Fyctia

Les defis rendent la vie intéressante: et les surmonter lui donne le sens.

Je suis comme du verre, je suis brisée donc ma seule option reste de les couper, pour obtenir ma liberté.

Selya ELMAS

Je lui donne le casque, elle monte derrière moi. Elle vient presser son corps contre le mien. Ses fines mains s'agrippent à mon torse. Aucun de nous parle, on n'en a pas besoin. Je repense à ce qu'elle a dit:

"J'aime tout ce qui me fais sentir vvante".

Elle veut juste se sentir vivante, sentir que le temps se suspend, que la réalité devient irréelle, se sentir vibré, sentir l'adrénaline qui coule à l'intérieur de nos veines. Se sentir libre bordel ! Se démêler des chaînes de nos démons. Juste oublier cette putain de réalité merdique. Et le pire dans tout ça, même si ça me fait mal de l'admettre, c'est que je la comprends parce que je suis comme elle.

J'accélère, encore et encore la route est déserte. La vitesse me fait sentir libre, et je sens que je ne suis pas le seul à qui ça fait cet effet. Quand je pense qu'on était de simple gosse innocent, constament en compétition, juste là à se faire les pires crasses qui rendaient dingues nos parents. Et là, on se retrouve différents, brisés, avec son regard sans cesse hanté par ses plus profonds démons.

Je sens son cœur s'accélère dans mon dos. Elle colle un peu plus son corps contre le mien. Et elle resserre un peu plus ses mains autour de mon torse.

Je m'arrête dans un snack à l'écart de la ville. Elle descend de la moto et retire le casque qui dévoile sa longue chevelure grise.

- Tu ne trouves pas qu'on est un peu trop bien habillé pour un lieu comme ça, dit-elle sur le ton de la rigolade.

- Sûrement, et de toute manière depuis quand on en a faire quelque chose à faire du regard des gens, repondé-je en remettant mes cheveux bouclés en place.

Elle acquiesce d'un sourire complice. Nous rentrâmes dans le Fast Food. Ses talons calquent sur le sol, cette fille est la badasse hatitude en personne. Elle jette ses cheveux par-dessus son épaule et avance à la même hauteur que moi. Les personnes présentes ici nous observent. Nous nous installons à une table à l'écart des autres. Je n'ai pas vraiment envie que l'on me reconnaisse.

Je la regarde, ses yeux observent les alentours. Elle a remis son masque, elle s'est de nouveau braquée. Et je sais très bien que même si on se tolère maintenant, demain ou même à la fin de la soirée, on se détestera à nouveau.

Et cela m'arrange. De toute manière ça à toujours fonctionné comme ça et ça ne changera jamais.

- Pourquoi tu m'as emmené ici ? demande t-elle sans me regarder.

- J'avais hésité avec une cave humide afin de te torturer mais j'avais faim. Tu comprends je n'avais pas envie de faire ça l'estomac vide.

Je retrouve son sourire insolent et à la fois rempli de mépris.

- Je comprends ça aurait été tellement désagréable pour toi !

- Alors je vous sers quoi les jeunes ? demande Jo' le gérant du snack.

- Comme d'habitude avec supplément ketchup pour les deux, s'il te plaît.

- Mettez-moi de la mayonnaise à la place du Ketchup, s'il vous plaît, elle se tourne vers moi. Je n'aime pas le ketchup.

- Plus chiante, c'est possible ? murmuré-je entre mes dents.

- Plus arrogant, ça l'est aussi ? rétorque-t-elle du tac au tac.

J'esquisse un sourire satisfait. Nos burgers arrivent et nous commençons à manger.

- Je peux te poser une question ?

- Ça dépend laquelle Myers.

- Pourquoi tu veux absolument te sentir vivante ?

Un rire profond sort de sa gorge. Elle me regarde si intensément, que je peux y voir ses démons se battre dans ses yeux. Ses pupilles sont vides, vides d'émotion, vide de joie, même vides de tristesses et ne laissent place qu'à l'horreur de ce qui la hante.

- Parce que sinon je sombre, Lewis, admet-elle si calmement que j'en aurai presque froid dans le dos.

Plus le temps s'écoule, plus cette fille devient un réel mystère.

- Et est-ce que...

- Ça fait deux questions Myers, me-coupe t-elle.

Elle est sérieuse là ?

- Et depuis quand tu es forte en maths Clark ?

- Depuis que tu préfères fourrer ton nez entre des cuisses, plutôt que dans tes cahiers Myers.

1-0 pour Clark.

- Je t'assure, c'est ce qu'il y a de mieux à faire, et ça entretient très bien la santé.

Elle lève les yeux au ciel et continue à manger. Un flash dehors m'éblouit.

C'est une putain de blague !?

Je sors brusquement de table, et la prends par le bras pour l'entraîner avec moi dans les toilettes. Je ferme la porte à clef derrière nous.

- Mais ça ne va pas ! Qu'est-ce qui te prend?! D'où tu te permets de me prendre comme ça pour m'enfermer dans des toilettes avec TOI ! JE NE SUIS PAS TA PUTE MOI ! En plus, j'étais en train de manger l'un des meilleurs hamburgers de ma vie.

Je souris face à sa réaction, mais je l'écoute à peine, et regarde par la fenêtre.

Et merde fait chier.