Mouna Les méduses ne vivent pas éternellement Chapitre 5 : Dorian Crowe

Chapitre 5 : Dorian Crowe

Chapitre 5 : Dorian Crowe


Je ne sais pas ce que je fais. Tout ce chaos, tout ce tumulte, c'est comme un brasier incontrôlé qui consume chaque recoin de ma conscience. Mon crâne est en ébullition, une tonne de TNT y explose, encore et encore. Je ne réfléchis pas, je fonce, je tâtonne. Peut-être qu'une douche glacée pourrait me ramener à la raison. L'eau froide, le seul remède que je vois pour calmer cette tempête.


Le loft est glacial, presque lugubre. Les courants d'air s'infiltrent par les fenêtres mal isolées, renforçant la froideur du lieu. Les ombres des meubles s'étirent sous la lumière tamisée de la lune. Je dénoue le cordon de mon jogging, sans même prêter attention à ma colocataire. Fatigué, accablé, je laisse le vêtement tomber au sol. Un moment de répit, voilà ce que je cherche. Mais ce répit est de courte durée.


Un fracas d'injures et de coups me ramène à la réalité. Sa voix déchire le silence, accompagnée de gestes violents. Elle n'est pas prête à me laisser en paix. Oriana. Cette tornade humaine que je me suis contraint à supporter.


- Bon, je pensais retirer mon caleçon une fois sous la douche, mais puisque tu insistes...


Ma voix est lourde de sarcasme, mais je suis épuisé par cette lutte incessante. Peut-être qu'elle lâchera prise. Mais non, bien sûr que non. Elle s'accroche, plante ses pieds au sol et tire sur mon bras avec une obstination qui frôle l'absurde. Mon calme apparent est une façade fragile.


- Ce que tu fais s'appelle de la séquestration, et c'est illégal, dit-elle en espérant me raisonner.


- Bouge, je vais me doucher. On part demain.


Mon ton est tranchant, presque autoritaire. Mais elle ne bouge pas. Les frissons commencent à me parcourir, autant à cause du froid que de l'épuisement. Je sens mes nerfs à vif, prêts à céder. Pourtant, elle reste là, immobile, campée sur sa position.


- Ah, parce que je dois t'obéir ?


Son regard est une flamme vive, un défi lancé en pleine figure. Avant que je ne puisse répondre, elle agit. D'un geste brusque, elle attrape le pouce de sa main menottée et commence à le tordre, visiblement prête à aller jusqu'au bout.


- Mais qu'est-ce que tu fais ?!


Je bondis pour l'arrêter, saisissant son poignet avec fermeté. Mon cri fend l'air, empreint de colère et de frustration :


- Bordel, ça suffit maintenant !


D'un mouvement rapide, je bloque ses bras derrière son dos et la soulève par la taille. Je n'ai plus la patience. Chaque fibre de mon corps hurle de fatigue, mais je tiens bon. Malgré la migraine qui martèle mes tempes, je garde le contrôle. Cette douche, je vais l'avoir, peu importe les obstacles qu'elle met sur mon chemin.


- Je te le répète une dernière fois : je ne compte pas te libérer. Et ne t'en fais pas, je ne vais rien te faire.


Elle ne me laisse pas finir. Elle se contorsionne, puis plante ses dents dans mon épaule avec une force inattendue. La douleur me fait lâcher prise.


- Tu m'as mordu ?!


Je la fixe, incrédule. Mais elle ne recule pas. Son regard, flamboyant de rage, semble me défier de réagir. Pourtant, derrière cette colère brute, je discerne une autre émotion : une douleur sourde, enracinée. Lentement, elle articule chaque mot, comme une lame s'enfonçant profondément :


- Je ferai de mon mieux pour faire de ta vie un enfer, comme tu l'as fait avec la mienne.


Ses paroles résonnent dans ma tête, éveillant des souvenirs que j'aurais préféré oublier. Des fragments d'images, des sensations floues, remontent à la surface. Tout était si enfoui que je croirais presque que ça n'a jamais existé, que ça n'a jamais eu lieu. Mais tout est réel. Elle est là pour me le rappeler. Oriana est bien plus qu'une adversaire. Elle est le fantôme d'un passé que je ne peux pas fuir.


