Fyctia
Chapitre 4,5 :
On m'enlève vêtement par vêtement. Ils posent leurs mains sur mes cotes, elles sont froides. Mon manteau, mon gilet et mon t-shirt se retrouvent par terre, dans une flaque d’eau.
Je commence enfin à me dégourdir les membres, comme si mon corps reprenait ses anciennes habitudes. Je me débats de plus en plus.
- Je te jure que si tu n'arrêtes pas tout de suite, je te prends sans préliminaire et mieux vaut pour toi que tu sois sage, menace celui qui reçut tous mes coups en pleine gueule.
- Laissez-moi ! Réussis-je à hurler.
- Ta gueule, salope ! Balance Ava.
J'arrive à peine à la voir, mes yeux sont totalement emplis d'eau rejetée par mon corps. Mais de ce que je vois, elle tient quelque chose dans les mains. Son téléphone. Je suis filmée. Je suis filmée. Je sens ma poitrine se compresser, mon pouls accélérer et ma respiration tremblante. Je ne perçois plus mes jambes, ni mes mains. De grosses tâches bleutées se forment dans mon champ de vision.
Puis plus rien.
Flashback
Il y a 3 ans
Septembre
— Meuf, tu viens ce soir à la teuf chez Mollie ? chuchota ma meilleure amie Léa.
— Je ne sais pas, faut que je voie avec ma mère, lui répondis-je.
Ma mère m’avait bien évidemment interdit d’aller à cette soirée. La raison ? En semaine, il n’était pas raisonnable de faire la fête, encore moins pour une fille de mon âge. Mais il était hors de question de ne pas m’y rendre : toutes les personnes les plus cool du collège y seraient, et il y aurait forcément des ragots croustillants à en tirer.
La soirée battait son plein, emplissant la pièce d'une cacophonie festive mêlée de rires et de musique assourdissante. Des lumières colorées dansaient sur les murs, créant une ambiance électrique. Pourtant, malgré l'effervescence générale, je me sentais étrangement déconnectée, comme si j’étais dans ma propre bulle.
Je m'isolai dans un coin de la pièce, cherchant désespérément un moment de calme pour échapper à l'agitation autour de moi. Mes "amis" du lycée étaient trop occupés à rire, boire et s’amuser pour avoir ne serait-ce qu’une pensée pour moi.
Je n’étais pas vraiment une fille à faire la fête, à me maquiller, à passer des heures dans les magasins… Mais je m’y contraignais pour ne pas me retrouver seule. Ce soir-là particulièrement, je n’avais aucune envie de participer à leur folie. J’étais épuisée, mentalement et physiquement, et j’avais juste besoin d'un peu de repos.
Repérant un fauteuil vide dans un coin reculé d’une des nombreuses pièces du manoir, je m’y glissai discrètement, espérant passer inaperçue. Je fermai les yeux, laissant les bruits de la fête s’estomper peu à peu dans le lointain. Pour un bref instant, je me laissai couler dans les ténèbres de la nuit.
Mais mes espoirs furent anéantis lorsque j’entendis des pas lourds résonner dans le couloir, s’approchant de la pièce où je me trouvais.
Mon cœur se serra brusquement alors que je réalisais que je n’étais plus seule. Avant même que je ne puisse réagir, un groupe de garçons complètement défoncés fit irruption dans la pièce, leurs rires bruyants et leurs paroles vulgaires remplissant l'air.
— Regardez ce qu'on a trouvé ici, les gars ! Une fille, toute seule dans le noir, cria l'un d’eux, son haleine chargée d'alcool me frappant de plein fouet.
Mon estomac se tordit d'appréhension alors qu'ils s’approchaient de moi, leurs regards lubriques me détaillant de haut en bas. Je me forçai à me lever pour essayer de m'enfuir, mais mes jambes refusèrent de bouger. J’étais totalement paralysée par la peur, incapable du moindre geste.
— Qu'est-ce que tu fais toute seule ici, ma jolie ? demanda un autre, sa voix pleine de convoitise.
Je les fixai, mon corps resta figé. Ils avaient l’air d’avoir trois ou quatre ans de plus que moi. Je sentais mon corps appeler à l’aide. Je me forçai à prendre une profonde inspiration, essayant de rassembler mes pensées.
— Laissez-moi tranquille, murmurai-je d'une voix tremblante de terreur.
Mais ils ne m’écoutèrent pas. Au contraire, ils s’approchèrent encore plus près, leurs mains baladeuses me frôlant de manière indécente. Je me sentais piégée, impuissante face à leur agressivité.
La panique s’empara de moi alors qu'ils se rapprochaient de plus en plus. Je savais que je devais réagir, mais je ne savais pas comment. J'étais seule, vulnérable, complètement à leur merci.
L’un d’eux, un brun, attrapa mes mains et les plaqua au-dessus de ma tête pendant qu’un blond déchirait mon vieux jean noir. Je me débattis comme je pus, mais que pouvais-je faire ? J’étais plus jeune, plus faible, trop innocente.
Quand mon jean et ma culotte ne furent plus que des lambeaux éparpillés au sol, je compris. Je sentis son souffle contre moi. Sans même que j’aie eu le temps de m’en rendre compte, une douleur atroce s’empara de moi, comme si on enfonçait en moi un couteau aiguisé. Ses mouvements étaient brusques, douloureux, sans aucune compassion.
Je ne pleurai pas, même si j’aurais aimé. Mon corps était là, mais mon esprit était déjà loin.
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