Fyctia
Prologue
En cette nuit d'automne, une étrange activité troublait les couloirs des catacombes. À la lueur de lanternes fumantes, quelques hommes fouillaient sans relâche parmi les ossements. Un coup à boire avait suffi à détourner les gardiens et leur ouvrir le sanctuaire de la mort. Entre les piliers des anciennes carrières souterraines, bien loin des décors élaborés par des romantiques aux inspirations lugubres, ils prélevaient de pitoyables fragments, choisis avec soin : un crâne, des côtes, un ensemble de vertèbres qui disparaissaient aussitôt dans un sac de toile.
Une fois leur tâche accomplie, ils traînèrent cette sinistre moisson vers la surface et la chargèrent sur une charrette. Les roues ferrées claquèrent sur le pavé de la capitale endormie, pour s’arrêter devant une enceinte de pierre percée d’un discret portail. L’un des hommes sauta à terre en portant entre ses bras le butin de la nuit. Il s’engouffra dans un autre monde, chaotique et accidenté, où s’élevait une ville silencieuse de stèles, de chapelles et de mausolées ouvragés. L’intrus chemina à travers les allées jusqu'à un secteur presque abandonné, où la végétation étreignait des dalles moussues et des monuments fendillés. Il déposa le sac sur l’une des tombes et se hâta de disparaître.
Une silhouette se dégagea des ombres, drapée d’un ample vêtement blanc. Quand elle se pencha, sa chevelure se déroula comme une vague ténébreuse. Avec une patience emprunte de tendresse, elle assembla les ossements, un à un, en chantonnant d’une voix douce :
« Ce que donne la nuit, la Vierge filera…
Ce que le temps a pris, la Tisseuse rendra…
Ce qui défie la vie, la Lune reprendra… »
Quand, enfin, la femme recula, un squelette complet reposait sur la plaque de marbre. Elle leva vers la voûte obscure un regard aux reflets de sang et cria une dernière invocation, dans une langue que personne n’avait entendue depuis des siècles, voire des millénaires.
Comme tombés du ciel de nuit, de longs filaments lumineux apparurent et vinrent s’enrouler autour des ossements. Peu à peu, ils s’épaissirent et prirent substance, modelant les contours d'un corps diaphane. Quand le chant cessa, une forme immobile, à la peau nacrée et aux cheveux couleur de lin, gisait sur la tombe.
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Mac Leod
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