Fyctia

Ayza

-Allô? Nan maman j’ai pas le temps je suis avec Ayza, laisse moi.

Cércis raccrocha brutalement et m’entraîna d’un pas pressé vers sa chambre pour la troisième fois de la semaine. Elle exerçait toujours cette même pression sur mon poignet, ça me faisait mal mais je ne disais rien. Je croisai son regard et elle me sourit, je tentai de le lui rendre du mieux que je pouvais mais la boule qui bloquait ma gorge m’empêchait d’être sincère. Une fois entrée, je n’eu pas le temps de faire quoi que ce soit qu’elle me poussa sur le lit. Cette fois-ci encore, elle me fit mal et cette fois encore je ne dis rien. Elle monta à califourchon sur moi et me murmura :

-J’y vais ?

Question rhétorique puisque ses mains se baladaient déjà sous mon tee-shirt. Mais voyant que je ne répondais pas, elle se redressa :

-Ayza, c’est bon, j’y vais ? Son ton était sévère.

Non, ce n’était pas bon. C’était affreux.

Arrête!

Avais-je envie de crier. Mais mes larmes m’en empêchaient. De toute façon, comment pouvais-je lui dire non ? Elle y étais déjà. Ses paroles étaient vides, elle était déjà partie à la conquête de ma terreur.

Comment pouvais-je lui dire non, aussi, quand je savais bien que si je le faisais elle redeviendrait froide et piquante. Et puis si elle en avait envie, moi aussi je devrais, nous étions un couple après tout… Je lui avais déjà dit oui à chaque fois sans en avoir réellement envie, pourquoi pas un jour de plus ? J’avais du mal à respirer, mal au ventre et une terrible envie de pleurer. Si c’est ce que l’on ressentais à chaque fois, je ne croyais pas être faite pour faire l’amour. Malgré tout, j’acquiescai, les larmes dévalant du coin de mes yeux les unes après les autres. Sans discontinuer. Étais-ce normal de pleurer autant dans ce genre de moment? Ne devait-elle pas s'arrêter?

Et elle continua ce qu’elle avait commencé sauf que cette fois c’était trop. Je détestais ça, ses mains partout sur mon corps m’oppressaient, je voulais arrêter. J’essyai de crier ou de bouger mais rien n’y faisait. Mon corps ne m’obéissait plus.

-NON CÉRCIS STOP ! Je… ne veux pas!

Je me réveille d’un bond, mon cœur battant bien trop fort. Ma chambre apparaît à travers mes larmes. Encore ce cauchemar. Mon cerveau a une fâcheuse tendance à se servir de souvenirs douloureux pour créer des cauchemars qui le sont encore plus. Ma respiration saccadée ne veut pas se calmer, mes poumons me brûlent, je tremble et ma tête tourne. J’allume ma lumière mais cela ne suffit pas à m’apaiser. C’est dans ce genre de moment que je viens à regretter de vivre seule. Je sais déjà qu’il est trop tard, la crise d’angoisse a commencé. Je me recroqueville sur moi-même, et essaie les exercices de respiration que j'ai appris.

Inspire 1 2 3 expire. Inspire 1 2 3 expi-

Je vais mourir.

Je n’arrive plus à respirer.

Je vais mourir. Je vais mourir, ça ne va jamais s’arrêter.

Ma vie s’arrête là.

Je réessaie d’inspirer mais ça me donne l’impression de suffoquer. Comme si mes poumons rejetaient tout oxygène. Ne sont-il pas fait pour ça? C’est la troisième fois de la semaine que je me réveille en plein milieu de la nuit et fais une crise. Je suis épuisée, pourtant je ne peux qu’endurer. Le sommeil me fait peur. Et lorsque je suis réveillée…

Inspire 1 2 3 ?

JE VAIS MOURIR.

Je vais mourir.

Je vais mourir.

Mourir.

10, 20, 30 minutes passent et je ne suis toujours ni calmée ni endormie. La sonnerie de mon téléphone me fait sursauter. Je l’attrape. Un numéro inconnu. Je ne suis pas certaine que répondre au beau milieu d’une crise d’angoisse – à un inconnu en plus – soit susceptible de m’aider. Cependant j’ai lu quelque part que le contact humain, autant vocal que physique, peut faire du bien lors de crise. Au point où j’en suis, je répondrais même à quelqu’un qui veut me vendre des éponges. Le temps d’y réfléchir vraiment, je finis par décrocher au bout de la deuxième sonnerie.

-Allô ? Fais-je de ma voix tremblante.