Gabriele VICTOIRE LILITH__La face cachée de la Lune **LILITH__V**

**LILITH__V**

– Enfin ! J'ai bien crû que vous ne reviendriez jamais parmi nous.

Douleurs. L'arrière de mon crâne pulsait son mécontentement d'avoir atterri le premier lors de ma chute. Mes paupières désobéirent, trop lourdes. Seule ma respiration coopérait.

– Prenez votre temps, vous avez perdu beaucoup de sang.

Mais, qui me parlait ? Cette voix rocailleuse m'était étrangère. Et humaine. Ma gorge me brûlait. Que s'était-il passé, enfin ? Pas une bribe de souvenir.

– Ouvrez la bouche, buvez.

Une main tiède abaissa ma mâchoire inférieure tandis qu'un liquide froid trouva son chemin jusqu'au feu de ma gorge. De l'eau ! Soupir d'aise. Quel bien fou ! Mes cellules s'en délectèrent. Encore ! Je fus exaucée. Après quatre gorgées du breuvage salvateur, je pus reprendre contact avec mes membres. Ma main droite vint se nicher à même ma blessure crânienne. Mère, si votre Enseignement se révèle juste, je devrais être capable de me soulager, non ? Sans attendre de réponse de sa part, je focalisai mon énergie de vie sur la source de mes maux. Une petite sphère verte éthérée quitta ma paume pour se faufiler jusqu'au coeur de ma plaie. Je sentis mes vaisseaux sanguins, mes os, mes nerfs, s'abreuver de cette énergie. La douleur s'estompa. J'enlevai ma main et pus, enfin, ouvrir les yeux.


Il faisait jour. Ma première nuit sur Terre m'avait échappé. Regrettable. L'humain avait déserté cet abri composé de branches sèches et de feuilles tressées. En face de moi, une ouverture à taille humaine laissait entrer le Soleil. Assise, j'admirai mon lit de fleurs fraîchement cueillies. Quelle merveille ! Tant de couleurs, et cette douceur ! Leur parfum, subtil cocktail improvisé, m'enivra. Oui, Mère, la matière fourmille de sensations plus exquises les unes que les autres.


Un flash mémoriel troubla ma vue. Lumière aveuglante. Un autre réveil. Lumière aveuglante. Sur un lit de...serpents. Lumière aveuglante. Une cascade. Lumière aveuglante. Des orbites dorées. Lumière aveuglante. Des fleurs noires au creux de mon âme. Lumière aveuglante.

– Lucifer ! scanda ma voix, grave.

Je l'avais retrouvé ! Sous forme reptilienne, certes, mais, Il était là ! Je me relevai, impatiente. Des fourmis d’excitation cabriolèrent dans tout mon corps.

– Non, moi, c'est Adam.

L'homme me tendit des billes d'un rouge vermeil. Je l'observai, curieuse de voir à qui j'avais affaire, tout sauveur qu'il était. Grand, bâti comme un guerrier, le visage carré et les yeux couleur terre. Son corps éthéré ne se voyait pas d'emblée. Jeune, très jeune âme. Je n'avais rien à craindre de lui. Même si l'air affamé qu'il avait pris en scrutant mes formes me fit froid dans le dos. Réaction matière, sûrement.

– Je n'ai connaissance d'aucun autre homme au jardin. Je crains qu'il n'existe que dans vos songes.

Je mourrais d'envie de courir vers le bassin, retrouver mon autre, mais Adam obstruait l'unique sortie du refuge.

– Merci, d'avoir pris soin de moi. Je dois retourner à la cascade, maintenant.

L'air surpris, il croqua une des billes puis me les tendit à nouveau.

– Vous devez reprendre des forces, affirma-t-il en s'asseyant sur la paillasse de fleurs. Et puis, vous devez être sacrément sonnée pour vouloir rejoindre une cascade qui doit exister, elle aussi, uniquement dans vos songes.

Comment ça ? Se pourrait-il que j'ai tout imaginé ? Je goûtai une des billes, le temps de rassembler mes souvenirs. La certitude me gagna.

– Vous m'avez bien trouvée près du bassin, non ?

Sucré ce fruit. Énergétique aussi.

– Exact.

J'en pris un second. Mes papilles s'en ravirent.

– Ce bassin se trouve au pied de la cascade que je veux rejoindre.

– Je vous assure qu'il n'y a aucune cascade ici. Je le saurais !

Son air hautain hérissa mes poils.

– Je vous assure qu'il y en a une, rétorquai-je.

Fou-rire de l'homme. Pourquoi chacun de mes interlocuteurs finissait-il toujours par rire de mes propos ? Je chipai deux fruits et courus vers la sortie. Deux bras forts me retinrent par les épaules. Les billes rouges, elles, libérées par l'homme, roulèrent sur le sol terreux, impassibles à la scène qui se déroulait sous l'abri.

