Fyctia
Chapitre 17 : Dorian Crowe
Chapitre 17 : Dorian Crowe
Un battement sourd pulse dans mon crâne.
J’ai du mal à ouvrir les yeux. Tout est flou, indistinct. Le monde tangue autour de moi comme si j’étais pris dans une mer déchaînée.
Bordel. Ma tête est en feu. Mon corps est raide, ankylosé, comme si chaque muscle refusait de m’obéir.
Puis, la réalité s’impose brutalement. Je suis attaché.
L’adrénaline explose dans mes veines. Pas pour moi. Mon sort m’importe peu. Mais pour elle.
Je tente de bouger, mes poignets tirent contre les liens rugueux qui mordent ma peau. Attaché à une chaise, mains liées dans le dos. Merde.
Je scrute la pièce. Le salon de l’hôtel est sens dessus dessous, preuve de la violence de l’attaque. Ils nous ont pris par surprise.
Puis, mon cœur se fige.
Oriana.
Elle est ligotée en face de moi, à peine consciente. Ses yeux écarquillés sont figés sur quelque chose, ou plutôt sur quelqu’un. Une expression d’effroi pur fige ses traits.
Je suis son regard… et le froid s’abat sur moi.
Trois hommes. Et au centre, un visage que je n’aurais jamais voulu revoir.
Lui.
Le pédophile.
L’ordure qui aurait dû pourrir en taule.
Mais cette fois, il n’est pas seul. Deux hommes l’encadrent, l’air bien trop sûr d’eux.
Je sens la rage monter en moi comme une tempête prête à tout ravager.
Le chef du groupe s’accroupit devant moi avec un sourire satisfait.
— Alors, Dorian. Toujours aussi fier, hein ? Attaché comme un chien dans ta propre chambre… Ironique, tu ne trouves pas ?
Son haleine fétide me donne la nausée. Je le fusille du regard, mes yeux deux lames de glace brûlant de haine.
Mais ce qui me fait vraiment vriller, c’est le mouvement du type à sa droite. Il s’approche d’Oriana.
Elle retient un sanglot, son corps tremble violemment.
— Cette fois, je te jure que tu vas crever en prison, sale enfoiré.
Le monstre ricane. Lentement, il scrute Oriana, un sourire carnassier aux lèvres.
— Tu sais ce que j’ai vécu en taule, Dorian ?
Ses mains s’approchent de mon visage. Je lui crache à la gueule.
Il se fige. Son regard s’assombrit. Il essuie lentement le crachat sur sa joue, puis son poing me percute le menton. Ma tête part en arrière, une douleur éclatant dans ma mâchoire.
Mais ce n’est rien comparé à la rage qui me consume.
— Pose ne serait-ce qu’un doigt sur elle, et je te ferai bouffer tes dents.
Il hausse les épaules, faussement indifférent.
— Tu sais, moi, je ne suis pas rancunier. Mais mes associés, eux… ils veulent se venger.
Il jette un regard vers ses complices et lance, d’un ton détaché :
— On la prend maintenant ou on attend qu’il regarde ?
Un cri s’étrangle dans la gorge d’Oriana. Son corps se contracte, une terreur pure déformant son visage.
Je hurle.
— BANDE DE FILS DE PUTE !!!
La fureur m’aveugle. Mon sang bout, mon corps tout entier prêt à exploser sous la pression.
Et là… je vois une opportunité.
Sur la table, à quelques centimètres d’un des hommes, repose un couteau.
J’inspire profondément, feins la résignation.
— Ok… je ferai ce que vous voulez… mais laissez-la. Elle n’a rien à voir avec ça.
Je baisse la tête, faisant mine de céder…
Puis j’agis.
Je me jette brusquement en avant, renversant la chaise. Le choc est brutal, mais j’en profite. Dans la chute, mes doigts agrippent le couteau.
Une douleur fulgurante traverse mes poignets, mais je tords mes mains jusqu’à entailler la corde.
Les ravisseurs réagissent trop tard.
Un des hommes s’élance vers moi, mais j’esquive son coup de pied d’une roulade sur le côté. Je ne réfléchis pas.
L’instinct prend le dessus.
D’un mouvement fulgurant, je frappe le premier homme à la tempe avec le manche du couteau. Il vacille, groggy.
Deux contre un. Mais j’ai connu pire.
J’attrape une lampe en verre et l’éclate sur la tête du deuxième type. Il grogne, titube, mais ne tombe pas.
Une poigne de fer se referme soudain autour de ma gorge.
L’un d’eux m’attrape par derrière et serre. Fort.
Je suffoque.
Oriana me fixe, ses yeux pleins de larmes.
Je ne peux pas échouer.
Je frappe à l’aveugle, un coup de coude dans ses côtes. Une fois. Deux fois. Il serre plus fort.
Je broie son pied sous le mien. Il lâche prise en jurant.
Le chef du groupe s’approche, un couteau en main.
— On va voir si t’es aussi malin sans tes flingues.
Il attaque.
Je lève un tabouret juste à temps pour bloquer la lame.
Je le repousse violemment, le faisant trébucher.
Oriana profite de l’ouverture.
Toujours attachée, elle bondit sur un des hommes et plante ses dents dans son épaule.
Il hurle, tentant de la secouer.
Mon cœur explose de fierté.
Profitant de la diversion, j’attrape une bouteille vide et l’abats sur la nuque du chef.
Il s’effondre en grognant de douleur. Toujours conscient.
Mon souffle est court.
Ma blessure au bras dégouline de sang, mais je n’ai pas le temps d’y penser.
Je me jette au sol, ramasse un couteau et tranche les liens d’Oriana.
— On se barre !
Nous courons vers la sortie.
La moto.
Oriana bondit dessus avant moi.
— Je conduis.
Elle démarre en trombe.
Puis, un bruit déchire la nuit.
BANG.
Une douleur brûlante explose dans mon bras.
Je grogne, mais je m’accroche à elle.
Elle ne ralentit pas.
Elle esquive un deuxième tir, puis fonce à toute vitesse, la nuit nous avalant.
Je serre les dents, le goût du sang dans la bouche.
Et malgré tout, je souris.
— T’assures, princessa.
— Ferme-la et accroche-toi.
Le moteur rugit.
L’obscurité nous engloutit.
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