Fyctia
Chapitre 4 : Sous la veste
La sortie scolaire. Pour beaucoup, c'est une journée à ne rien faire, juste se prélasser avec ses potes, ou encore comme une pause bienvenue dans la routine monotone des cours. Pour moi, c'est une épreuve, une épreuve que je redoute chaque année. Et celle-ci ne fait pas exception. Alors que le bus nous conduit à notre destination, je me sens déjà tendue, une boule d'anxiété au creux de l'estomac.
Le thème de notre enquête quantitative de sociologie ? Le bonheur. Ironique, n'est-ce pas ? Étudier le bonheur des gens alors que je me sens moi-même si loin de cette putain de mot, si éloignée de tout sentiment de sécurité et de paix. Mais je garde mes pensées sombres pour moi-même, me concentrant plutôt sur les instructions des professeurs et les murmures de mes camarades de classe.
- On descend ici ! N'oubliez rien surtout ! Hurle Monsieur Miller, qui a été obligé de nous accompagner.
Le bus s'arrête enfin, et nous descendons, formant un groupe de jeunes, tous blasés par la sortie et prêts à commencer notre mission. Nous sommes accueillis par le brouhaha caractéristique d'une journée de sortie scolaire : les rires, les conversations animées, les cris d'excitation.
Nous sommes divisés en petits groupes, chacun chargé d'une partie différente de notre enquête. Je me retrouve avec Maxime, Ava et quelques autres de ma classe. Alors que nous nous dirigeons vers notre première étape, je ne peux m'empêcher de me sentir isolée au milieu de cette foule bruyante.
Lorsque nous arrivons à notre destination, un parc animé au cœur de la ville. Le professeur de SES, Monsieur Joe, nous explique notre tâche du jour : observer et recueillir des données sur le comportement des gens dans l'espace public, en particulier en ce qui concerne le bonheur et ce qu'ils ressentent.
Je me sens comme une étrangère parmi les autres, mon esprit préoccupé par des pensées contradictoire et des souvenirs douloureux. Mais je m'efforce de rester concentrée, de jouer le jeu comme les autres.
Chaque groupe ayant sa propre mission à accomplir, nous nous éloignons les uns des autres. Maxime prend la tête de notre groupe, dirigeant la marche avec confiance. Ava, quant à elle, s'amuse à raconter des blagues et à faire des commentaires sur tout ce qu'elle voit ; des passants, de la ville, des autres filles de la classe…
Je reste en retrait, observant silencieusement les gens autour de moi. Les jeunes parents qui pique-niquent sur l'herbe, les enfants qui jouent au ballon, les couples qui se promènent main dans la main. C'est une scène peu familière pour moi, elle me semble déconnectée de ma propre réalité.
Alors que nous marchons, je sens le regard insistant de Maxime sur moi. Je détourne les yeux, mal à l'aise sous son regard scrutateur. Je me demande ce qu'il pense de moi, ce qu'il voit quand il me regarde. Mais je n'ai pas le courage de lui demander, de peur de ce qu'il pourrait répondre.
Je continue mon observation, notant les comportements des passants, prenant des notes sur nos cahiers (enfin plus des croquis d'eux), essayant de paraître aussi occupée que les autres. Mais au fond de moi, je me sens vide, pas à ma place par rapport à tout ce qui m'entoure.
Alors que nous marchons le long des sentiers du parc pour rejoindre une sortie, nous croisons un groupe de jeunes, apparemment des lycéens comme nous. Ils rient bruyamment, échangeant des blagues et des insultes, qui semblent insouciants et libres. Une partie de moi envie leur légèreté, leur capacité à profiter de l'instant présent sans se soucier du lendemain.
Mais cette envie est vite remplacée par un sentiment de malaise lorsque nous croisons leur regard. Je sens leur mépris, leur jugement silencieux alors qu'ils nous dévisagent. Je me raidis, espérant qu'ils nous laisseront passer sans encombre.
Mais mes espoirs sont vite anéantis lorsque l'un d'entre eux s'approche de nous, un sourire narquois aux lèvres.
- Salut les mecs ! Ça va ? Vous foutez quoi ici ?
L'un des jeunes, un garçon aux cheveux blonds ébouriffés, répond d'un ton moqueur :
- On n’a pas cours aujourd'hui, donc on est là, on traine et on joue au foot. Et toi, t'as l'air d'être coincé, non ?
Je sens la tension monter dans l'air alors que les autres jeunes se rapprochent, lançant des regards narquois à Maxime et moi.
- Haha, ouais, on fait une enquête sociologique. Tu sais, pour les cours.
Les rires des jeunes résonnent autour de nous, et je me sens de plus en plus mal à l'aise. Les remarques désobligeantes fusent de toutes parts, et je me demande comment je vais m’en sortir dans l’histoire.
Alors que la tension monte, je sens mon cœur battre la chamade, mes mains devenir moites. Je voudrais m'enfuir, disparaître, mais je suis prise au piège, incapable de bouger, de faire le moindre geste pour me défendre.
- C'est elle ? lance un gars roux.
- Ouais, comme je vous l'avais dit, non ? répond Maxime.
- Et en mieux ! s'empresse de répliquer un autre.
Mais bordel de merde, ils parlent de quoi ? Mais surtout, de qui ? De moi ?
- Kal, rapproche-toi, ordonne Ava.
Je fais ce qu'elle me dit, habituée à ce genre de ton menaçant. Plus je m'approche d'eux, plus je sens que c'était une connerie... Ils tirent sur ma jupe d'uniforme pour m'obliger à m'asseoir sur le banc d’à côté. Manquant de force, j'en suis contrainte.
- Viens là, ma jolie, me chuchote à l'oreille le roux.
Il file sa main sur ma cuisse, absolument pas gêné d’être observé par d’autre. Je panique, tellement de souvenir, je… non! Je ne veux pas, je… arrête !
- Je vais retourner dans le parc, je souffle.
- Oh non, ma jolie, on ne va pas s'arrêter, on vient à peine de commencer.
Le même garçon m'attrape par les hanches et me colle à son bassin, je le sens dure, dressée entre mes fesses. Un autre se place devant moi, il me touche les seins puis mon ventre, et enfin l'ourlet de mon t-shirt pour me l'enlever.
Je suis pétrifiée, j'ai l'impression de revivre cette soirée. Je peine à respirer, comme si mes poumons étaient gelés. Ma peau me brûle, mon sang boue en moi. J'ai ce sentiment d'explosion qui me dévore. J’essaie de le repousser mais c’est impossible, je manque d’air, d’espace.
- Non, stop, je... Je veux arr.…, m'empresse-je de dire avant qu'une main vienne se fondre sur ma bouche.
2 commentaires
DIANA BOHRHAUER
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Il y a 2 mois
Karla VALON
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Il y a 2 mois