Fyctia
Chapitre 2 : Oriana Delmar
Chapitre 2 : Oriana Delmar
- Tu sais très bien que je veux des enfants. C'était même le but de notre engagement !
Aïe, touchée. Au fond de moi, j'étais persuadée que ce n'était pas un homme bien. Nous étions coincés dans une relation utopique. Le cliché de la famille heureuse nous convenait. Mais il se tient devant moi et écrase tous mes rêves. Je n'ai pas encore fait mon deuil de ne jamais pouvoir être mère. Une bonne mère, mais surtout une mère présente. Moi, l'orpheline, allait enfin avoir une famille.
- Le but de notre engagement, tu dis ? Les femmes ne sont pas des machines à distribuer des gosses.
- Je n'ai jamais dit ça...
Je lui coupe la parole, incapable de le supporter une seconde de plus. Cet enfoiré va quitter notre appartement, qui dorénavant ne sera que le mien. Je me fiche de savoir où il dormira.
- Ce n'est pas toi qui romps nos fiançailles. C'est moi !
Je lui ordonne de dégager de chez moi, mais il n'en fait rien. Il tente de poser sa main sur mon bras, croyant pouvoir me raisonner, mais je me dégage rapidement de sa prise.
- Ne me touche pas ! lui criais-je.
Il prend quelques affaires et s'en va.
***
Dorian
Nomura's jellyfish (Nemopilema nomurai) :
L'une des plus grandes au monde, elle peut atteindre jusqu'à 2 mètres de diamètre et peser plus de 200 kg.
J'observe l'eau de l'aquarium. La vision de la méduse statique qui m'a accompagné depuis une année me fend le cœur. Toute sa magie évaporée. Elle m'a abandonné. Ses mouvements fluides et apaisants, qui lui conféraient un caractère unique, ne sont maintenant plus qu'un souvenir que je serai le seul à porter.
Elle est morte avant moi.
- Boss ! m'interpelle la voix de Scott.
Il me regarde comme s'il attendait une réponse, mais je n'ai rien entendu.
- Le pédophile ? On en fait quoi ?
Je le défie du regard, et il comprend de suite.
- Non. Ce sera sans moi, dit-il fermement en remuant frénétiquement la tête.
Il marque une pause tout en effectuant les cent pas dans la pièce.
- Je croyais que tu avais des principes. Je ne suis pas un tueur à gages !
Je le regarde malicieusement.
- Qui a parlé de tuer ? On va juste lui tendre un piège pour le servir sur un plateau à la police.
***
Nous attendons dans le froid d'un parking d'une station-service où même un crackhead n'oserait pas s'aventurer.
- Il ne viendra pas, boss.
- Je ne me gèle pas les couilles depuis une demi-heure pour rien. Encore un peu, et ma bite tombe d'engelure.
Soudain, une voiture débarque, et un homme tout en vert en sort. Je n'y croyais plus. Honnêtement, il faut être sacrément con pour tomber dans un piège aussi grossier. Scott commence à filmer la scène. J'enjambe la moto et me dirige vers lui, réajustant ma veste en cuir tout en faisant attention à ne pas faire tomber le micro planqué dans la poche.
J'oublie de suite le froid glacial car mon sang commence à bouillir dans mes veines, tant la colère m'aveugle. Je dois me contenir pour ne pas achever cette ordure.
Arrivé à sa hauteur, je lui demande le code convenu.
- Ne t'avise jamais de parler de moi à la police, lui dis-je en jouant parfaitement mon rôle.
- Ça ne risque pas. C'est moi qui serai dans la merde.
Il se met à rire, certainement animé par un sentiment de fierté ou de supériorité face aux flics. Comment ce genre d'enfoirés s'en sortent ? Moi, je vais mourir, et lui, il vit pour faire le mal. La justice, je lui crache dessus. Moi, je la ferai.
Je lui glisse une clé USB censée contenir de la pédopornographie et m'en vais. Avec ça, le juge prendra sûrement la peine de lui foutre une condamnation.
