Fyctia
8. Aux grands maux... (p.3)
Hunter croisa les bras devant son torse. Il avait remis un t-shirt, mais il n’avait pas dû se sécher avant, parce que ses muscles étaient très visibles par dessous. C’était un spectacle atroce duquel je fis tout pour détourner les yeux.
— C’est moi qui devrais me plaindre, fit-il avec une grimace. Il était tellement mauvais, je ne vois pas qui d’autre aurait pu en vouloir.
— Les enfants, fit Isaac en levant les mains en l’air en signe d'apaisement. Pas que je n’apprécie pas d’assister à ces retrouvailles mais -
— lls sont excellents, c’est toi qui a le palais d’un doberman.
Hunter me fit un grand sourire teinté de cruauté.
— Je pense que même un doberman n’en voudrait pas, désolé.
D’accord.
Les grands yeux de biche de Nora me jetèrent un regard inquiet, mais je me sentais extrêmement calme. Une colère froide envahit mon corps, et je m’approchai de lui. Il me regarda avancer, sourire narquois et sourcil relevé, comme s’il me mettait au défi de faire quoi que ce soit.
Je n'essaierai même pas de justifier ce que je fis ensuite. Je remarquai que nous étions vraiment très, très près du bassin. À quelques pas, même. Alors une fois que je fus suffisamment proche de lui, je plaquai mes mains sur son torse, et je le poussai.
Il ne s’y était pas attendu - je ne m’y étais pas attendu non plus - et bien qu’il eut l’avantage du poids et de la force sur moi, la surprise suffit à le faire reculer de deux pas. Assez pour qu’il glisse sur le rebord de la piscine et ne bascule dans l’eau, les yeux écarquillés. Ce que je n’avais pas anticipé, était qu’il agripperait mon haut dans une tentative pour se rattraper et m’entraînerait avec lui. Nous tombâmes tous les deux dans un gigantesque SPLASH qui éclaboussa tout notre petit groupe, et le poids de Hunter nous entraîna presque jusqu’au fond de la piscine.
Le chlore me piqua les yeux avant que je ne puisse les fermer et mes vêtements rendaient mes mouvements lourds et lents sous l’eau. Je n’avais pas eu la présence d’esprit de prendre une goulée d’air avant mon plongeon, et l’oxygène commença immédiatement à me manquer. Je pris appui sur le sol carrelé de la piscine, et donnai un coup pour me propulser vers le haut.
Ce fut alors que je sentis la main de Hunter se refermer sur mon poignet et me tirer vers le bas.
Je laissai échapper une nuée de bulles et me tournai vers lui. Sa silhouette floue me faisait penser à celle d’un monstre. Non mais à quoi il joue ? Est-ce qu’il a pété un plomb ? Je crus percevoir l’ombre d’un sourire sur son visage, et mon cœur se mit à battre à tout rompre. Je me débattis comme un beau diable, le griffant, le frappant, y mettant toutes mes forces dans l’espoir qu’il me lâche. Mes poumons brûlaient dans ma cage thoracique. Bientôt, j’allais être forcée de boire la tasse. Il n’y a personne là-haut ? songeai-je en désespoir de cause. Personne qui peut voir ce qu’il se passe ?
Désespérée, j’arrêtai enfin de me débattre et fermai les yeux aussi fort que possible. J’étais absolument terrifiée.
Et à cet exact moment, la main qui me maintenait au fond de la piscine me tira dans le sens opposé. Hunter remontait à la surface et m’y emmenait. En moins d’une seconde, nous emergeâmes de l’eau. Moi, à moitié asphyxiée, toussant comme une perdue. Hunter, complètement calme.
— Oh my god, Ariane ! s’exclama Nora en accourant. Tout va bien ? Qu’est ce qu’il s’est passé ?
Je continuai de tousser et de haleter. Hunter fronça les sourcils.
— Je ne sais vraiment pas. J’ai l’impression qu’elle a fait une crise d’hystérie. Regarde ça, ajouta-t-il en arborant son bras couvert de griffures. C’est ce qu’elle m’a fait quand j’ai essayé de la remonter. Heureusement, je crois que le manque d’oxygène a fini par la priver d’énergie et j’ai pu l’aider.
Mais quel connard. Isaac et Constance me regardaient avec un mélange de pitié (surtout Isaac) et de dégoût (surtout Constance). Le regard de Simon, illuminé par une indéchiffrable lueur, faisait lui l’aller-retour entre Hunter et moi.
— Tu as… réussis-je à dire entre deux quintes de toux. Essayé… de me… tuer.
Hunter écarquilla les yeux, visiblement estomaqué.
— Bordel, Ariane. On est pas les meilleurs amis du monde, mais si je voulais te faire la peau j’éviterais de le faire devant une centaine de témoins, y compris nos amis proches, tu ne crois pas ? Et je te signale quand même que c’est toi qui m’a poussé ! C’est quoi ton problème ?
— Tu m’as… tenu… pour… m’empêcher de… remonter.
Silence autour de la piscine. Nora se mordit la lèvre.
— Tout ça a dû être assez traumatisant pour toi, fit-elle avec douceur. Tu veux qu’on rentre ? On pourra aller se prendre un smoothie.
J’étais sur le point de protester, quand la voix de Simon nous interrompit :
— Non.
Nora se tourna vers lui, confuse. Il eut un petit sourire à mon attention.
— Je te ramène.
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CoraliaDell
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