Fyctia
Chapitre 6,5
- Putain, mais c'est quoi ce devoir ! m'énervais-je seule dans ma chambre.
Je suis assise à mon bureau, mes cahiers éparpillés devant moi, essayant désespérément de me concentrer sur mes devoirs. Les mauvaises notes récentes pèsent lourdement sur moi, mais ce n'est rien comparé à l'appréhension qui grandit en moi alors que j'entends la porte d'entrée s'ouvrir. Il est rentré.
Je l’entend se débarrassé de ses affaires, puis ses chaussures cognées contre les marches des escaliers. Il entre dans ma chambre, et je sens immédiatement la colère émaner de lui. Ses épaules sont tendues, son visage est sombre. Je ne lève même pas la tête, espérant qu'il passe sans rien dire. Mais je sais que c'est inutile.
– Kalila, gronde-t-il d'une voix froide.
Je tressaille, mais j'essaie de ne pas le montrer.
– Oui ? murmuré-je, la voix à peine audible.
Il s'avance vers la table, ses pas lourds résonnant sur le carrelage.
– Je viens de recevoir un mail de la part de ton professeur de maths. Il dit que tes notes sont tellement basses que cela en devient inquiétant. Mais aussi, que tu avais encore échoué à ton contrôle. Il veut te parler au prochain cours.
Sa voix est tranchante, chaque mot chargé de reproches.
- Non, rectification. Il veut que l’on s’appelle pour trouver une solution. Mais tu te rends compte de la honte que tu me fais ?
Je déglutis difficilement.
– Oui, mais… c’était un contrôle difficile, et j’ai…
Il me coupe brusquement.
– Des excuses, toujours des excuses ! Il frappe la table du plat de la main, me faisant sursauter et trembler les cahiers. Tu crois que tu peux réussir dans la vie en te contentant de médiocrité ?
– Je fais de mon mieux, je te le jure, réponds-je, la voix tremblante sous l’émotion et la peur qui monte en moi.
Mais il n'écoute pas. Ses yeux sont maintenant fixés sur les notes griffonnées sur mes cahiers. Il les prend, les regarde d'un œil critique, puis les jette violemment au sol. Les feuilles volent dans toutes les directions, éparpillées comme mes espoirs.
– Ton mieux ? Ce n’est rien de plus que de la paresse ! Il se penche sur moi, son souffle chaud et acide sur mon visage. Tu n’es qu’une honte pour cette famille ! Comment oses-tu ramener ces notes à la maison ?
Je sens une boule se former dans ma gorge, les larmes brûlant derrière mes paupières. Mais je sais que je ne dois pas pleurer. Pleurer ne fait qu’empirer les choses.
– Je… je vais m’améliorer, je te le promets, balbutié-je, la voix à peine audible.
Il me regarde avec un mélange de dédain et de rage.
–- J’en ai rien à faire de tes efforts. J’ai choisi ta mère, pas le boulet qui lui est attaché ! Ressaisie-toi un peu sinon c’est dehors que tu iras bosser tes putains de maths.
Sans finir sa phrase, il m'attrape soudainement par le bras, me forçant à me lever de ma chaise. La force de sa poigne est brutale, douloureuse. Il me secoue violemment, sa voix montant d’un cran.
– Tu veux finir comme ton père ? Un bon à rien qui n’a jamais rien accompli ?
Le choc de ses paroles me fait vaciller. J'essaie de me dégager, mais sa prise est trop forte.
– Arrête… s’il te plaît… soufflé-je, mais c’est comme si je parlais à un mur.
Il me pousse contre le mur de ma chambre, me fixant avec une rage incontrôlable.
– Tu vas te reprendre en main, tu m’entends ? Je ne veux plus jamais recevoir de mail de la part de tes professeurs. Est-ce assez clair ou il faut que je te le dessine ?
La peur dans mon cœur se transforme en une terreur glaciale. Je hoche la tête frénétiquement, les larmes coulant finalement sur mes joues malgré tous mes efforts pour les retenir.
– Pardon… je suis désolée, murmuré-je, brisée.
Il attrape mes cheveux et dans un mouvement brusque il me jette contre le mur. La douleur arrivant dans mon dos, je me laisse glisser contre le mur, mes jambes tremblantes sous moi. Il se détourne, crachant un dernier regard méprisant dans ma direction avant de quitter ma chambre en grondant des menaces à peine voilées.
Je reste là, recroquevillée sur moi-même, les épaules secouées par des sanglots silencieux. Je sais que je vais devoir me relever, que je vais devoir faire face à mes devoirs, à ma vie, mais en cet instant, tout semble impossible. Je ramasse les cahiers éparpillés, les larmes brouillant ma vue, mon esprit engourdi par la douleur et la peur. Je n'ai pas d'autre choix que de continuer, même si chaque jour ressemble à une nouvelle bataille que je dois mener seule, contre un ennemi que je ne peux ni fuir, ni vaincre.
Je m'enfouis sous les couvertures prisent de mon lit, essayant de me protéger de mes propres pensées tourmentées. Le poids de la journée s'abat sur moi, rendant chaque respiration un défi. Je me sens complètement dépassée par mes émotions, submergée par le tourbillon incessant de pensées sombres qui tournoient dans ma tête.
Un sursaut me tire de mon sommeil lorsque je réalise que je suis toujours en habillé. Il doit être dans les alentours de 22h. Je me lève péniblement, luttant contre la fatigue et le désespoir qui m'envahissent, et je me dirige vers ma table de chevet. Mes yeux cherchent désespérément mon vieux carnet. C'est un cadeau de ma grand-mère, rempli de pages blanches qui n'attendent que d'être remplies de mes pensées les plus intimes. Mais impossible de mettre la main dessus. Encore plus énervé, je retourne au bureau et attrape la première feuille qu'il me passe sous la main.
Les mots commencent à couler, sombres et douloureux, mais libérateurs en même temps. Je dessine des images qui reflètent mes tourments intérieurs, écris des mots qui expriment ma douleur et ma colère. Des heures passent dans un état de transe, perdue dans mon propre monde de ténèbres et de tourments. Quand je relève enfin la tête, je réalise que la nuit est déjà bien avancée.
Mes yeux brûlent de fatigue. Après avoir indiqué à Chatgpt quoi faire, j'ai réussi à finir mes devoirs. Mais mon esprit refuse de se calmer. Je me sens à la fois vidée et remplie, comme si j'avais expulsé une partie de ma douleur tout en laissant place à une nouvelle vague de tourments.
Le lendemain, je me traîne hors du lit, épuisée, mais déterminée. Mes pensées se tournent vers le cours de littérature, vers Oliver et la conversation que nous avons eu, je ne peux pas arrêter d'y penser, il occupe mon esprit nuit et jours.
Je me prépare machinalement, enfilant des vêtements propres, mais négligés, mon esprit toujours accablé par les événements des derniers jours. En me regardant dans le miroir, je me demande comment je vais pouvoir affronter une autre journée de cours, une autre confrontation avec mes propres démons intérieurs.
Je descends les escaliers, mon cœur battant la chamade, me demandant ce que cette journée me réserve.
- Kalila, te voilà enfin ! S'écrie ma mère
- Mm
- Kalila ! S'énerve mon beau-père.
- Je vais être à la bourre, je dois y aller, lançais-je en levant les yeux au ciel.
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