Fyctia
Chapitre 2: Retrouvailles
— Tu comptes rester assise dans la neige toute la soirée, Emma, ou je dois appeler les secours ? plaisanta Adam en me tendant une main ferme pour m’aider à me relever.
Je levai les yeux vers lui en affichant un sourire faussement agacé, ignorant la douleur cuisante de ma dignité meurtrie.
— Ça fait à peine dix secondes que je suis là et je regrette déjà d’être revenue, répliquai-je en époussetant maladroitement mes vêtements. J'avais les fesses trempées et l'humidité s'insinuait dans toutes les parties de mon corps.
— Arrête de râler, ça te donne encore plus l’air d’une citadine, rétorqua-t-il en riant. Allez, viens ici.
Il me serra contre lui dans une étreinte chaleureuse qui chassa un peu du froid glacial accumulé pendant le voyage. Adam avait beau avoir troqué l’armée contre l’uniforme de gendarme local, il gardait toujours cet air espiègle et protecteur qui m’avait tant manqué.
— Je suis ravi de voir que ta maladresse légendaire est intacte, ajouta-t-il d’un air malicieux.
— Oh, tais-toi ! lançai-je, lui donnant un léger coup sur l’épaule avant de sourire malgré moi.
— Les enfants, coupa ma mère avec tendresse, si on rentrait avant de finir congelés sur place ?
À peine avions-nous franchi la porte que les odeurs familières de mon enfance me submergèrent. Des pommes étaient sûrement en train de cuire au four pendant que le chocolat fondait dans une casserole.
Je respirai profondément, laissant la nostalgie me gagner. J'entrevis mon père qui prenait plaisir à s'atteler aux fourneaux. Il du sentir ma présence ou tout simplement le courant d'air créé par la porte d'entrée, et il se retourna avec un grand sourire.
— Comment va ma princesse ?
Je ris de bon coeur et me blottis dans ses bras frêles. Les dernières nouvelles à propos de sa santé n'étaient pas bonnes. On lui avait diagnostiqué une démence sénile précoce. Obligé d'abandonner sa librairie adorée, j'avais eu le coeur brisé de l'imaginer se retrouver ainsi dépourvu.
— Et toi ? Comment te sens-tu papa ?
— Comme un vieux si tu veux tout savoir.
Je souris affectueusement à mon pilier, mon roc, celui en qui j'avais toute confiance.
— Notre petite Emma a rencontré Samuel, annonça soudainement ma mère.
— D'ailleurs ! Qui est donc cet animal grincheux ? Je vous avoue que j'aurais préféré un accueil un peu plus sympathique pour mon retour au bercail, ironisai-je.
— Ne me dis pas que tu t'es déjà fait un ennemi ! railla Adam.
— Tu aurais du voir sa colère ! Il avait l'air d'un bûcheron sanguinaire ! Un peu de plus et je finissais aux faits divers alpins...
— Tu exagères ma chérie ! Samuel est adorable avec moi et ton père. Il loge depuis deux ans dans l'annexe que nous avons rénové et nous n'avons jamais eu à nous en plaindre.
— Maman... tout le monde mériterait d'être canonisé à t'entendre !
Le claquement sec de la porte d’entrée me fit sursauter et je vis Samuel entrer, les joues rouges de froid.
— Désolé de déranger votre petite réunion, mais votre voiture est garée, annonça-t-il en secouant ses cheveux couverts de neige.
— Merci beaucoup, Samuel, dit ma mère en souriant chaleureusement. Tu veux rester prendre un chocolat chaud pour te réchauffer ?
— Non, merci, je ne voudrais pas gâcher ces charmantes retrouvailles, répondit-il d'un ton ironique, son regard posé intensément sur moi.
— Oh, je suis sûre qu’Emma sera ravie d’avoir l’occasion de s’excuser à nouveau, insista ma mère avec un sourire innocent.
Je lançai à Samuel un regard qui se voulait neutre, mais qui, j’en étais certaine, laissait transparaître toute l’irritation que je ressentais.
— Très bien, accepta-t-il finalement en retirant son manteau. Je suppose que je peux survivre à un café.
— Quelle bravoure, murmurai-je sarcastiquement.
Samuel me lança un regard en coin, un sourire narquois flottant sur ses lèvres.
— Je vous ai entendu, vous savez. La discrétion n’est clairement pas votre point fort.
— Et la courtoisie, visiblement pas le vôtre, rétorquai-je sèchement.
Adam étouffa un rire en secouant la tête, amusé.
— Je vois que la soirée s'annonce animée, commenta-t-il.
Samuel s'installa près de la cheminée, et malgré moi, je ne pus m’empêcher de remarquer la façon dont les flammes dansaient dans ses yeux. Cette observation me troubla plus que de raison. Agacée par mes propres pensées, je détournai rapidement le regard.
— Alors Emma, reprit Samuel, vous êtes revenue pour fuir Paris ou simplement pour détruire nos installations communautaires ?
Je sentis mes joues chauffer dangereusement sous le poids de son regard moqueur.
— Je suis revenue pour les fêtes, répondis-je froidement. Et croyez-moi, votre précieuse bibliothèque n’était pas ma cible principale.
Samuel leva les mains en signe d'apaisement, mais le sourire taquin ne quittait pas ses lèvres.
— Bien sûr, je plaisantais. Je ne voudrais pas réveiller votre colère redoutable, dit-il avec une pointe de provocation.
Je soupirai profondément, décidant d’ignorer ses provocations. Mais intérieurement, je devais avouer que cet homme aussi irritant que séduisant venait dangereusement compliquer mon retour à Lac Sur Iver. Quelque chose me disait que Samuel allait rapidement devenir mon principal problème cet hiver.
29 commentaires
Aline Puricelli
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Il y a 8 jours
MelinaSANYA
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Il y a 6 jours
mima77
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Il y a 10 jours
MelinaSANYA
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Il y a 6 jours
La rêveuse d'encre
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Il y a 12 jours
MelinaSANYA
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Il y a 6 jours
MarwanS
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Il y a 14 jours
MelinaSANYA
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Il y a 14 jours
Krissa Danos
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Il y a 15 jours
MelinaSANYA
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Il y a 14 jours