Serahne Les Meilleures Intentions du Monde 8. Aux grands maux... (p.1)

8. Aux grands maux... (p.1)

... les grands plongeons.


Piscine de Fairmont

9 avril 2023 - 10h08


Au moment où les équipes entrèrent dans la piscine, les gradins explosèrent. Pas littéralement (malheureusement), mais une explosion de hurlements. De joie ? D’extase divine ? Aucune idée. On se serait cru dans les années 60 à un concert des Beatles. Tout cela me dépassait et me donnait aussi pas mal envie de réaliser une étude sociologique.


— Voilà pour commencer l’équipe de Canton, annonça le haut-parleur, menée par leur capitaine, Harvey Lancaster !


Harvey Lancaster était grand, musclé et suivi par une dizaine de types tout aussi grands et musclés. On aurait dit qu’ils avaient été faits à la chaîne, sur une ligne d’assemblage. Un des nageurs attrapa un baiser que lui lançait depuis les gradins une fille qui devait sans doute être l’équivalent Canton… ois, dirons-nous, de Constance.


—Et voilà ensuite l’équipe de Fairmont, menée par leur capitaine, Simon Gransart !


Je croisai le regard de Nora, laquelle paraissait sincèrement surprise. C’est donc lui la mystérieuse épine dans le pied de Hunter, songeai-je. En dépit de ce que j’avais pu croire plus tôt, cela me le rendait en effet plus sympathique. Les ennemis de mes ennemis, vous connaissez la chanson.


La compétition démarra, et au début, c’était un peu intéressant. Chaque côté de gradin encourageait son équipe, les courses étaient relativement courtes, et même si je ne comprenais pas toujours ce qu’il se passait au milieu des éclaboussures, le spectacle restait esthétiquement sympa à regarder, pour des raisons évidentes. Hunter gagna toutes les courses auxquelles il participa - évidemment - et Simon aussi, ce que Nora me fit remarquer par ses nombreux coups de coudes.


Et puis au bout d’un moment, ça commença à devenir un peu la même chose. Je n’étais même pas au courant qu’il y avait autant de courses différentes. Et allez qu’il y avait le 200m papillon, et le 400m quatre nages, et le relais 4X200m, et le dos crawlé 800m… Le pire fut de loin de 1500m. Je n’en pouvais plus de les voir faire des allers-retours dans leur bassin, comme des poissons dans leur bocal trop petit.


Si vous voulez nager tant que ça, allez à la mer bon sang !


Mais d’après l’euphorie ambiante, j’étais la seule à voir la vacuité du spectacle. Les spectateurs criaient, encourageaient leur équipe - ou leur nageur - préférée, riaient, tempêtaient, criaient. Même Nora à mes côtés était sur le bord de son siège, les yeux fixés sur le bassin. J’avais l’impression d’être dans une émission de caméra cachée, que tous les gens autour de moi étaient des acteurs payés pour faire semblant d’être investis dans cette rencontre et que les producteurs attendaient de voir combien de temps il me faudrait pour me rendre compte du canular.


La dernière course eut lieu vers midi et demi. J’étais dans un coma discret à ce moment-là de la journée : en apparence vivante et réactive, en réalité complètement déconnectée du reste du monde. Une vague de hurlements plus fort que les autres me ramena brutalement sur Terre et je compris que c’était fini. Fairmont avait gagné, à la surprise de personne. Hunter remportait quatre médailles individuelles, et Simon trois, mais vu qu’il était capitaine, c’était aussi à lui qu’on remit la plus importante, celle signifiant la victoire de son équipe sur celle de Canton.


— Viens, on va les voir ! s’exclama Nora. Tu as tes cookies ?


J’avais mes cookies. Et aucune raison (que je pouvais lui donner) de ne pas la suivre. Elle me traîna jusqu’à l’équipe. Une partie des nageurs étaient partis rejoindre le vestiaire, mais il en restait cinq ou six qui se mêlaient au peuple. Nous dépassâmes Isaac qui ramonait les amygdales de Constance avec tant de langue et de salive que je m’attendais à ce qu’un bandeau ‘déconseillé aux moins de seize ans’ ne poppe de nulle part pour protéger la vertu des plus jeunes.


Simon était près du bassin et saluait rapidement le capitaine adverse. Hunter était un peu plus loin et son regard glacial se porta immédiatement sur moi dès le moment où il remarqua ma présence.


— Vas-y, dis-je à Nora. Je te rejoins, je vais juste voir si Simon veut euh, un cookie.


Nora gloussa.


— Pas de soucis ! Je dirais à Hunter que tu le félicites pour ses victoires.


Non, pas la peine. Mais je n’eus le temps de rien dire qu’elle s’éloigna déjà. Je soupirai. Je n’avais pas peur, d’accord. Je voulais juste éviter de faire une esclandre. Ironiquement, et bien que cela soit contradictoire avec notre première rencontre, j’avais la certitude que le sang risquait moins de couler si je me concentrais sur Simon.


Et bon, lui parler, ce n’était pas non plus un sacrifice inhumain de ma part.



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8 commentaires

CoraliaDell

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Il y a 5 mois

J'adore tellement son caractère détaché de tout haha 🥰

Gabrielle H. Davis

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Il y a 10 mois

Je veux la discussion avec Simon tout de suite 😔

Rose Olivier

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Il y a 10 mois

💜

Emeline Guezel

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Il y a 10 mois

À jour 🥰

Diane Of Seas

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Il y a 10 mois

Ah ! Je suis certaine que ce sacrifice, tu serais capable de le refaire. Hunter on s’en fout, en effet. Simon lui, il en vaut la peine. ☺️

François Lamour

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Il y a 10 mois

Like du "Connard romantique" 😁

CMoimême

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Il y a 10 mois

hello Petits likes de soutien :-) n'hésite pas a venir faire un tour sur mon histoire si tu veux ;-)
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