Fyctia
Chapitre 4 : Oriana Delmar
Chapitre 4 : Oriana Delmar
Je fouille frénétiquement les placards, cherchant désespérément les anxiolytiques que je prenais mais n'en trouve aucun.
- Pourquoi ? Pourquoi ? Pourquoi ? Pourquoi ? Continuai-je de répéter sans cesse.
Ma poitrine est écrasée par le poids des souvenirs. Les mains tremblantes, je fais tomber un verre qui s'écrase dans un fracas sourd contre le parquet. Je sursaute et marche sur un des éclats de verre. Je retrouve un sentiment familier. Il me tend les bras et m'appelle. Je m'approche dangereusement de lui. Quand je crois être assez forte pour lui résister, il s'avance si près que je sens la chaleur émaner de son obscurité. Nostalgiquement je comble ce vide croyant retrouver le réconfort qu'il m'a promis. Je me laisse glisser sur le sol et retire les bouts de verre enfoncés sous mes pieds. J'avale la douleur, la dégustant sachant pertinemment que c'est mal. Les larmes perlent de mon visage et se mélangent au sang qui tombe froidement sur le sol.
J'expulse l'air de mes poumons et parviens à retrouver mon calme peu à peu.
Je rassemble ce qui était anciennement un verre comme s'il s'agissait des morceaux de ma vie.
***
J'ai déposé un congé. Je ne sors plus par peur de le revoir ou par flemme. Je n'ai plus quitté mon canapé depuis quelques jours. Revoyant en boucle la même série. Essayant de combler ce vide en moi. Le plus drôle dans tout ça c'est que personne ne m'a appelé. Je n'ai absolument personne et je le savais. Je restais avec un connard juste pour ne pas être seule.
Mieux vaut être seule que mal accompagnée disent ils. Mais c'est faux, être seule c'est affronter ses pires démons. C'est confronter chacun de ses sentiments. Enfin c'est ce que je pensais mais au final il a juste servi à me couvrir les yeux. Je pensais avoir droit à une vie normale.
Soudain, la sonnette retentit. Je me tourne vers la porte, le cœur battant à tout rompre. Pitié non. La boule au ventre, je me lève et marche sur la pointe des pieds vers la porte. Je ne vois personne à travers le judas. Je souffle, soulagée et ouvre la porte, découvrant une enveloppe sur le tapis. Je la récupère et referme rapidement à double tour derrière moi.
Je déchire le papier et lis la seule phrase inscrite dessus.
"J'ai trouvé ton père.".
Mon cœur fait un bond dans ma cage thoracique. Il n'a pas le droit d'utiliser ça.
J'enfile un jean et un pull en vitesse et débarque sur son lieu de travail. Il est hors de question de le laisser gagner. Je n'ai pas peur et de toute façon je n'ai absolument rien à perdre.
Je toque comme une furie.
- Ouvre la porte ! Hurlai-je d'un ton menaçant.
Je ne serai plus une victime.
Quand son visage calme apparaît dans l'embrasure de la porte, je n'ai qu'une envie, lui refoutre mon poing dans la figure pour lui enlever son air suffisant. Mais un hématome violet recouvre déjà son nez qui semble avoir doublé de taille. Je ne montre pas une once de regret.
- A quoi tu joues ?
Il se pose dos contre la porte et croise les bras en affichant un rictus.
- Écoutes moi bien. Remets encore un pied chez moi et je porte plainte pour harcèlement.
Il se met à rire comme si j'avais fait la blague du siècle puis il se redresse aisément pour me faire face. Je ne recule pas et tente de cacher ma peur.
- Coup et blessure et maintenant tu viens même me menacer à mon domicile. Hmm, dit-il en croisant les bras avant de poursuivre. Je me demande qui la police va croire.
Ses sourcils froncés me mettent hors de moi. Tout ça faisait partie de son plan.
- Alors ? Tu es prête à discuter maintenant ? Demande-t-il en ouvrant grand la porte comme pour m'inviter à entrer.
Oh bordel. Qu'est ce que j'ai fait ? Qu'est ce que je croyais en venant ici ? Hurle ma voix intérieure.
Paniquée, je tourne les talons et m'apprête à fuir. Mais sa main me saisit pour me tirer à l'intérieur de son loft sinistre. J'y vois des souvenirs et je hais cela. Je hais tout ce qui remonte.
- T'es malade, Dorian ! Qu'est-ce que tu fous ?! Ouvre la porte.
Il ne cille pas.
- Ouvre cette fichue porte !
Au contraire, il la verrouille et jette la clé dans son jogging.
- Quelque chose à boire ?
- La putain de porte Dorian je ne rigole pas !
- Avant que tu ne t'égosille, je te préviens qu'il n'y a personne. Assieds toi. Je te sers un café.
Je m'avance vers lui et lève le poing mais cette fois ci il le voit arriver et le bloque d'une main.
- Une fois. Mais pas deux.
Avant qu'il ne s'aperçoive de ma stratégie bancale, je fourre ma main dans sa poche et attrape la clé. Je cours vers la porte mais il ne me rattrape pas. Je l'entends juste ouvrir un tiroir alors que j'insère la clé dans la serrure.
Je le sens maintenant derrière moi puis le bruit d'un clic métallique attire mon attention.
Il nous a menottés cet enfoiré.
- Tu veux quoi ? Me tuer ? Me violer ? Vas y ! Criais-je.
Il serre les poings, l'air énervé par ce que je pense de lui. Mais il se reprend rapidement.
- Je te l'ai dit.
- Je n'ai qu'à faire de l'homme qui m'a abandonné. Dis-je en avançant.
- C'est faux. Sinon tu ne te serais pas jeté dans la gueule du loup.
Mon sang boue dans mes veines. Alors que je lui explique la raison pour laquelle je suis venue, je continue d'avancer, le bloquant contre la commode de laquelle il a extrait ces menottes. J'ai dû proférer tellement d'insultes que je dois être maudite par tous les dieux.
Évidemment, je suis immédiatement grillée. Il retourne le piège contre moi et c'est moi qui me retrouve contre la commode, je titube et tombe assise dessus.
Il pose une main contre le mur et se baisse pour m'interdire de m'échapper.
- Trop con, pouffais-je de rire. Tu crois que je vais t'obéir ? On n'est pas dans un film.
11 commentaires
Mapetiteplume
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Il y a 4 mois
Sharleen V.
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Il y a 4 mois
Renée Vignal
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Il y a 4 mois
Alexandra ROCH
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Il y a 4 mois
maddyyds
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Il y a 4 mois
Angel Guyot
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Il y a 4 mois
Oswine
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Il y a 4 mois