Fyctia
Chapitre 2 (1)
UN MENSONGE NE VIENT JAMAIS SEUL.
Elle n’avait jamais cru en la magie avant cette nuit. Et encore maintenant, devant la porte de sa maison, elle ne sait pas quoi penser. Il lui faut une minute pour reprendre ses esprits. Lentement, ses sens semblent se réveiller et avec eux, les émotions qu’elle avait mise de coté. La peur, l’angoisse, l’incompréhension… Sa respiration se fait de nouveau plus courte, une crise d’angoisse semble pointer le bout de son nez. Mais elle n’a pas le temps de s’en occuper ou de la gérer. Arthur toque à la porte. Il est très tard, Celeste à perdue la notion du temps. Mais lorsque la porte s’ouvre, elle comprends que sa mère n’aurai même pas du être éveillée. Alors pourquoi venait-elle d’ouvrir la porte ?
Les cinq personnes qui les accompagnaient ne sont plus en vu, seul Arthur est resté à ses côtés. Les yeux de la mère de Celeste se posent d’abord sur ce grand homme inconnu, vide de toute émotion. Ce n’est que lorsqu’elle se tourne vers sa fille qu’elle montre un semblant de panique. En mème temps, Celeste est couverte de sang, ses vêtements sont déchirés. Les yeux de sa mère passent de sa fille à l’homme à ses côtés puis de nouveau à sa fille. Au bout d’une trentaine de seconde, elle se déplace afin de les laisser entrer, sans ouvrir la bouche ni dire le moindre mot. La panique s’empare à nouveau de Celeste. Pourquoi sa mère ne dit-elle rien ? Qu’est-ce qu’il se passe ?
Une fois la porte d’entrée fermée et qu’ils sont tous dans le salon, sa mère s’approche d’elle afin de la serrer dans ses bras.
- Qu’est-ce qu’il s’est passé ? Demande-t-elle à sa fille. Comment tu te sens ? Tu vas bien ?
Au bout d’une minute, Celeste recule. Le câlin lui as fait le plus grand bien mais si elle était restée dans les bras de sa mère, elle se serait mise à pleurer, et elle ne peut pas se le permettre.
- Je vais bien, je ne suis pas blessée. Enfin, je ne le suis plus, on m’a soignée… C’était horrible, je me suis fait agresser par un groupe d’hommes après avoir eu un accident de voiture et… Arthur et ses collègues sont intervenus pour me sauver…
La mère de Celeste jette un œil dans la direction d’Arthur, le fusillant du regard. La jeune femme ne comprend pas vraiment la réaction de sa mère face à son Sauveur. Pourquoi semble-t-elle si hostile ? Lorsque cette dernière prend la parole, Celeste n’en croit pas ses oreilles.
- Vous deviez empêcher ça, me semble-t-il. Cela ne faisait-il pas partie du pacte que vous aviez forgé avec nos ancêtres ? Lui dit-elle froidement.
Arthur lève les yeux vers la mère de Celeste. La mine défaite, il laisse échapper un léger soupir.
- Le pacte stipulait que vos ancêtres dénué de pouvoir ne seraient plus jamais en danger, qu’ils ne subiraient plus jamais le courroux et la répression des nôtres. Mais la situation est différente, elle a le don, répond-t-il comme si c’était tout naturel. Je suis désolé, Vivianne, nous ne pensions pas que le pouvoir se réveillerait parmi les membres de votre lignée.
Comment Arthur connaissait-il le prénom de sa mère ? Comment sa mère pouvait-elle connaître Arthur ? Celeste était perdue, rien n’avait plus de sens depuis qu’elle était partie de cette soirée universitaire. Les poings serrés, une rage incontrôlée semble s’emparer d’elle.
- Est-ce que quelqu’un va enfin me dire ce qu’il se passe ici ? Comment est-ce que vous vous connaissez ? De quel don parlez-vous ? De quel Pacte ? Je ne comprends plus rien ! Je me suis fait agresser par des mecs ultra chelou, j’ai eu un accident de voiture, j’ai peur, et je ne comprends rien ! Alors expliquez-moi ! Fini-t-elle par hurler.
Comme plus tôt, son âme scindée en deux avale l’autre, emplie son corps, et relâche une sorte d’onde de choc. Les chaises, la table, le canapé, les photos, tout vole et se fracasse. Les fenêtres se brisent, la maison tremble. Arthur, vif comme un serpent, s’est placé devant Vivianne afin de la protéger de sa propre fille. Lorsqu’elle réalise ce qu’elle vient de faire, Celeste tombe à genoux et les larmes qu’elle a si longtemps retenues se mettent à couler sur ses joues.
- Je ne comprends rien, gémit-elle.
Vivianne s’avance vers sa fille et se laisse tomber à genoux à côté d’elle, suivie d’Arthur.
- Je suis désolé de t’avoir caché tout ça… Je ne pensais pas que ce serait important de t’en parler, puisque le don ne s’était jamais manifesté dans notre lignée… Je ne pensais pas que tu en pâtirai, que tu le subirai… Je me suis trompée visiblement.
Arthur pose une main sur l’épaule de Vivianne.
- Il faut que nous partions. Ceux qui en avaient après elle vont en avoir après vous aussi. Il vous faudra partir également. Mes collègues vous emmèneront à l’abri.
Vivianne hoche la tête, un bras passé autour des épaules de sa fille qu’elle serre contre elle.
- Alors vous allez l’emmener dans l’Ancien-Monde, c’est bien ça ?
- Oui. Je suis désolé, mais vous savez aussi bien que moi qu’elle n’a pas sa place ici.
Celeste écoute sa mère et Arthur discuter de son sort comme si elle n’était pas là. Cela ne la gêne pas, surtout pas après ce qu’elle vient de faire. Elle aurait pu tuer sa mère avec son accès de colère, alors peut-être cela vaut-il mieux qu’elle s’éloigne d’elle le temps qu’elle parvienne à la maitriser… Quoique ce soit, son pouvoir.
- C’est d’accord. Emmenez-la à Avaloria et protégez-la de votre peuple. Ces gens ne voulaient pas de nous il y a deux mille ans, je ne suis pas sûre qu’elle soit bien accueillie encore aujourd’hui. Je compte sur vous… Pour ma part, je suivrai vos directives et partirai me mettre à l’abri. Néanmoins, je ne veux qu’aucun de vos collègues ne me suive. Je ne serai pas plus en sécurité avec eux, dit-elle à Arthur avant de se tourner vers Celeste qu’elle attrape par les deux épaules. Ma fille écoute-moi bien. Tu es forte et tu le sera bien plus encore. Tu portes en toi un pouvoir éteint jusqu’à aujourd’hui, ce qui signifie que tu vas avoir de nombreuses responsabilités et de nombreux sacrifices à faire. Ce n’est pas la vie que j’aurais souhaité que tu aies, malheureusement, le destin en choisit autrement. Vie avec fierté, soit brave, courageuse et juste. Je suis sûre que tu accompliras de grande chose. Et surtout, rappelle-toi que je t’aime.
Celeste écoute le discours de sa mère, les yeux écarquillés par le choc. Pourquoi est-ce que ces mots sonnent comme des adieux à ses oreilles ? Non, elle doit se faire des idées. Même si elle mémorise chaque parole sortie de la bouche de sa mère, Celeste doit quand même se faire violence pour garder un visage assez neutre et contenir ses émotions malgré les larmes qui coulent en flots ininterrompus sur ses joues. La voix tremblante, elle prend la parole.
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