Fyctia
Chapitre 3
La clochette de la porte tinta de nouveau alors que l’homme s’avançait lentement dans la librairie, retirant son écharpe pour dévoiler un visage aux traits fins, légèrement marqués par le froid. Ses yeux clairs étaient perçants, emplis d’une intensité troublante.
— Je crois que vous avez quelque chose qui m’appartient, répéta-t-il avec calme.
Élodie sentit un frisson lui parcourir l’échine. Tout en essayant de masquer son trouble, elle croisa les bras et fronça légèrement les sourcils.
— Je ne vois pas de quoi vous parlez, répondit-elle prudemment.
L’homme esquissa un sourire fugace, posa un regard bref sur le comptoir où le carnet avait reposé plus tôt dans la journée, puis reporta son attention sur elle.
— Le carnet, murmura-t-il. Il vous a été confié, mais il ne devait pas atterrir entre vos mains.
Elle écarquilla les yeux, son cœur s’emballant. Comment pouvait-il savoir ? Était-il celui qui l’avait laissé ici ?
— Vous insinuez que… vous êtes celui qui l’a déposé dans ma librairie ? demanda-t-elle, une pointe d’incrédulité dans la voix.
L’homme hésita une fraction de seconde avant de secouer la tête.
— Non. Mais je sais d’où il vient, et pourquoi il ne devait pas être ici.
Le silence s’étira entre eux, pesant, chargé d’une tension inexplicable. Élodie sentit une vague d’appréhension l’envahir. Elle ne savait pas si elle devait lui faire confiance ou non.
— Si c’est vrai, alors expliquez-moi, dit-elle enfin, sa voix légèrement tremblante. Qui êtes-vous ?
L’homme sembla hésiter avant de répondre.
— Gabriel, souffla-t-il. Mon nom est Gabriel.
Un frisson la parcourut. Elle se souvenait avoir lu ce prénom dans le carnet. Elle le fixa, cherchant à deviner s’il mentait ou non.
— Pourquoi ce carnet est-il si spécial ?
Gabriel inspira profondément avant de répondre d’un ton grave.
— Parce qu’il exauce des vœux. Mais chaque vœu a un prix.
Élodie ouvrit la bouche, prête à rire, mais se retint en voyant l’expression sérieuse sur le visage de Gabriel.
— Vous vous moquez de moi ?
— Absolument pas, répliqua-t-il en croisant les bras. Ce n’est pas un jeu. Et ce n’est pas un simple carnet.
Elle déglutit difficilement. Tout cela devenait trop étrange.
— Alors pourquoi m’a-t-il été donné ?
— C’est ce que j’essaie de comprendre, avoua Gabriel. Mais si vous l’avez, alors cela signifie que vous avez déjà formulé un vœu.
Élodie hésita, puis hocha la tête lentement.
— Oui… Hier soir. Mais je ne vois pas en quoi cela a changé quoi que ce soit.
Gabriel eut un sourire ironique.
— Vous en êtes sûre ?
Elle fronça les sourcils et son regard glissa instinctivement vers le stylo argenté posé sur le comptoir. Un objet qui était apparu après son vœu.
— Vous pensez que ce stylo… ?
— J’en suis certain, confirma Gabriel. Chaque souhait trouve une manière de se réaliser. Mais il y a toujours des conséquences.
Un silence pesant s’installa, avant qu’Élodie ne secoue la tête, exaspérée.
— C’est absurde. Ce ne sont que des coïncidences.
Gabriel ne répondit rien, se contentant de l’observer avec une intensité troublante.
— Faites-moi confiance, Élodie. Ne sous-estimez pas ce carnet.
Elle frissonna à l’entente de son prénom, qu’elle ne se rappelait pas lui avoir donné.
— Comment connaissez-vous mon nom ?
Gabriel la fixa un instant avant de murmurer :
— Parce que votre nom est inscrit dans le carnet.
Elle sentit son souffle se bloquer.
— C’est impossible.
— Allez voir par vous-même.
Hésitante, elle attrapa le carnet et l’ouvrit. Son cœur s’arrêta lorsqu’elle découvrit une nouvelle inscription, écrite à l’encre noire.
« Élodie Durand. Destinée à comprendre. »
Le carnet trembla légèrement entre ses mains. Lorsqu’elle releva la tête, Gabriel l’observait avec un regard grave.
— Il n’y a pas de hasard, Élodie. Vous avez été choisie. Et maintenant, vous devez décider si vous voulez découvrir la vérité… ou refermer ce carnet pour toujours.
Elle déglutit, la tête tournant sous le poids de ses révélations.
— Qu’est-ce que je suis censée faire maintenant ? murmura-t-elle.
Gabriel esquissa un sourire énigmatique.
— Accepter que la magie existe. Et qu’elle a peut-être besoin de vous autant que vous avez besoin d’elle.
1 commentaire
Eva Baldaras
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Il y a 6 jours