Fyctia

La tempête fait rage dehors, le vent siffle à travers les fenêtres et la neige tombe en bourrasques aveuglantes. Je suis à la bibliothèque du village, entourée de vieux livres et de documents poussiéreux, plongée dans mes recherches. Je ne peux plus accéder aux archives mais je peux quand même aller à la bibliothèque.

J’ai trouvé des mentions de Noël à Sundarleigh datant d’avant l’indépendance de l’Inde, mais tout semble avoir été volontairement effacé après une certaine période. Pourquoi ? Qui a décidé d’effacer cette partie de l’histoire ?

Alors que je note des passages dans mon carnet, la porte de la bibliothèque s’ouvre brusquement, laissant entrer un courant d’air glacé.

— Tu es encore là ?

Je relève la tête. Aryan.

Il secoue la neige accrochée à son manteau et s’avance vers moi, son regard scrutateur s’attardant sur mes notes.

— Je ne pensais pas te trouver ici avec ce blizzard dehors.

— Et pourtant, me voilà.

Je referme un livre et me frotte les mains pour les réchauffer. Il fait glacial ici. Aryan s’accoude à la table, un sourire amusé aux lèvres.

— Toujours aussi têtue.

— Toujours aussi intrusif, je réplique avec un sourire en coin.

Il rit doucement et s’assoit en face de moi.

— Je veux t’aider, Sanya. Ce que tu cherches, je peux peut-être t’y aider.

Je le fixe, hésitante. Peut-être qu’il a raison. Il connaît bien ce village, et contrairement à moi, il n’est pas vu comme une étrangère fouineuse.

— Si tu veux vraiment m’aider, tu pourrais me trouver quelqu’un qui accepterait de me parler franchement.

— Je peux faire mieux que ça. Je connais quelqu’un qui détient des archives privées sur Sundarleigh. Je peux organiser une rencontre.

Je le regarde, intriguée. Est-ce qu’il dit vrai, ou est-ce juste une excuse pour passer du temps avec moi ?

— Et en échange ?

Il sourit, son regard pétillant de malice.

— Un simple dîner avec toi. Rien d’autre.

Je hausse un sourcil.

— Tu veux m’aider, ou tu veux un rendez-vous ?

— Les deux.

Je soupire, hésitante, mais avant que je puisse répondre, la lumière vacille brusquement avant de s’éteindre complètement.

Un silence pesant s’installe.

— Merde, murmure Aryan.

— Coupure de courant ?

Je me lève et m’approche de la fenêtre. La tempête est plus violente que je ne l’imaginais. Dehors, les lampadaires sont éteints, et la seule lueur visible vient des bougies que certains habitants ont allumées.

La porte de la bibliothèque s’ouvre à nouveau, et cette fois, c’est Dev qui apparaît, vêtu de son manteau sombre, la mâchoire crispée.

Il balaie la pièce du regard avant de s’arrêter sur moi et Aryan. Son expression se ferme immédiatement.

— Bien sûr que tu es là, grogne-t-il en refermant la porte derrière lui.

— Et bien sûr que tu es venu me chercher, je réplique en croisant les bras.

Il ignore ma remarque et s’adresse à Aryan.

— La tempête a coupé l’électricité. Il faut évacuer la bibliothèque, les routes sont en train de geler.

— On allait partir, répond Aryan calmement.

Dev serre les mâchoires, son regard sombre se posant sur moi.

— Tu n’aurais pas dû sortir par ce temps.

— Je suis une adulte, Dev. Je fais ce que je veux.

— Tu as une tendance à faire des choix stupides, surtout quand il s’agit de te mettre en danger.

Je fronce les sourcils.

— Depuis quand tu te soucies de mes choix ?

Un silence.

— Depuis que tu es revenue ici.

Ses mots flottent dans l’air entre nous, lourds de sous-entendus. Mon cœur rate un battement, mais Aryan brise ce moment en posant une main sur mon bras.

— Viens, Sanya. Je vais te raccompagner.

Dev le foudroie du regard.

— Elle rentre avec moi.

Le ton est sans appel, autoritaire. Un défi silencieux passe entre les deux hommes.

— Peut-être que Sanya peut décider toute seule, rétorque Aryan, les bras croisés.

Dev ne répond pas immédiatement. Il me regarde, et je vois dans ses yeux cette lueur que je refuse de comprendre. Cette lueur qui me trouble.

— Fais ce que tu veux, finit-il par lâcher d’un ton froid avant de se détourner.

Je déglutis, troublée.

Pourquoi est-ce que j’ai l’impression d’avoir fait une erreur en le laissant partir ?