Fyctia

Extrait de journal Préface

Un jour, mon père, ce puits de science, a tenté de m’expliquer le phénomène de l’intrication quantique. Pour simplifier les choses, disons que lorsque deux particules forment un système lié et qu’elles sont donc dépendantes l’une de l’autre, peu importe la distance qui les sépare, elles finiront par se retrouver un jour ou l’autre.

Certains diront qu’ils sont capables de lire l’avenir paraît-il, d’autres qu’ils peuvent communiquer avec l’au-delà et un bon nombre que des forces supérieures (voire une seule) régissent ce monde.

Pour ma part, je ne crois pas au surnaturel. Je n’envisage pas que tout est déjà tracé et que nous sommes les acteurs d’un théâtre grandeur nature. En revanche, je suis convaincu qu’il existe une loi qui conditionne les relations entre les êtres humains. Qu’est-ce qui explique que lorsque nous pensons soudainement à une personne perdue de vue depuis de longues années, nous croisons de nouveau son chemin un ou deux jours après ?

Un ami, agent immobilier, m’a dit une fois : « C’est vraiment étrange. Parfois, on se coltine un bien pendant plus d’un an, sans avoir un contact. Pas une demande d’information, pas un appel. Et un beau jour, une personne sortie de nulle part, demande timidement à visiter le logement. Comme par hasard, t’as deux ou trois autres personnes qui téléphonent à l’agence parce que, tu comprends, ils se passionnent brusquement pour ce magnifique appartement qui n’intéressait personne jusque-là. Finalement, tu te retrouves à gérer trois offres au prix, pour le plus grand bonheur d’un propriétaire désespéré. »

C’est vraiment étrange… Comme par hasard…

Ce n’est ni étrange ni du hasard. Il existe tout simplement une forme d’interdépendance qui nous pousse à agir de telle ou telle manière à un moment précis. C’est cette petite voix intérieure qui dit « Vas-y ! Fonce ! C’est maintenant ou jamais ! ».

Je pense formellement que cette connexion existentielle, cette attraction qui nous lie les uns aux autres, nous permet en fin de compte d’ouvrir les yeux à des moments clefs et que sans elle, nous serions aveuglés par des désirs personnels synonymes de néant.

Si j’ai aujourd’hui autant de facilité à affirmer tout ça, c’est parce que j’ai moi-même été embourbé dans les petites manigances de l’univers. J’ai vécu cette expérience d’intrication de la manière la plus intense qui soit. Il ne s’agit aucunement d’une énième histoire d’amour passionnel et charnel, mais plutôt du genre de complémentarité la plus parfaite qui puisse exister entre deux êtres.

Horace, le poète de l’Antiquité, disait : « Verba volant, scripta manent. ». Les paroles s’envolent, les écrits restent. Cela incitait le peuple à retranscrire leurs connaissances dans le but de garantir la transmission des savoirs. Cette incitation se justifiait par le devoir de mémoire, car il était évident que les écrits laissaient des traces comme preuves, mais les paroles tombaient souvent dans l'oubli.

Aujourd’hui, je suis dans une situation qui me pousse à faire ce choix d’écriture. Sinon, je crains de sombrer dans la folie à l’état pur.

J’ai connu l’Amour avec une grand A. L’Amour le plus pur, le plus sincère et le plus entier qui soit. Un amour qui vibrait à haute fréquence. Qui vibre, à haute fréquence (presque céleste). Le genre d’amour qui nous transporte dans une dimension qu’un individu lambda ne penserait même pas atteindre un jour. Là où les âmes connectées se rejoignent pour former le seul ensemble logique.

Elle est tout pour moi. Mon ange-gardien, mon oxygène, mon tout. Mon âme sœur. La seule à avoir bravé l’impossible pour faire de moi un homme comblé.

Et je serais un être imparfait si je me privais de la seconde moitié de mon âme.

Je me dois de la faire vivre à travers mes écrits pour lui rendre hommage.

Pour le respect de tous les sacrifices qu’elle a fait pour moi.

Pour toi Millie.

Pour ne jamais oublier ce que nous avons vécu ensemble.