Je soupire, lourdement. Avec les menottes je suis contraint de remettre le même t-shirt puis je cherche un short dans l'armoire. Chaque geste est une tentative désespérée de lui signifier que c'est moi qui ai le contrôle.


- Je sais que tu veux me voir mort, dis-je finalement.


- Ah ça, tu n'as pas idée.


Son sarcasme est une gifle. Je me passe une main dans les cheveux, cherchant une solution, un moyen de calmer cette tension insoutenable. Puis, une idée germe dans mon esprit. Peut-être qu'elle acceptera.


- On va faire un deal.


Elle arque un sourcil, sceptique. Elle ouvre la bouche pour répondre, mais je la coupe aussitôt, craignant qu'elle ne rejette ma proposition d'emblée :


- Viens avec moi pendant deux mois. Rien que deux mois. Je te promets qu'après, tu pourras porter plainte, et je plaiderai coupable. Mieux encore, je disparaîtrai à jamais de ta vie.


Je tends la main, comme pour sceller cet accord. Elle hésite, un instant. Ses yeux vacillent entre méfiance et réflexion. Finalement, elle serre ma main, mais avec une brusquerie qui trahit sa frustration.


- Enlève-moi ça, maintenant.


Je remarque la lueur dans ses yeux. Une lueur que je connais trop bien. Celle du calcul, du mensonge. Cela me fait presque sourire. Elle croit m'avoir, mais elle se trompe.


- Dans tes rêves, dis-je en lui lançant un regard narquois. Maintenant, excuse-moi, mais je vais dormir.


Je me détourne, insensible à ses protestations. Les bruits de ses pas nerveux résonnent derrière moi, mais je les ignore. Le loft, plongé dans l'obscurité, semble murmurer les échos de cette journée interminable. Demain, une autre bataille commencera. Et cette fois, je serai prêt.


Pour l'instant, je m'effondre sur le lit, mes pensées sont un tourbillon incontrôlable. Oriana est là, un rappel constant de ce que je ne peux fuir. Mais si elle croit que je vais céder, elle se trompe. Le jeu ne fait que commencer, et j'ai encore quelques cartes en main.


Le silence du loft est lourd, presque oppressant. Mon esprit s'agite, revisitant chaque moment de cette journée. Les souvenirs se mêlent à l'angoisse du lendemain. Oriana est un puzzle, un défi, malgré les moments que l'on a passé ensemble. Derrière sa rage, derrière ses attaques, se cache une version brisée.


Je tourne la tête vers l'autre côté du lit, elle fait mine de dormir mais je vois encore la colère et son corps figé, elle se méfie de moi. Peut-être est-ce mieux ainsi. Mais une chose est sûre : demain, il faudra que je sois plus intelligent, plus fin.

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7 commentaires

Mapetiteplume

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Il y a 4 mois

Je pense que tu pourrais etre plus précise sur ce qui motive vraiment Dorian a revenir vers elle je trouve un peu flou. Pourquoi veut il ces deux mois ? Je vais continuer a lire des que tu mettras des chapitres😊n'hésite pas a venir faire un tour chez moi pour laisser tes commentaires 😊

Mapetiteplume

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Il y a 4 mois

Une pluie de like de soutien ❤️n'hésite pas à venir faire un tour chez moi si le cœur t'en dit. J'essaie de passer dès que je peux pour lire

TammyCN

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Il y a 4 mois

Je l'ajoute à ma PAL et j'essaie de lire dès que je peux 🫶

Renée Vignal

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Il y a 4 mois

Merci pour cette lecture. J'ai aimé 👍📚

IvyC

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Il y a 4 mois

🥰 toujours la 😍

Maydara

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Il y a 4 mois

Je suis à jour Je lirais tes chapitres un peu plus tard Bon concours 🫧🫧

Renée Vignal

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Il y a 4 mois

Echange de likes🥰😉
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