Felicia 🖤 Les feuilles s'envolent en automne 9.3

9.3

Suite :

— En fait… je… j’ai besoin d’aide, je marmonne presque de manière inaudible.


— Je me demandais combien de temps ça prendrait, s’amuse-t-il.

— Qu’est-ce que vous racontez ?

— Avant que vous ne vous rendiez compte que vous ne pourrez pas sortir de là seule.

— Oh mais je le pourrais seulement…

— Vous n’avez pas l’air d’être quelqu’un qui a envie d’abîmer ses beaux vêtements.


Je me retiens de lui lever mon majeur sous le nez au lieu de cela je rétorque :


— On ne se connait pas.

— Non et heureusement, vous m’avez l’air d’être une personne particulièrement agaçante.


Ma mâchoire manque de se décrocher, son culot et son audace me choquent autant qu’ils m’épatent. J'aimerais avoir autant de caractère, être capable de dire ce que je pense sans qu'aucun filtre ni culpabilité ne soit capable de m'entraver. Mais ce n'est pas le cas.


J'ai une facilité plutôt déconcertante à m'aplatir devant les autres, ce qui explique pourquoi que j'ai été incapable de réagir quand mon mec m'a annoncé m'avoir trompé, c'est aussi pour ça que je ne tiens jamais tête à ma mère, ni à personne d'autre. Et que l’été dernier lorsque je me suis retrouvé avec des échasses dans les cheveux en voulant tester un nouveau coiffeur, j’ai fait semblant d’être satisfaite du résultat. Je n’ai même pas osé montrer mon agacement, je me suis contentée de payer une somme astronomique avant de sortir la tête haute malgré le désastre capillaire. Je n'ai jamais remis les pieds dans un coiffeur depuis. C'est devenu phobique, rien que d'y repenser j'en ai des frissons dans le dos.


- Vous allez vous appuyer sur moi pour ôter votre pied de là, la voix pragmatique de mon mystérieux inconnu vient me tirer de mes pensée.


Il m’adresse un sourire encourageant, j’ai envie de le lui faire avaler. Même quand il donne un ordre il est capable de le faire avec tact et diplomatie. C’est tout bonnement horripilant.


Je veux secouer la tête, rien que pour voir si ça va l’agacer. Mais comme il a certainement autre chose à faire que de passer sa nuit ici et moi aussi, je le laisse enrouler ses bras autour de ma taille sans rechigner. Ses épaules hautes vont me donner assez de stabilité pour pouvoir tirer sur ma jambe sans risquer de glisser.


Alors qu’il se cale sous moi, une odeur de lavande et de lessive se fraye un chemin jusqu’à mes narines. Je marmonne dans ma barbe, mécontente et je le sens rire contre mon ventre. Mon épiderme se couvre de chair de poule.


Parce que ça l’amuse en plus ?


— Vous vous en sortez ?


J’imagine que la scène doit être plutôt cocasse : lui mesurant presque deux mètres, obligé de s’abaisser pour me soutenir et moi m’écrasant de tout mon poids sur sa personne et pas uniquement pour lui faire du bien, croyez-moi.


Je me demande ce qui exactement a merdé dans ma vie pour que je me retrouve dans une situation aussi surréaliste. J'avoue avoir volé deux fois le gouter de Léo à l'école maternelle, mais pour ma défense sa maman préparait les meilleurs cookies du monde. Il se peut aussi que j'ai cassé une corde du violon d'Ellie quand nous étions au collège et que je lui ai fait croire que c'était son chat. Mais c’est bien l’une des seules fois où j’ai menti et je…


Je sens mon pied coulisser sous moi, lentement certes mais c'est suffisant pour que j'aie un regain d'énergie. Mes yeux se mettent à briller de joie, j’enroule plus fermement mes bras autour de l’homme devenu mon seul espoir de salut.


— Tirez-moi ! je m’exclame.

— Très bien.


Je n’ai pas besoin de me répéter deux fois. Il prend appuie sur le sol et me tire d’un coup sec. Au début, rien ne se passe, si bien qu’un râlement irrité nous échappe à tous les deux mais quand il recommence, je sens quelque chose céder à mes pieds.


