens moins seule dans cette lutte.
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