Clara Soudy Love Dies Last Chapitre 1,5 parti 2

Chapitre 1,5 parti 2

J-5 :


Ok, j’avoue, je stresse un peu. Je me suis jurée à peu près mille fois que cette année serait différente des autres…


Mais plus le temps passe, moins j’ai confiance en ce qui va se passer. Mon esprit est en ébullition, des pensées contradictoires se bousculent, rendant impossible toute forme de calme.


Je suis assise sur mon lit, encore, les jambes croisées, le regard perdu sur le mur d’en face où un vieux poster pend à moitié arraché. Mon bureau est en désordre, des livres ouverts, des feuilles éparpillées, un chaos reflétant parfaitement mon état intérieur.


– Hey Kal, tu as bien dormi ? Oui ? Alors, on peut regarder un dessin animé ensemble ? demande une petite voix derrière la porte entrouverte.


C’est la voix de mon frère. Ses petits pieds nus effleurent le parquet abîmé alors qu'il s'approche de mon lit, ses yeux pleins d'attente et d'espoir. Il est encore en pyjama, toujours le même. Une vieille tenue à l’effigie de son super-héros préféré, trop grande pour lui. Ses cheveux en bataille témoignent d’une nuit agitée, mais il ne semble penser qu'à une seule chose : passer du temps avec moi.


— Peut-être tout à l'heure, je n'ai pas très envie tout de suite, réponds-je distraitement, sans même tourner la tête vers lui.


Il s’est avancé puis se plante à quelques pas de mon lit, son visage se figeant dans une moue déçue.


– Tu es toujours comme ça… c’est chiant à la fin, grogne-t-il, la frustration perçant dans sa voix.


Je l’entends bouder, et je sais qu'il va encore insister. Il n’aime pas quand je le repousse, mais je n’ai ni l’énergie ni l’envie de m’occuper de lui pour l’instant.


Ma mère passant dans le couloir, entre dans la pièce, certainement attirée par la voix aiguë de mon frère qui s’élève de plus en plus fort.


Elle est vêtue de son uniforme de travail froissé, ses cheveux attachés à la va-vite en une queue-de-cheval désordonnée. Ses traits sont tirés, fatigués par une longue nuit de garde à l’hôpital. Elle me lance un regard rapide, un mélange de fatigue et de reproche, ses yeux cernés me rappelant à quel point elle est épuisée. Elle passe sa main dans ses cheveux avant de poser une main légère sur l'épaule de mon frère.


– Kalila, sois gentille et occupe ton frère s'il te plaît, soupire ma mère, la voix basse, presque éteinte.


Elle semble sur le point de craquer, mais tente de garder le contrôle. Je sais qu'elle est fatiguée. Ça, je le sais. Son travail à l'hôpital la vide de toute énergie, la laissant à peine capable de s'occuper de nous. Ce n’est pas dans son habitude de me gronder, ou même de me reprocher des choses, c’est souvent son Mike, et pourtant, la colère monte en moi, incontrôlable, comme une vague prête à déferler.


Pourquoi devrais-je toujours m'occuper de lui ? Pourquoi ma mère ne peut-elle pas le faire pour une fois ? Ces questions tourbillonnent dans ma tête, mais je sais pertinemment que les poser ne mènera à rien. Je prends une grande respiration, mais je ne peux m’empêcher de serrer les poings. Je déteste ce sentiment de responsabilité constante, cette attente implicite que je devrais tout gérer.


– D'accord, je bougonne à voix basse, presque inaudible, avant de me lever lourdement du lit.


Je quitte la pièce, le pas traînant, mon frère suivant de près avec un enthousiasme que je ne partage pas. Chaque pas semble alourdir mon corps, comme si une charge invisible se posait sur mes épaules. Le poids de l’isolement et de la frustration pèse de plus en plus, et je ne sais pas combien de temps encore je pourrai tout porter seule.


...


J-1 :


La nuit précédant la rentrée, une nervosité palpable flotte dans ma chambre, pesante et lourde, malgré l'obscurité apaisante. La lueur bleutée d’un lampadaire extérieur se faufile à travers mes rideaux, projetant des ombres mouvantes sur les murs. Pourtant, cette atmosphère tendue ne semble pas affecter mon petit frère, dont les ronflements légers résonnent dans la pièce voisine. Sa respiration régulière contraste avec mon souffle saccadé, signe évident de mon état d'anxiété.


Je suis assise à mon bureau, les coudes appuyés sur la surface froide et en désordre, regardant fixement le plafond de ma chambre. Mon regard perdu suit les petites fissures qui serpentent le long du plâtre, comme si elles pouvaient me distraire de mes pensées. Les minutes semblent s'étirer à l'infini, chaque tic-tac de l'horloge résonnant dans le silence de la pièce.


Mon sac est déjà prêt, posé dans un coin de la chambre, soigneusement organisé avec mes affaires fraîchement triées ou achetées. Le carnet neuf, les stylos alignés, tout est prêt pour demain.


Pourtant, malgré cette apparente préparation, une boule d'anxiété pèse sur mon estomac. Est-ce étonnant ? Non, je ne crois pas, je m’y attendais de toute façon.


Ma tête est bien trop pleine de souvenirs et d’appréhensions par rapport à demain : les mêmes têtes que je vais revoir, les mêmes rituels, même surnoms, insultes, humiliation...


L’année dernière défile dans mon esprit, un mélange d'images floues et de souvenirs amers. Les couloirs de l'école, remplis de murmures et de regards, les rires que je n’entendais pas vraiment, mais que je sentais dirigés contre moi. Je ne frémis rien qu’à l’idée de revivre ces moments.


Je repense à l'année écoulée, aux moments de solitude et de doute qui ont jalonné mon parcours. Malgré mes efforts pour paraître forte, je crains de replonger dans cette spirale infernale de mal-être. Les grandes vacances ont fait du bien, un court répit dans cette guerre silencieuse, mais pas assez pour que j’arrête ces foutus médocs prescrits par le Dr. Richard.


Les petites pilules blanches que je prends chaque matin sont un rappel constant que tout n’est pas aussi sous contrôle que je le prétends.


Pourtant, une lueur d'espoir persiste quelque part dans mon cœur, même si elle vacille. Je sais que je ne devrai plus écouter les petites voix dans ma tête, ces voix sournoises qui murmurent des doutes et des peurs. Mais c’est plus fort que moi… Et si cette année était différente ? Peut-être aurai-je enfin le courage de briser le silence, de partager mes peines et mes douleurs avec quelqu’un.


Je me surprends à imaginer un monde où je pourrais parler, où je ne serais plus seule avec mes pensées. Peut-être que quelqu’un tendra la main, et que cette fois, je ne la repousserai pas.


Dans quelques heures, le jour se lèvera sur une nouvelle année scolaire. Une nouvelle année pleine de supplices et d'angoisses commencera... Je m'allonge sur mon lit, le matelas s'enfonçant sous mon poids, et mes pensées tourbillonnent encore, formant une tempête silencieuse. Les draps, trop chauds, s’emmêlent autour de moi, mais je finis par fermer les yeux, épuisée.


Je m'endors finalement, en rêvant d'un avenir où la lumière triomphe sur les ténèbres, un futur où mes peurs s'effacent, même si ce n'est que pour quelques heures.

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2 commentaires

Dystopia_Girl

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Il y a 2 mois

J'ai beaucoup aimé ce début!

Clara Soudy

-

Il y a 2 mois

Je suis pas totalement fan de mon écriture... Mais bon, j'évolue aussi au fur et à mesure de mon écriture. Mais merci
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