Fyctia

Le vent glacé s'engouffrait dans les rues pavées de Paris, soulevant quelques flocons qui virevoltaient sous les réverbères. Les guirlandes lumineuses brillaient aux fenêtres des boutiques, répandant une atmosphère chaleureuse dans la nuit hivernale. Pourtant, pour Élodie Moreau, cette féerie de fin d'année n'était qu'un décor de plus à traverser sans s'arrêter.

Elle resserra son manteau beige contre elle et poussa la porte de sa librairie, Les Mots Suspendus. Un tintement discret résonna, accueillant son retour. L'endroit était resté tel qu'elle l'avait laissé : de hautes étagères en bois recouvertes d'ouvrages anciens et récents, une douce odeur de papier et de vanille flottant dans l'air. Élodie aimait cet endroit plus que tout. Pourtant, ces derniers temps, un vide grandissait en elle, comme si son amour pour les livres ne suffisait plus à combler une attente silencieuse.

Elle se dirigea vers son comptoir et alluma une petite lampe, projetant une lueur dorée sur le bois verni. Ce fut alors qu'elle remarqua quelque chose d'insolite : un carnet, posé au centre du comptoir. Elle était certaine de ne pas l'avoir laissé là. Intriguée, elle le prit entre ses doigts. La couverture de cuir brun était légèrement usée, et des arabesques d'or décorées le bordaient avec élégance. Aucune indication de titre, aucun signe distinctif.

Elle l'ouvrit avec précaution. À l'intérieur, une première page comportait une simple inscription, tracée d'une encre sombre : "Écrivez un vœu. Il se réalisera."

Élodie fronça les sourcils. Une plaisanterie ? Un oubli d'un client ? Elle parcourut les pages suivantes, toutes vierges. Son cœur battait plus vite qu'elle ne l'aurait voulu. Elle avait toujours aimé les contes et les histoires empreintes de magie, mais elle était trop rationnelle pour croire en de telles absurdités. Pourtant, quelque chose dans ce carnet l'attirait.

Avec un soupir amusé, elle attrapa un stylo et hésita. Si elle devait faire un vœu, lequel serait-il ? Elle repensa aux Noëls passés, aux souvenirs d'enfance où elle croyait encore aux miracles. Elle secoua la tête et, dans un élan impulsif, elle écrivit : "Je voudrais recevoir un signe que la magie existe encore."

Elle referma le carnet, un sourire incrédule aux lèvres. Rien ne se passa. Evidemment. Elle rangea le carnet dans un tiroir et continua sa soirée, persuadée qu'elle l'oublierait vite.

Ce fut seulement le lendemain matin, lorsqu'elle ouvrit de nouveau la librairie, qu'elle découvrit une chose étrange. Posé sur le comptoir, là où se trouvait le carnet la veille, un petit paquet était apparu. Emballé dans du papier rouge satiné, il était accompagné d'une carte où était inscrit, d'une écriture fluide et inconnue : "La magie ne s'est jamais éteinte."

Élodie sentit un frisson lui parcourir l'échine. Qui avait laissé ça ici ? Et surtout, comment ?