Fyctia
Chapitre 2
Le matin suivant, Élodie n'avait toujours pas trouvé le sommeil. L'étrangeté du carnet et du paquet rouge satiné la hantait. Elle s'était retournée toute la nuit dans son lit, cherchant une explication rationnelle. Mais il n'y en avait aucune. Qui pouvait bien avoir laissé ce cadeau sur son comptoir, en pleine nuit, alors que la librairie était fermée ?
Elle observa de nouveau la carte posée devant elle. L'encre noire était légèrement épaissie, comme si elle avait été tracée à la plume. "La magie ne s’est jamais éteinte." Cette simple phrase lui donnait des frissons. Elle aurait voulu ignorer tout cela, ranger le carnet et le cadeau au fond d’un tiroir et ne plus y penser. Mais c'était impossible.
Prenant une grande inspiration, elle tendit la main vers le paquet et défit lentement le ruban d'or qui l'entourait. Le papier crissa sous ses doigts alors qu'elle le déchirait. Lorsqu'elle ouvrit la boîte, elle découvrit un stylo ancien, en argent finement ciselé. Il semblait délicatement ouvragé, comme une pièce d'art d'une époque révolue. Élodie caressa du bout des doigts les motifs gravés sur le capuchon. Un objet aussi précieux ne pouvait pas être abandonné par hasard.
— D’accord… murmura-t-elle. Soit quelqu’un joue avec mes nerfs, soit…
Elle s’arrêta, incapable de terminer sa phrase. Elle n’avait pas la foi de croire en des choses aussi absurdes. Elle posa le stylo sur le comptoir et se passa une main dans les cheveux, son regard dérivé vers la grande vitrine de la librairie. Dehors, les passants emmitouflés dans leurs manteaux se pressaient, les bras chargés de paquets. La magie de Noël semblait flotter tout autour d’elle, mais elle se sentait à part. Comme une spectatrice d’un spectacle auquel elle ne pouvait plus croire.
La clochette de la porte tinta soudainement, la tirant de ses pensées.
— Élodie ! Tu es là ?
Une voix familière retentit, et une grande silhouette entra dans la librairie. Noémie, son amie d’enfance, apparut, une écharpe en laine bleu nuit enroulée autour du cou. Son sourire était aussi rayonnant que d’habitude.
— Tu as une mine affreuse, commenta-t-elle en retirant ses gants. Tu as encore passé la nuit à lire au lieu de dormir ?
— Quelque chose comme ça… répondit Élodie en esquissant un sourire fatigué.
Noémie posa son sac sur le comptoir et remarqua aussitôt la boîte ouverte et le stylo posé à côté.
— C’est quoi, ça ?
Élodie hésita un instant avant de résumer les événements de la veille. Elle raconta la découverte du carnet, le message étrange à l’intérieur, son vœu impulsif, et l’apparition inexpliquée du paquet. Noémie écouta attentivement, les bras croisés, un sourcil levé.
— Tu veux dire… que quelqu’un aurait laissé ce cadeau en réponse à ton vœu ?
— C’est ridicule, n’est-ce pas ? soupira Élodie en s’appuyant contre le comptoir.
— Honnêtement, ça me donne plutôt des frissons. Mais ça pourrait être un admirateur secret. Un amoureux mystérieux qui veut te faire croire en la magie de Noël…
— Ne commence pas, grogna Élodie, levant les yeux au ciel.
Noémie rit doucement et attrapa le carnet sur le comptoir. Elle l’ouvrit, effleura la première page et sourit.
— Alors, tu vas tenter un autre vœu ?
— Hors de question. Une fois, c’est suffisant. J’ai déjà eu mon lot d’étrangetés.
Noémie secoua la tête, amusée, mais ne la pressa pas davantage. Après quelques minutes de discussion légère, elle s’en alla, promettant de passer la voir plus tard.
Une fois seule, Élodie récupéra le carnet et le feuilletta de nouveau. Ses pages vierges semblaient l’appeler, l’inviter à continuer le jeu. Elle secoua la tête. Ce n'était qu'une coïncidence, une plaisanterie orchestrée par quelqu’un. Pourtant, elle ne pouvait pas nier qu’une infime partie d’elle voulait y croire.
Elle jeta un dernier regard au carnet avant de le ranger soigneusement. Puis, avec un soupir, elle se remit au travail, essayant d’ignorer la petite voix au fond de son esprit qui lui murmurait que l’aventure ne faisait que commencer.
Tard dans la soirée, alors qu'elle s'apprêtait à fermer la boutique, un courant d'air froid s'engouffra par la porte, la faisant frissonner. Un homme entra, emmitouflé dans un manteau sombre, le visage en partie masqué par une écharpe. Ses yeux clairs scrutèrent les lieux avec un mélange de curiosité et d'appréhension.
— Bonsoir, murmura-t-il en retirant son gant droit. Est-ce ici que je peux trouver ce que j’ai perdu ?
Élodie fronça les sourcils, surprise par cette question étrange.
— Pardon ?
L’homme esquissa un sourire discret, avant de poser une main sur le comptoir.
— Je crois que vous avez quelque chose qui m’appartient.
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