Mouna Les méduses ne vivent pas éternellement Chapitre 16: Oriana Delmar 2/2

Chapitre 16: Oriana Delmar 2/2

Les minutes s’étirent, devenant une éternité.

Nos lèvres se rapprochent lentement mais l’atmosphère est lourde, un mélange électrisant de peur, désir et d’attente d’impulsion.

C’est comme si tout le monde se réduisait à cet instant précis. Une tension palpable.

Le monde autour de nous s’estompe.

Le bleu profond de l’aquarium baigne nos visages d’une lumière irréelle, et la danse lente de la méduse éternelle crée une illusion de flottement. Comme si, nous aussi, nous étions suspendus dans cet espace hors du temps.

Nos souffles se mélangent, hésitants, nos visages à quelques centimètres l’un de l’autre. Dorian ne bouge pas, et moi non plus. Ce n’est pas un de ces moments précipités où le désir submerge tout, c’est plus lent, plus maîtrisé, plus intense. Comme si nous savions tous les deux que si nous franchissions cette ligne, il n’y aurait pas de retour en arrière.

Il frôle mon bras du bout des doigts, un contact si léger qu’il me brûle presque. Mon cœur cogne dans ma poitrine, et je sais que je suis prête.

— Oriana… murmure-t-il, sa voix rauque.

Je ferme les yeux, sentant la chaleur de son souffle contre mes lèvres, l’éclat d’une seconde suspendue.

Puis il recule brutalement.

— Attends, souffle-t-il en passant une main sur son visage. Je dois d’abord donner le test ADN à mon contact.

Le retour à la réalité est aussi violent qu’un plongeon en eau glacée.

— T’es sérieux, là ? je rétorque, un peu trop vite, un peu trop frustrée.

Il me regarde, l’air coupable mais déterminé.

— Je te promets que ça ne prendra pas longtemps. Après…

Il ne finit pas sa phrase, mais son regard suffit.

Je soupire et croise les bras.

— T’as intérêt à faire vite.

Il esquisse un sourire, visiblement amusé par mon agacement.

— Tu veux que je te ramène à l’hôtel en attendant ?

— Non. Je vais t’accompagner, comme ça je serai sûre que tu traînes pas.

Il ricane mais ne proteste pas.

Nous quittons l’aquarium et traversons la ville. L’air marin s’engouffre dans mes cheveux, et malgré moi, un frisson me parcourt. Pas seulement à cause du vent.

Dorian remet l’échantillon au type qu’il connaît, un gars discret qui récupère le cheveu sans poser de questions et promet des résultats rapides. En sortant du rendez-vous, mon estomac gronde, trahissant mon impatience pour autre chose que des révélations généalogiques.

Dorian l’entend et me lance un regard en coin.

— Ça te dit un resto ?

— Si tu payes, ouais.

— Je savais que t’étais avec moi pour mon argent.

— Évidemment. C’est pour ça que je galère dans cette histoire depuis le début.

On échange un regard complice, puis il me pousse légèrement du coude avant de passer son bras autour de mes épaules.

— Allez, viens. Je connais un endroit.

Le restaurant est un petit boui-boui en bord de mer, avec des tables en bois et des lampions suspendus qui créent une ambiance tamisée. On commande des fruits de mer et du vin blanc, et au fil du repas, la tension de l’attente se dissout dans les taquineries.

— Sérieux, c’était quoi ton plan si je m’étais pas évanouie à l’aquarium ? demandé-je en plantant ma fourchette dans une crevette.

— Honnêtement ? Aucune idée. J’ai improvisé.

— Un jour, ton besoin de tout contrôler va te retomber dessus.

— Et toi, un jour, ton manque de patience va te faire exploser.

Je roule des yeux, mais son sourire me désarme complètement.

Quand on rentre enfin à l’hôtel, il est tard, et une certaine langueur nous alourdit les membres. L’air marin, le vin, la soirée… tout semble nous pousser dans une seule direction.

La porte de la chambre se referme derrière nous.

Un silence s’installe, mais ce n’est pas un silence gênant. C’est un silence qui attend quelque chose.

Il s’approche, lentement, comme s’il testait mes limites. Je ne recule pas.

Nos souffles s’entrelacent à nouveau, nos corps s’attirent inévitablement. Cette fois, il n’y a plus d’interruptions, plus d’excuses.

Je sens la chaleur de sa main qui frôle ma hanche, puis qui remonte doucement le long de mon dos. Une onde électrique me traverse. Nos visages se rapprochent, son regard s’ancre dans le mien.

Soudain la sonnerie de son téléphone brise l’instant comme une gifle.

Dorian serre la mâchoire et recule à contrecœur, exaspéré.

— Putain…

Il sort son portable et regarde l’écran. Un silence pesant s’installe alors qu’il lit le message.

Je n’aime pas du tout son expression.

— C’est bien Carlos, dit-il enfin. C’est ton père biologique.

Mon souffle se coupe.

J’ouvre la bouche, mais avant que je puisse dire quoi que ce soit, une douleur fulgurante explose à l’arrière de ma tête.

Le monde bascule.

J’entends un bruit sourd.

Dorian qui s’effondre ?

Puis plus rien.

Le noir complet.

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