Fyctia
8. Aux grands maux... (p2)
— Salut Ariane, me dit-il avec un sourire en me voyant approcher.
Mon estomac se mit à faire des galipettes, sans doute à cause de la chaleur.
— Hey, répondis-je. Bravo pour ta victoire. Enfin, tes victoires, corrigeai-je en désignant la collection de médailles qu’il tenait à la main.
— Merci ! C’était la première fois que tu venais à une rencontre ? s’enquit-il avec curiosité. Qu’est ce que tu en as pensé ?
Que c’était pire que la mort.
— C’était sympa ! m’enthousiasmai-je, dans une sorte d’imitation de Nora. Pour être honnête, je n’aurais jamais pensé qu’il y avait autant de courses différentes.
Simon hocha sérieusement la tête.
— C’est vrai ! Mais toutes sont uniques quand on y réfléchit bien. Tiens, par exemple, le 50 mètres…
Oh non. Pas question de me taper le replay.
— Est-ce que tu veux un cookie ? l’interrompis-je en désespoir de cause.
Il cligna des yeux, surpris, puis haussa les épaules.
— Sûr, pourquoi pas ?
Je sortis mon tupperware, dans lequel restait encore une vingtaine de biscuits, et lui tendit. Il m’offrit un autre de ses sourires lumineux et en piocha un.
— Crois-le ou non, mais ça me fait presque plus plaisir que ces trucs, dit-il en désignant ses médailles.
Je décidai de ne pas le croire, mais ça me fit un peu rougir quand même.
Soudain, nous fûmes interrompus par la dernière personne que j’avais envie de croiser. Enfin, la dernière après Hunter, s’entend.
— Non mais j’y crois pas, c’est bien toi Ariane ? s’écria Isaac en arrivant à notre hauteur en quelques grandes enjambées.
Isaac était le genre de personne qui prenait de la place, je n’aurais su comment l’expliquer autrement. Il n’était pourtant pas plus imposant physiquement que ses coéquipiers. Mais c’était comme si sa personnalité était trop large pour être contenue dans son enveloppe corporelle et débordait de tous les côtés. Isaac était le mec fun. Le blagueur. Celui à qui on pardonnait d’être insupportable parce qu’il était riche et drôle et organisait les meilleures soirées du pays.
Constance était cramponnée à son bras et me regardait avec un air constipé.
— Isaac, le saluai-je froidement.
— Meuf, où t’étais passée ? continua Isaac en riant. J’ai l’impression que je ne t’ai pas vu depuis une éternité. Viens me faire un câlin !
Il ouvrit les bras puis s’interrompit devant mon regard de pure horreur.
— Ah, merde, c’est vrai, fit-il, c’est toi la fille qui veut qu’on te fasse une demande écrite pour chaque contact physique, hm ? Les filles de nos jours sont tellement bizarres. Je vous adore hein, mais vous êtes chelou.
— Pas moi, contra Constance, le nez froncé.
— Tu es la plus bizarre du lot, mais c’est pour ça que je t’aime, roucoula Isaac en la serrant contre lui.
— Isaac, lui proposai-je placidement. Est-ce que tu veux un cookie ?
Il examina mon contenant pour juger s’ils étaient à sa hauteur - j’imaginai - puis haussa les épaules.
— Ouais, pourquoi pas.
Il en arracha une miette pour nourrir son animal de compagnie, oups, pardon, excusez-moi, sa fiancée. Elle fit la moue mais l’accepta de mauvaise grâce.
— Si je ne rentre plus dans ma nouvelle robe je te blâmerai, je te préviens.
Isaac éclata de rire comme si c’était la chose la plus drôle qu’il avait jamais entendu. Ces gens étaient très, très étranges. Et en parlant de gens étranges, je vis Nora arriver vers nous, les joues rougies, et tirant Hunter par la main.
— Hey tout le monde ! Vous nous faites une petite place dans votre cercle ? Isaac, bravo pour le 400m nage libre ! Tu as battu ton record, non ? le félicita-t-elle.
Le visage du nageur s’illumina.
— Exactement ! J’ai écrasé la concurrence sans leur laisser la moindre chance. Et toi mec, ajouta-t-il en s’adressant à Hunter. T’as intérêt à nager contre moi la prochaine fois - un peu de compétition dans le bassin, ça ne me ferait pas de mal.
Hunter eut un sourire en coin.
— Moi qui pensais être un bon pote en te laissant gagner une course pour que tu puisses crâner devant ta copine.
— Ouais, ouais, que des paroles, je dis !
Je vis Constance faire les gros yeux en entendant Hunter la qualifier de ‘copine’, et encore plus lorsque Isaac ne prit pas la peine de le corriger. J’en aurais eu de la peine pour elle si je n’étais pas aussi occupée à intérieurement ricaner comme une hyène. Le regard glacé de Hunter sur ma personne interrompit toutefois cette micro-seconde de satisfaction.
— Je te vois beaucoup trop, dernièrement, dit-il.
— Tu es libre de fermer les yeux, répliquai-je.
Pas ma meilleure répartie, je l’admettais. Il ne répondit pas et avisa plutôt mon tupperware encore à moitié plein. Sans s'embarrasser de politesse, il en piocha un et mordit dedans avant de froncer le nez.
— Ouah, ils sont vraiment dégueulasses, commenta-t-il.
— Excuse-moi, sifflai-je, piquée au vif par sa remarque. Je ne crois pas t’en avoir proposé un.
Hunter leva les yeux au plafond.
— Quoi, tu les as ramené pour qu’on les observe ?
— La raison pour laquelle je les ai ramenés ne te regarde pas, et leur présence dans cette piscine ne constitue pas une permission implicite pour que tu te serves sans mon consentement !
— Non mais t’es complètement malade ! fit Hunter.
— J’ai craché dans la pâte, déclarai-je pour l’embêter.
— Hein ? s’exclama Nora, offusquée.
— Quoi ? fit Isaac, offensé.
— Quoi ? croassa Constance, révulsée.
— Vraiment ? fit Simon derrière moi, alarmé.
Flûte, je l’avais oublié. Je me tournai vers lui avec un regard d’excuse.
— Non, bien sûr que non, répondis-je doucement. C’est faux. J’ai juste dit ça parce qu’il n’aurait pas dû me voler mes cookies.
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Orléane
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Diane Of Seas
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Serahne
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Gabrielle H. Davis
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Emeline Guezel
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