– Attends, ne t'enfuies pas déjà !

Déjà ? Comment ça, déjà ? Il me retourna face à lui et fit glisser ses mains le long de mes bras. La nausée me prit. Ce contact me répugnait. Réaction matière aussi ça ? En tout cas, je n'aimais pas cette sensation. Il prit mes mains en coupe dans les siennes. Je voulus me défaire de sa poigne, mais il me retenait avec force, avec plus de force que je n'en possédais. Alors, c'est ainsi, Mère ? La femme est plus faible physiquement que l'homme ? "Tout est toujours juste et parfait, Lilith, tu comprendras." Bien sûr...un jour, j'y croirais à cette maxime. Mais, là, dans le moment présent, elle m'horripilait ! Adam dût sentir ma colère, car, il me relâcha.


Je ne sus quels mots lui cracher au visage pour apaiser cette fureur qui grandissait en moi. Alors, mon corps prit le relais et envoya une gifle tonitruante claquer la joue dure d'Adam. Un petit rire de satisfaction s'échappa de mes lèvres.

Il se massa la mâchoire.

– Je ne vais pas m'ennuyer avec toi. Ça promet ! J'avais demandé au Créateur une compagne à ma hauteur, il a fait fort ! Vas-y, file vers ce mirage qui t'attire tant ! La chasse n'en sera que plus excitante...

Moi qui pensais devoir me méfier des serpents, me voilà remise à ma place. L'homme, Lilith, le voilà ton réel prédateur. Pourtant, la crainte ne semblait pas vouloir s'inviter à la danse. Une certitude me gagna : je n'avais rien à craindre, malgré les apparences. D'où pouvait bien venir une telle assurance ? Minute, avait-il parlé de Créateur ?

– Tu voulais dire, Créatrice, non ?

– A ta place, je déguerpirais, histoire de prendre un peu d'avance sur moi. Je suis habitué à la course, mais...toi et tes jambes frêles...

Il ne plaisantait pas. Son regard se fit animal. Vorace. Tant pis pour mes interrogations. Je supplia mon corps pour qu'il me sorte de là le plus vite possible.


En quelques foulées gracieuses et sûres je me retrouvai au sommet d'une colline boisée. L'abri loin derrière moi. En contrebas, une vallée traversée par un cours d'eau. Je n'avais qu'à remonter la rivière, non ? Mon amour, m'as-tu reconnue, toi aussi ? Attends-tu que je revienne ? J'arrive, n'aie crainte. Et je m’élançai, confiante en direction du cours d'eau. Oubliant tout à fait, la partie de chasse qu'Adam me préparait.


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6 commentaires

Michbonj

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Il y a 4 ans

Pas de problème. Je n’irai plus, le forum, liste d’entraide m’a viré sans explications. Je faisais trop d’appel pour débloquer les gens que je suivais. Je te laisserai tranquille dorénavant.

Michbonj

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Il y a 4 ans

Bonjour, je te like et partage depuis le début de ta storye. Je lis systématiquement et like et partage tout le monde. C’est important d’avoir un maximum lorsque qu’on veut autopublier. Ça coute moins cher. Extrait de « mes 1er pas Fyctia » « # Inscrivez votre texte au concours qui vient de se lancer # Publiez votre deuxième chapitre et obtenez le nombre de likes/partages nécessaire pour le débloquer. # Si le dernier chapitre que vous avez posté est débloqué, prenez du temps pour poursuivre l’écriture de votre série. Au contraire, si le dernier chapitre que vous avez posté est encore bloqué, il vous faut trouver de nouveaux lecteurs. Pour cela, faites appel à votre entourage ou aux groupes de lecteurs présents sur les réseaux-sociaux. Et n’oubliez pas que l’échange paie toujours, et si vous donniez votre avis sur les textes du concours avant d’espérer gagner de nouveaux lecteurs ? # Postez régulièrement, ne vous découragez pas ! # Vos textes ne doivent pas être publiés à 100% sur la plateforme, entre 40 et 60% est une bonne moyenne. Vous remettrez votre manuscrit finalisé à l’équipe à l’issue du concours. » Il me manque 12 likes ou 12 partages pour débloquer le chapitre suivant https://www.fyctia.com/stories/la-maison-d-aurore/chapters/156507

Gabriele VICTOIRE

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Il y a 4 ans

Merci de ne pas poster ce genre de promo en commentaire de mes sorties. Le forum est fait pour ça. Je sais très bien comment fonctionne la plateforme, bonne continuation à vous.
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