Fyctia

Mes yeux se font lourds et mon livre devient flous... Je cogne des clous, mais je veux absolument terminer de lire mon livre. Mais mon corps me dit le contraire, me dit d'aller me coucher et d'aller dormir. Avec un petit soupir, je ferme doucement mon livre, le pose sur ma table de chevet et regarde l'heure.

Deux heures du matin.

Si ma mère voyait que je suis toujours éveillés à cette heure, je passerais un mauvais quart d'heure... Finalement, j'éteint ma lumière et couche ma tête contre mon oreiller frigorifié. Lentement, je me tourne pour me mettre sur le dos, le visage face à mon plafond. Au dessus de moi, mon plafond est blanc, comme toujours et comme le reste de ma chambre. C'est énervant de réaliser que quand je lisais, je dormais debout et que, maintenant que j'ai lâcher mon livre et que je suis prête à dormir, mon cerveau refuse de me faire dormir.

Comme quoi mon cerveau a sa propre logique... Comme mon esprit et mon coeur. Ils sont tous si différent et pourtant, ensemble, ils me forment, moi. Souvent, j'ai l'impression d'être en conflit avec moi même car mon coeur, mon esprit et mon cerveau ne s'entende jamais sur quelque chose. Sauf, peut être sur la nourriture. Là dessus, absolument tout passe, sauf les produits animaliers.

C'est bizarre que le moment où mon esprit dépense le plus de temps à penser est celui que je devrais occuper avec le repos. Un petit sourire nait sur mon visage : je sais exactement ce que me dirais mon meilleur ami en ce moment. Il me dirait, mot pour mot :

– Crystal, il faut que tu dormes ! Enfin, tu as besoin de sommeil ! À moins que tu ne sois un zombie... Mais ça m'étonnerais. Alors, tu m'as compris ? Tu ne dois... Non, tu dois dormir !

Il est étrange, Jake. Il est si loyal, attentionné et on pourrait croire qu'il est timide. Mais c'est se mettre le doigt dans l'oeil : il n'y a pas plus extraverti que Jake. Toujours à aller vers les autres, à vouloir de l'attention, à raconter des anecdotes...

Mon regard dévie sur le cadran et je sursaute violemment en voyant l'heure qu'il est : trois heures du matin. Comment une heure a-t-elle pue passer aussi rapidement ? Fâcher contre moi, je me couche sur le coter et ferme résolument mes yeux, me débarrassant de l'envie de reprendre la lecture de mon livre. Et c'est ainsi que je sombre dans le sommeil...

***

J'éteints mon cadran dans un geste rageur, je déteste le bruit que font les cadrans le matin. Et puis, ce matin, c'est encore pire, je n'ai eu droit qu'à trois heures de sommeil : je dois me lever à six heures du matin. Je me lève péniblement de mon lit et je titubes jusqu'à la salle de bain. Ensuite, je mange au ralentis pour ensuite aller me changer et quand je suis enfin prête, je prends mon sac-à-dos, le mets sur mon dos et pars dehors, pour aller attendre à mon arrêt d'autobus.

Rendu là-bas, j'y retrouve mon meilleur ami, Jake, qui m'accueille avec un sourire chaleureux.

– Bien dormi ? me demande-t-il.

– Pas pire...

– Crystal... Il faut que tu dormes ! Enfin, tu as besoin de sommeil ! À moins que tu ne sois un zombie... Mais ça m'étonnerais. Alors, tu m'as compris ? Tu ne dois... Non, tu dois dormir !

Je réprime un rire : justement, il y a quelque heures à peine je me suis imaginée ce qu'il dirait en me voyant le matin et il a dit exactement ce que je croyais. Je le connais trop bien.

– Si tu crois que c'est moi qui décide si je m'endors ou non...

Jake me lance un regard décourager et entre dans l'autobus qui vient juste d'arriver, suivit par moi. Nous laissant tomber sur un banc, je sors mon horaire pour le regarder en vitesse.

– Alors ? me presse Jake.

Mais je ne lui réponds pas. Je suis trop absorbée par quelque chose d'autre, quelque chose à laquelle je n'avais jamais accordée grande importance.

– Crystaaaaal... Crystaaal...?

Je me tourne brutalement vers lui.

– Tu ne trouves pas que les ombres, c'est un concept étrange ?

Il roule les yeux.

– On a quoi aujourd'hui ?

Je soupire bruyamment.

– Musique, français, anglais et science. Justement, je devrais peut être parler des ombres avec le professeur de science...

– Je te ferais remarquer que les ombres, ce n'est pas en sujet avec ce qu'on voit en ce moment. Et puis, où est le plaisir dans parler des ombres ? Ça n'a rien d'impressionnant, Crystal. Tu es vraiment la seule à qui ça peux arriver, ce genre de prise de conscience là...

Il secoue lentement la tête, mais je ne l'écoute pas. Je pense vraiment que les ombres sont étrange. Depuis quand ? Depuis à peine quelque minutes. Mais je suis sûre qu'il y a quelque chose d'étrange là-dedans.

Finalement, après un long trajet d'autobus, Jake et moi entrons dans l'école et, rendu au casier, je prends mes choses pour aller en musique. Et, comme d'habitude, j'attends Jake qui a perdu ces partitions. Bien entendu, je retrouve ces partitions qui sont à la même place qu'à chaque fois : en dessous de ses souliers.

– J'espère que tu as arrêter de pensé à ces ombres... chuchote-t-il à mon oreille, quand nous sommes rendus devant le local de musique.

– Non. Et je maintient le fait que les ombres, c'est louche.

– Ouais, comme les feuilles des arbres et comme le soleil... Je le sais, les ombres c'est bizarre...

Il lève les yeux au ciel et je fronce les sourcils.

– Hey ! J'ai arrêter de croire que les feuilles sont louche et le soleil, c'était en première année que je le trouvais louche...

Un petit sourire en coin nait sur son visage.

– N'empêche, tu es étrange, Crystal.

Je lève les yeux au ciel et je m'assied à ma place quand le cours commence. Ensuite, nous jouons pendant près d'une heure quinze minutes et après le cours, beaucoup sortent dehors.

– Regarde leurs ombres... que je murmure à l'oreille de Jake.

– Tout le monde ! hurle-t-il alors. Attention à vos ombres, Crystal les trouvent louches ! Alerte rouge, alerte rouge !

Je deviens alors rouge tomate et je pousse Jake à l'épaule et je lui lance un regard noir, auquel il me réponds par un sourire satisfait.

– Je te dit que les ombres sont louches !

Mais rien qu'à ses yeux, je sais que c'est peine perdu d'essayer de le convaincre.