Fyctia

L'air glacial me frappe au visage lorsque je pénètre dans la maison d'Aryan. Il m'a emmené chez lui car l'accès à ma maison était trop dangereux selon lui. La neige qui tombe dehors n'a aucune prise sur moi. Ce n'est pas la température qui me gêne, c'est cette sensation de confusion, de brouillard dans mon esprit.

Aryan est assis sur son canapé avec cette attitude décontractée qui me hérisse à chaque fois. Il me lance un regard perçant, comme si tout était déjà prévu, comme si je n'avais même plus de choix. Je ferme la porte derrière moi, le bruit du verrou me résonnant dans la tête.

Il se redresse légèrement, un sourire en coin.

— Tu as l'air fatiguée. Il prend un ton faussement préoccupé, mais je sais très bien qu'il cherche à me déstabiliser. Tu devrais te détendre un peu, Sanya.

Je me force à ne pas répondre. J'ai l'habitude de sa manière de me jauger, de scruter chaque détail pour me faire flancher. Mais cette fois, il est trop direct. Trop sûr de lui.

— Je vais bien, merci. J'essaie de garder ma voix calme, mais je sens que ça ne marche pas.

Il se lève pour me rejoindre, un pas après l'autre, comme un prédateur se rapprochant de sa proie, mais il a ce petit air de défi dans les yeux, un air qui me fait froncer les sourcils.

— Sérieusement ? T'es sûre ? Il s'arrête juste en face de moi, son regard posé sur le mien, scrutant mes moindres réactions. Je suis pas du genre à forcer les gens à s'ouvrir, mais tu sais... tu peux être plus honnête avec moi.

Je déteste quand il dit ça, quand il sous-entend que je lui dois des explications. Ce n'est pas que je lui en veux, c'est juste qu'il sait comment me toucher là où ça fait mal, là où je suis fragile.

— Tu sais bien que je n’ai rien à dire. Ma voix est plus froide cette fois, et je me force à reculer un pas, mais il se rapproche encore, me forçant à lui faire face.

Il hausse les sourcils, un éclat de défi dans les yeux.

— Vraiment ? Parce que ça ne te semble pas un peu étrange, ce besoin constant de repousser ? Il avance un peu plus. Tu sais que je ne vais pas t’attaquer, n’est-ce pas ?

Il y a quelque chose dans sa voix, une douceur inattendue, presque une promesse. C’est ça qui me trouble. C’est ce mélange de défi et de prévenance, comme s’il savait exactement comment me faire douter de moi-même.

— C’est toi qui joue, Aryan. Je le fixe droit dans les yeux, ma main instinctivement posée sur le dossier du canapé, pour me donner l’illusion de contrôle.

Il rit doucement, comme si ma réaction le divertissait. Un éclat amusé dans ses yeux, comme s'il venait de remporter une petite victoire.

— Non. Il secoue la tête, son regard toujours aussi perçant. C’est toi qui essaies de jouer à la dure.

Je sens une bouffée d'irritation monter en moi, mais je me force à garder mon calme. Je suis lasse de ces jeux, de cette tension constante entre nous. Il sait bien que, dans le fond, je n’ai aucune envie de le repousser totalement. Il est trop... intrigant.

Je me tourne brusquement vers la fenêtre, comme pour fuir son regard. La neige continue de tomber, couvrant le monde extérieur d’une fine couche de blanc. Mais ici, à l'intérieur, il n'y a que des ténèbres qui me hantent.

— Tu n’as pas l’impression de trop insister ? La question sort avant que je ne puisse y réfléchir, plus forte que tout ce que j’aurais voulu dire.

Il la fixe, comme une cible qu’il ne veut pas laisser filer. Il ne répond pas tout de suite, me laissant dans ce silence lourd. Puis, finalement, il murmure :

— Je n’insiste pas, Sanya. Je t’observe.

Je fronce les sourcils, ne sachant si je dois être irritée ou... intriguée. Peut-être les deux.

— Et tu crois que tu sais tout de moi, c’est ça ? Je me tourne enfin pour le regarder, mes mots presque hachés.

Il ne dit rien pendant un moment, puis son regard se fait plus doux, plus calme.

— Non. Mais je sais qu’il y a plus sous la surface. Et j’ai bien l’intention de voir jusqu’où ça va.

Ses mots me frappent comme une claque, un mélange de défi et de curiosité. Il m’agace, il me trouble, il me déstabilise. Tout à la fois.

Je m’éloigne un peu, essayant de rassembler mes pensées, mais chaque mouvement qu’il fait semble m’attirer encore un peu plus dans son orbite.

— Je vais partir. Je m'apprête à tourner les talons, mais je sens qu’il ne me laisse pas le choix. Il se place entre la porte et moi, son corps bloquant ma sortie.

— Vraiment ? T’es sûre ? Il me regarde de haut, comme si de toute façon, il savait ce que je voulais.

Je déteste ça. Je déteste qu'il ait l'impression de me connaître si bien, même si, quelque part, j’ai l'impression que c'est peut-être vrai.

— Laisse-moi sortir, Aryan. Ma voix tremble légèrement, mais je me force à garder un air de défi.

Il me fixe un instant, puis s'écarte lentement. Il ne sourit même pas.

— Je ne vais pas t’empêcher de partir, Sanya. Mais la prochaine fois, ne fais pas semblant.

Ses paroles résonnent dans ma tête pendant que je me dirige vers la porte. Je m'arrête juste avant de la franchir, une dernière pensée me traversant l'esprit.

Pourquoi est-ce que je me sens aussi piégée dans cette situation ? Pourquoi lui, et pourquoi pas moi ?

Je ferme la porte derrière moi, mais je sais déjà que cet échange n'est pas terminé.

Pas encore.