Brusquement, nous nous sommes projetés en arrière. Je n’ai pas le temps de comprendre ce qu’il se passe, il tombe, m’entraine dans sa chute, je me cogne contre un truc dur, je suis sonnée, ça dure à peine une demie seconde mais c’est suffisant pour me faire passer par un kaléidoscope de réactions. Je ronchonne, jure, marmonne, grogne, soupire, prononce des mots de manières inintelligible et enfin je lâche un couinement d'épouvante.


Parce que je n’ai pas fini ma course par terre mais plutôt sur lui. Je sens les battements irréguliers de son cœur cogner sous la paume de ma main, son souffle affolé par l’effort rebondir contre mon nez et la chaleur de son corps se répandre jusqu’au mien.


Je pique un fard. Et reste là, tétanisée, honteuse, avec l'envie de disparaitre.


Peut-être que j'aurais mieux fait de me noyer dans cette flaque de boue.


— La prochaine fois, achetez-vous des bottes.

— Comptez sur moi !


Il me repousse d'un geste pudique, c'est le feu-vert qu'il fallait à mon corps pour se remettre en marche, je me redresse précipitamment, dissimulant ma honte du mieux que je peux.


Et comme si ce moment n'était pas suffisamment catastrophique je remarque que ma chaussure git encore dans la boue.


Je la récupère, mon cœur se bousille dans ma poitrine, la bride est complètement arrachée. Je sens ma gorge se nouer.


— C’était ma paire de babies préférée.


Ma voix monte dans les aigus sans que je ne le veuille, signe que je suis sur le point de pleurer.


— Des babies ?


Il hausse un sourcil.


— Oui, c’est le nom des chaussures.

— Vous en rachèterez d’autres.

— Elles étaient particulières à mes yeux c’est mon…


Je m’arrête en plein milieu de ma phrase par peur de paraitre ridicule.


C’est le premier cadeau que Liam m’a offert…


— Peu importe, je soupire, merci pour votre aide et désolé pour… ça.


Je pointe du doigt son manteau tâché, il secoue la tête pour me signifier que ce n’est rien. Mon regard s'arrête sur lui et pour la première fois depuis le début de cette mascarade ridicule, je prends le temps de réellement l'observer.


Il est beau.


Pas d'une beauté surfaite ou angélique comme elle le serait dans un magazine ou dans une pub télévisée, non. Il est beau dans sa simplicité, ses traits sont fins, presque féminins. Son visage rayonne, dégage quelque chose de captivant, vous donne envie de rester plantée là et de l'observer jusqu'à temps d'en avoir parcouru chaque centimètres, jusqu'à connaitre chaque plis, chaque grain, chaque pigmentation.


— Je ferai mieux d’y aller, on m’attend chez moi.


Je cligne des yeux en ayant l'étrange sensation de m'être perdue pendant trop longtemps. Je veux lui proposer de lui offrir un café ou une autre boisson pour le remercier mais les mots restent coincés dans ma gorge.


— D’accord… je…euh. Merci encore.


C'est tout ce que je suis capable de bafouiller.


Il me sourit une dernière fois avant de faire demi-tour et de s’éloigner. Ce n’est que lorsque je le vois disparaitre définitivement que je me souviens ne pas lui avoir demandé ce qu’il fabriquait dans le coin.


Je reste immobile, de longues secondes, essayant d'ignorer les battements discordants de mon coeur.


Je ne le pensais plus capable de s’affoler autant…


FIN DU CHAPITRE 9


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9

9 commentaires

GwendolineBrument

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Il y a un an

Oui, je dis oui ! Je sais que c'est très cliché la fille qui tombe sur le mec, mais qu'est-ce-que j'aime ça ! Hâte de voir leur prochaine rencontre !

Felicia 🖤

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Il y a un an

Le cliché ça ne fait jamais de mal haha !

Diane Of Seas

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Il y a un an

Bonjour, voici mon coup de pouce suite au forum d’entraide. ☺️

Lyse236

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Il y a un an

Coucou, je viens de voir ton message dans le forum d’entraide alors je passe te délivrer quelques likes. N’hésite pas à faire de même pour moi. Je te souhaite un bon concours 🫶🏻

Hopeless_

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Il y a un an

🩵

KBrusop

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Il y a un an

Je suis passée ❤️ n’hésite pas à venir sur mon histoire 😋

Emma Eichen

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Il y a un an

😘

Carl K. Lawson

-

Il y a un an

Petit Like de soutien 😉

Emeline Guezel

-

Il y a un an

🥰
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