Fyctia
Chapitre 4 - Lewis
La journée est plutôt animée. J'ai renseigné quelques clients, d'autres sont venus chercher leurs commandes, et certains avaient déjà une idée précise en tête de ce qu'ils voulaient. Ça commence bien.
Il est presque midi, l'affluence a un peu baissée. C'est bientôt l'heure que je ferme pour prendre ma pause. Je suis d'ailleurs sur le point de me lever pour aller fermer la porte à clef lorsque, en tournant la tête, j'aperçois ma voisine qui traverse la rue et qui se dirige droit vers ma boutique.
Oh, merde...
Je sens mon cœur s'accélérer à mesure qu'elle approche.
Je pourrais fermer la porte avant qu'elle n'arrive, mais elle me verrait forcément faire. Elle risque de le prendre mal si je fais ça.
Ok, reste cool, me dis-je. Ne joue pas les imbéciles comme la dernière fois.
-Bien le bonjour, voisin ! dit-elle en entrant avec un grand sourire.
-B-bonjour, bredouillai-je.
Bravo, tu commences bien...
-Je ne sais pas si vous vous souvenez de moi. On s'est vus il y a quelques temps. Je tiens la boutique d'en face.
-Oui, je me rappelle. Stella, c'est ça ?
-Bingo ! Et vous, c'est Lewis si je ne me trompe pas.
-Exact.
-J'étais pas sûre de bien avoir entendu quand je suis venue vous voir la première fois.
Pas étonnant dans la mesure où j'avais parlé tout bas.
-Enfin bref, dit-elle. Je suis venue pour vous apporter un petit quelque-chose, histoire de vous souhaiter officiellement la bienvenue dans notre petit groupe de commerçants du quartier. J'aurais dû venir plus tôt mais... Enfin. Voilà !
Elle me tend une petite boîte blanche tamponnée du logo de sa chocolaterie.
-Il y a plusieurs parfums, m'explique-t-elle. Je vous ai mis quelques-unes de nos spécialités. J'ai évité d'en mettre à la liqueur, je sais que tout le monde n'aime pas ça.
-C'est très gentil à vous, merci beaucoup.
Je regarde les petits cubes de chocolats disposés dans la boîte. Ils ont l'air délicieux. Je n'en mange pas souvent mais ceux-là donnent vraiment envie.
-Mais je n'ai rien à vous offrir en échange, dis-je en me rendant soudain compte de ce détail.
-C'est pas grave, je n'ai pas fait ça pour avoir quelque-chose en retour.
-Je sais bien, mais ça me gêne quand même.
Je jette un œil autour de moi pour trouver quelque-chose à lui offrir.
-Vous aimez lire ? lui demandé-je.
-J'apprécie toujours une bonne lecture avant de dormir, oui.
-Dans ces cas, je vous en prie. Prenez celui qui vous fait plaisir.
-Nan, c'est beaucoup trop. Un livre vaux largement plus qu'une boîte de chocolat.
-J'insiste. Vous pouvez prendre celui que vous voulez.
Elle réfléchit un instant, semblant soudain un peu gênée.
-Eh bien, si vous insistez. L'ennui c'est que je ne sais pas trop quoi choisir. Vous pourriez me conseiller ?
-Avec plaisir.
Là, c'est un domaine dans lequel je suis à l'aise.
Je lui pose quelques questions, pour savoir quel genre de livre elle aime, des petites choses pour cerner un peu mieux sa personnalité. Lorsque j'ai une idée plus précise de ce qu'elle souhaite, je lui propose deux ou trois livres qui seraient susceptibles de l'intéresser.
Pendant qu'elle se plonge dans la lecture des résumés, j'en profite pour l'observer discrètement. Ses cheveux blonds, d'habitude laissés libres, sont attachés en une minuscule queue de cheval. Certaines mèches trop courtes pour être retenues tombent le long de ses joues roses. Elle est vraiment belle avec cet air concentré sur le visage.
-Celui-là ! finit-elle par dire.
Je regarde le livre qu'elle a choisi et ne peux retenir un petit sourire. J'ai déjà lu énormément de livres dans ma vie, mais celui-là fait partie de mes préférés.
-Très bon choix, lui dis-je.
-Vous êtes sûr que ça ne vous dérange pas de me le donner ? Je peux le payer.
-Non, non, je vous l'offre.
-Merci beaucoup ! Je viendrai vous voir pour vous dire ce que j'en ai pensé.
-Avec joie.
Je la raccompagne jusqu'à la sortie. Juste avant de s'en aller, elle se tourne vers moi.
-Pour les autres, dit-elle, je pense que je reviendrai aussi les acheter plus tard. Les histoires ont l'air intéressantes.
Elle va revenir, je pense alors qu'un petit moi intérieur effectue une danse de la joie.
-Eh bien...à très bientôt, dans ce cas, dis-je en me sentant rougir.
-A très vite !
Elle me fait un petit clin d’œil et s'en retourne à sa boutique d'un pas guilleret.
3 commentaires
Sissy Batzy
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Il y a 4 ans