Alors que je retourne à ma bécane, cet enfoiré me donne un coup dans les côtes qui me paralyse. Scott descend de sa moto, mais je lui fais signe de ne pas intervenir. Je me relève et lui envoie un jab dans le sternum. Il tombe sur le béton froid et tente de reprendre sa respiration.
- Oh bordel, comment j'en avais envie ! criais-je en soufflant.
Une bouffée d'adrénaline me rebooste et me fait oublier que j'ai sûrement une côte cassée. Mine de rien, cet enfoiré a un bon crochet. Je pense à ce que cet enfant a pu subir, et je me mets au-dessus de lui pour lui décrocher mon poing sur sa figure. Je veux lui couper la queue et la faire fondre dans l'acide.
Je parviens difficilement à me stopper. Hors de question que ce soit lui la victime.
Je me baisse au niveau de son oreille.
- Tu sais ce qui arrive aux raclures de ton genre en prison, lui chuchotais-je en riant.
Sur ces mots, je le relâche et reprends la route sur ma moto, toujours accompagné de Scott. Je me mets à accélérer, jouant dangereusement sur la route, mais la vitesse parvient à calmer mon excitation. Je sens des fourmillements le long de mon corps.
J'ai envie de partir. De fuir.
Je repense soudain à elle.
***
Flashback
Oriana regarde la méduse, fascinée, puis prend un air triste. Je lui demande ce qui ne va pas.
- J'aurais aimé que mon chat soit aussi éternel. Il ne m'aurait jamais quitté.
Je la prends dans mes bras et l'embrasse tendrement.
- La plupart des gens pensent que les méduses sont éternelles, mais c'est faux. Seule une espèce rare l'est.
Elle écoute attentivement, buvant chacune de mes paroles sur cette espèce. Puis, quand mon exposé fut terminé, elle se retourne pour me faire face et m'embrasse.
- Je t'aime.
Je reste statique. Mon cœur tambourine contre ma cage thoracique. Voyant mon choc, elle s'éloigne et ouvre le frigo, faisant semblant de chercher quelque chose. Mais d'un coup, je retrouve ma mobilité et la surprends. Je la soulève sur le plan de travail et la regarde euphorique dans les yeux.
- Redis-le.
Elle me fusille du regard, et je la trouve encore plus adorable. Mon entrejambe réagit sans prévenir. Elle tente de redescendre, mais je la bloque, le genou entre ses cuisses.
- S'il te plaît, la suppliais-je. Je veux être sûr de ne pas l'avoir imaginé.
Oriana lève la tête et ses yeux me défient.
- J'ai dit que je t'aimais, connard.
Je dévore avidement la bouche qui a lâché ces mots. Puis elle me repousse.
- Moi aussi.
- Toi aussi quoi ?
Elle est fière de son coup. Je goûte à mon propre poison.
- Je t'aime, répondis-je aisément.
Nos bouches se retrouvent de nouveau, puis ma langue rencontre la sienne. Elle attrape ma taille et me tire à elle, plaquant mon pénis en érection contre son entrecuisses.
***
Je me ramène à la réalité. Je me mets à rire, en rage contre ce putain de monde. Je ne sais même pas quoi ou qui regarder pour me plaindre et révoquer ma peine.
Je m'arrête devant mon loft et chope une clope, une façon de défier la mort.
Puis, de nouveau, un souvenir me frappe.
Promets-moi qu'un jour, nous la verrons ensemble ! m'avait-elle dit.
- Je te prends au mot, Oriana...
26 commentaires
Salma Rose
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Il y a 4 mois
Mapetiteplume
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Il y a 4 mois
Monimoni-ka
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Il y a 4 mois
Angel Guyot
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Il y a 4 mois
Zatiak
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Il y a 4 mois
Aline Puricelli
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Il y a 4 mois
maddyyds
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Il y a 4 mois