Fyctia
Chapitre 14 : Dorian Crowe
Chapitre 14 : Dorian Crowe
Plusieurs années auparavant
— Maman ?
Pas de réponse. Elle doit être sortie.
Je me dirige vers la cuisine… et mon cœur s’arrête.
Ma mère est étendue sur le sol. Inerte.
— Maman ! hurlais-je en me jetant sur elle. Maman !
Je la secoue, la supplie, mais elle ne réagit pas.
Mes mains tremblent tandis que je cherche son pouls. Rien. Non… Ce n’est pas possible. Je ne suis pas médecin, peut-être que je m’y prends mal.
D’un geste fébrile, j’attrape mon portable et compose le numéro du SAMU.
— Pitié, maman… ouvre les yeux…
Ma voix se brise. L’attente est insupportable. Chaque seconde me semble une éternité. Quand j’entends enfin les sirènes retentir au loin, je cours leur ouvrir, le souffle court.
Mon cœur cogne dans ma poitrine. Mon corps tremble. Les larmes brouillent ma vue, mais je guide les ambulanciers jusqu’à elle.
Ils s’acharnent sur son corps. Une voix s’élève :
— Défibrillateur. La patiente n’a pas de pouls et ne réagit pas au massage cardiaque.
Non. Pas elle.
Je tombe à genoux, les mains crispées sur mes vêtements. Mon souffle saccadé se mêle aux bips frénétiques des machines.
— Pitié, prenez-moi à sa place…
Les ambulanciers échangent un regard. L’un d’eux consulte sa montre, puis sa voix tombe, implacable :
— Heure du décès, 12h49.
Le monde bascule.
Non. Non. Non.
Tout devient flou, comme si un voile opaque s’était posé sur mes yeux.
— Sauvez-la, je vous en supplie…
Elle est tout ce que j’ai. La seule qui ait voulu de moi. La seule qui ait fait de moi son fils.
Mes jambes vacillent, mais je me redresse et me précipite vers elle. Un médecin tente de me retenir, mais je le repousse.
Je me penche sur son corps immobile et commence un massage cardiaque, désespéré.
— Allez, maman, réveille-toi ! Je t’en prie ! Je ferai tout ce que tu veux ! Plus de bêtises, plus de mensonges ! Je mangerai même tes plats dégoûtants, mais… reviens-moi…
Je l’embrasse sur le front, une dernière fois. Sa peau est glacée.
— Tu m’as menti… Tu m’avais promis que tu serais toujours là pour moi… Je n’aurais jamais dû te croire…
Les ambulanciers s’approchent, déposent doucement son corps sur un brancard. Je les regarde la recouvrir d’un drap blanc.
Je prends conscience des horreurs que je lui ai dit.
— Attendez… s’il vous plaît, juste une minute.
Je prends sa main. La serre de toutes mes forces, comme si la lâcher allait tout briser pour de bon.
— Je suis désolé… Pardon…
Ma voix n’est plus qu’un murmure.
— Merci d’avoir voulu être ma maman… Je t’aimerai toujours.
Puis ils l’emportent, m’obligeant à lâcher sa main autrefois chaude et réconfortante.
Et moi, je reste là. Seul.
Je monte dans ma chambre et m’effondre sur mon lit.
***
— Debout !
Un hurlement me sort de ma torpeur.
— Tu l’as tuée !
Il tire sur la couette. Je bondis, terrorisé.
— Je ne t’ai jamais aimé. C’est elle qui voulait de toi, pas moi.
Un silence. Puis :
— Maintenant qu’elle n’est plus là, je n’ai plus besoin de te supporter.
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