Fyctia

Inde, un soir d’hiver oublié

Le vent s’était levé, sifflant à travers les arbres noueux bordant la route principale du village. L’air était plus froid qu’il ne l’aurait dû, portant avec lui une odeur étrange, un mélange de cendres et de bois humide.

Sous le ciel sans lune, une silhouette avançait lentement, drapée dans un long châle sombre. Chaque pas qu’elle posait sur la terre poussiéreuse semblait résonner trop fort dans la nuit. Devant elle, la demeure coloniale dressait sa silhouette austère, ses fenêtres illuminées projetant des ombres mouvantes sur le sol.

Elle s’arrêta devant la porte massive, hésitante, puis posa une main tremblante sur le bois.

Une voix, à peine un murmure.

— Ne refaites pas l’erreur.

À l’intérieur, une musique résonnait, légère et insouciante. Des rires, des tintements de verre.

La silhouette se raidit. Ses doigts se crispèrent sur le tissu de son châle. Puis, d’un geste, elle déposa quelque chose au seuil de la porte. Un objet petit, fragile, recouvert d’un tissu brodé.

Une rafale soudaine fit voler les pans de son vêtement, révélant un éclat doré sous la lueur vacillante d’une lanterne.

Elle murmura encore, plus bas cette fois, comme une prière.

Un bruit retentit derrière elle. Un frisson parcourut son dos.

Sans un mot de plus, elle disparut dans la nuit.

Quelques secondes plus tard, la porte s’ouvrit. Une main hésitante se tendit vers l’objet abandonné.

Puis, un cri.

La fête continua pourtant, comme si rien ne s’était passé.

Mais au matin, la neige tomba pour la première fois sur le village.

Et Noël ne fut plus jamais célébré.