Fyctia
Chapitre 8 :
Je savais que la convocation au bureau de M. Dupont serait inévitable. Oliver marche à mes côtés, son regard dégage une ferme détermination. Derrière nous, Maxime et son groupe suivent, leurs visages affichant une forte assurance, dont leurs yeux trahissaient une nervosité palpable.
Le bureau de M. Dupont est une pièce austère de bureaucratie, rempli de dossiers empilés et de photos d'anciens directeurs encadrés sur les étagères. Son bureau massif en chêne occupait le centre de la pièce, derrière lequel il siégeait avec une expression sévère.
— Entrez, asseyez-vous, dit-il d'une voix autoritaire alors que nous pénétrions dans la pièce.
Je me retrouve assise dans le bureau du directeur. Oliver est resté debout derrière moi, les bras croisés sur son torse, puis plus loin, Maxime et son groupe sont assis. Je savais qu’Oliver était obligé de faire un rapport au lycée après que tout le monde m’ait vu dans cet état. J’en ai des frissons.
M. Dupont fixe son regard scrutateur sur nous avant de commencer.
— Je suppose que vous savez tous pourquoi vous êtes ici. Sa voix était calme, mais chargée d'une autorité incontestable. Les événements à la sortie scolaire ont été rapportés et je suis ici pour clarifier ce qui s'est passé.
Maxime croise les bras, adoptant une posture de défi.
— On n'a rien fait de mal. C'est Kalila qui a commencé avec ses histoires.
La peur.
C’est ce que je ressens à ce moment même. La peur de ne pas être cru, de ne pas être prise au sérieux, la peur que l’on me demande trop de détail, la peur de finir seule. Mais j’ai surtout peur de ne pas être légitime de ressentir de la colère, du désespoir. Et sans pouvoir y faire grand-chose, je sen monter en moi cette profonde douleur qui bat dans mon cœur.
Oliver pose une main voulant être apaisante et discrète sur mon bras pour me calmer, mais elle fit tout le contraire. Elle me terrorisa plus qu’autre chose. Il doit l’enlever.
Avant de répondre, je dois choisir mes mots avec prudence, même si Maxime essaye clairement de me provoquer.
Me voyant rester muette, Oliver prit la parole.
— Monsieur, ce qui s'est passé à la sortie était une série d'actions inappropriées de la part de Maxime et de son groupe, continue-t-il d'un ton mesuré. Leurs intentions étaient très clairement malveillantes, et si je n’étais pas venu à son aide, Kalila serait incapable de se tenir dans ce bureau avec nous.
Comme il se trompe… Pauvre Oliver. Il croit vraiment pouvoir arranger quelque chose, comme si ses mots pouvaient recoller les morceaux. Il pense sincèrement qu'une autre agression m’aurait achevée ? Ce qu'il ne comprend pas, c'est que cette bataille-là, je l'ai déjà perdue depuis longtemps. Ce n’est pas Maxime ni son groupe qui m’ont détruite. Ce sont les silences, les regards évités, les nuits passées à espérer un lendemain différent, cette fameuse soirée, mon beau-père. Il croit pouvoir me sauvée, mais on ne sauve pas quelqu’un qui a déjà cessé de se battre. Je suis déjà morte, bien avant qu’il ne décide d’intervenir.
M. Dupont pose enfin un regard sur Maxime, celui-ci est incisif et percuteur.
— Maxime, avez-vous quelque chose à dire à ce sujet ?
Maxime soutint son regard avec arrogance.
— On ne faisait que s'amuser, rien de plus. Kalila n'a pas à se comporter en victime à chaque fois qu'elle se sent contrariée.
Je sens mon pouls s'accélérer, mais je gardai mon calme grâce au soutien silencieux d'Oliver.
— Monsieur, ce n'était pas une simple plaisanterie. Maxime et ses amis ont clairement dépassé les limites du respect et du comportement approprié.
Maxime se redresse dans son siège, visiblement contrarié par la tournure de la conversation.
— C'est injuste. Pourquoi devrions-nous être punis pour quelque chose d'aussi insignifiant ?
M. Dupont soupire, son ton devenant plus ferme.
— Ce n'est pas insignifiant lorsque cela cause de la douleur et de l'angoisse à un de vos camarades. Je vous conseille vivement de réfléchir à vos actions à l'avenir avant d’agir.
Je suis ébahi, malgré ce qu'Oliver a dit, monsieur Dupont ne prend pas l’histoire plus au sérieux.
— Ils ne vont pas être punis ? Ni même convoqué avec leurs parents ? Osé-je murmurer tout bas
— Allez en cours maintenant, je voudrais encore parler avec Kalila, merci monsieur Miller pour votre temps donné.
Ils sortent tous un à un. Se bousculant les uns et les autres. Seul Oliver semble retissant à me laisser seule.
– Si je peux me le permettre, j’aimerais rester avec Kalila, j’étais présent lors des faits, je pense que ma présence lui sera d’une aide réconfortante.
– Si Kalila est d’accord ?
J’hoche la tête pour seule réponse. S’il me demande encore plus de détails. Je ne serais pas capable de le lui dire sans exploser en larmes.
— Kalila, je ne peux rien faire qui puisse faire en sorte qu’il soit contraint de faire des heures de colle ou des travaux d’intérêt général ou autre punition. Ce n’est pas comme s’ils t’avaient vraiment agressé ou violé… Dit-il en triant les dossiers d’élèves.
— M… Mais… Comment ? Je murmure
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