Fyctia
Chapitre 7,5
Je lui adresse un léger sourire, espérant lui montrer que je suis sincère dans mes paroles. Puis, elle quitte la salle de classe. Je reste seul à ne rien faire pendant un moment.
Il est clair que je ne peux pas laisser les choses couler. Je sais que je ne suis qu'un pauvre type sortant de ses études et en recherche de pognions en devenant professeur dans une école de bourgeois, mais je ne peux pas rester les bras croisés en voyant une élève aussi talentueuse et vulnérable souffrir en silence.
Je regarde par la fenêtre, observant les élèves qui se dispersent dans la cour de l'école. La journée tire à sa fin, mais pour moi, le travail ne fait que commencer. Ma nouvelle mission : réfléchir à la meilleure façon d'approcher Kalila sans qu’elle ne me rejette.
Je range les affaires encore étaler sur mon bureau, et je laisse mes pensées vagabonder vers l'avenir incertain qui nous attend. Merci les métaphores. Mais une chose est sûre : je ne laisserai pas Kalila affronter ses démons seule. Je serai là pour elle, peu importe ce que cela implique. J’ai déjà perdu quelqu’un, maintenant il faut que j’apprenne de mes erreurs.
Je me rends à la salle, j’ai terriblement besoin de canaliser mon énergie et à me défouler. En entrant, je suis accueilli par l'odeur du cuir et de la sueur, ainsi que par le bruit sourd des sacs de frappe, des tapis de course en marche et des alter qui claquent le sol.
Je me dirige vers le vestiaire pour me changer, puis je rejoins le ring au fond de la salle, où mon coach, un ancien boxeur au visage buriné par les combats, m'attend.
– Salut, Oli. Comment ça va aujourd'hui ? Demande-t-il d'une voix rugueuse.
– Salut, Frank. Ça va, je suppose. Besoin de me défouler un peu, je réponds en l'observant, ressentant déjà l'adrénaline monter en moi.
– Je m’en doutais, cela fait quoi, 3 semaines que tu n’es pas venu ? Je sentais ton arrivé proche, maintenant, on va s'occuper de ça, déclare-t-il avec un sourire carnassier. Commence par quelques rounds avec le sac de frappe pour te chauffer.
Je hoche la tête et me dirige vers le sac, enfilant mes gants de boxe. Les premiers coups que je donne sont hésitants, mais rapidement, je retrouve mon rythme, je ne me rends pas compte de chaque coup qui résonnent dans la salle, et du brouha derrière moi. La seule chose que je sais, c’est que frapper est le meilleur des soulagements.
– Ouais, c'est comme ça, encourage Frank en me faisant signe d'accélérer le rythme. Tape plus fort, Oli. Mets-y tout ce que tu as.
Je m'exécute, ne remarquant pas vraiment la colère et la frustration monter en moi à chaque coup que je donne. Je me sens juste vivant, libre, comme si rien d'autre ne comptait à part le sac de frappe sous mes poings.
– C'est ça, mon garçon. Lâche-toi ! crie Frank, son visage rayonnant d'excitation.
Frank, il est comme un père pour moi, il m’a accueilli plus jeune quand je ne comprenais pas d'où venaient toutes ces foutues émotions qui me submergeaient et que j’en perdais le contrôle. Je continue à frapper, encore et encore, je laisse mes pensées se dissoudre dans l'effort physique. Pour quelques instants, je me sens en paix, libéré du fardeau de mes soucis et de mes doutes.
Quand la séance se termine enfin, je suis épuisé mais heureux. Je retire mes gants et m'essuie le front, reprenant lentement mon souffle.
– Bien joué, Oli, déclare Frank en m'adressant un sourire satisfait. Tu as vraiment mis tout ce que tu avais dans cette séance.
– Merci, Frank, je réponds, ma voix teintée de gratitude. Ça m'a fait du bien.
– C'est ça, mon garçon. La boxe, c'est bien plus qu'un sport. C'est une façon de se libérer, de se défier, de se découvrir, dit-il avec sérieux. Tu es sur la bonne voie, Oli. Ne lâche pas.
- Bien sur monsieur le philosophe. A la prochaine !
Je hoche la tête et alors que je quitte la salle de boxe, je me sens plus crevé à en mourir, mais regonflé d’énergie.
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