Fyctia

Elle

Je ne voyais plus très clair. Le monde autour de moi devenait flou, irréel. La douleur, si intense quelques secondes plus tôt, commençait à s’estomper. Une étrange sérénité envahissait doucement mon corps, comme une vague chaude et apaisante qui me poussait vers l’oubli. Mes jambes ne me portaient plus, et je glissai lentement au sol. Autour de moi, un liquide chaud et poisseux se répandait.

Je savais que je devrais avoir peur, me battre, crier. Mais l'envie de lâcher prise était si tentante. Mes paupières se fermèrent doucement, bercées par une voix intérieure qui me disait que tout irait bien. À travers mes cheveux collés par le sang, je distinguai vaguement une silhouette penchée sur moi, indistincte. Était-ce un ange ou le visage du mal ?

Un sursaut me força soudainement à ouvrir les yeux. Je ne pouvais pas abandonner. La douleur revint violemment, me poussant à lutter. Je rampai désespérément vers mon téléphone, chaque mouvement me semblant interminable. Les touches glissèrent sous mes doigts tremblants, le sang brouillait ma vue. Après un effort surhumain, j'entendis une voix lointaine, comme un murmure d'espoir au milieu de mon cauchemar.

Puis, soudain, tout devint noir.

Lui

Je ne l'avais jamais vu dans un tel état. Il ressemblait à une bête sauvage, enragée, les yeux brillants d’une folie inquiétante. Dès son arrivée ce soir-là, j’avais senti que les choses seraient différentes. Et malgré les efforts désespérés de maman, ses cris avaient rapidement résonné dans l’appartement.

J’étais caché dans l’ombre, impuissant, comme d’habitude. Je connaissais bien cette routine terrible. Mais cette fois, tout bascula quand il attrapa le plat posé sur la table. J’aurais voulu crier, intervenir, mais je restai figé, terrifié. Le choc résonna dans mes oreilles, maman s'effondra au sol, immobile.

Je ne réalisai vraiment ce qui se passait que lorsqu’il quitta la pièce, en claquant violemment la porte. Tremblant, je me précipitai vers elle. Je pris doucement sa main froide dans la mienne, suppliant silencieusement qu’elle ouvre les yeux, qu’elle me sourie encore une fois. Mais son regard vide me fit comprendre ce que mon cœur refusait d’accepter.

Mes doigts tremblants composèrent le numéro des urgences, tandis que mon esprit sombrait lentement dans un brouillard glacé.

— Je crois que… ma mère est morte.

Ma voix résonna comme un écho étranger. Le silence retomba lourdement autour de nous. Puis, je sentis une petite main se poser timidement sur mon bras. Je levai les yeux vers Ryan, mon petit frère. Ses grands yeux effrayés me regardaient, cherchant désespérément du réconfort.

Désormais, nous étions seuls face à l'inconnu.

Quelque part, ailleurs

Dans la faible lumière d’une lampe de bureau, des mains ridées firent lentement tourner une étrange boule à neige. À l’intérieur, une fine poudre tourbillonnait doucement, révélant une silhouette perdue dans une tempête miniature. Une voix rauque murmura alors :

— Tout commence avec elle…