Fyctia

J’ai choisi de passer ma soirée avec un paquet de pop-corn sucrée entre les mains. Au moins lui ne me trompera pas et y’a très peu de chance qu’il parvienne à me faire pleurer.

Avachie sur mon canapé, les cheveux recouverts par la capuche de mon sweat oversize et les pieds enroulés dans des chaussettes moumoutes, j’appuie sur le bouton pour lancer la saison deux de La chronique des Bridgerton. Je l’ai commencé ce matin et autant vous dire que je suis plus que conquise par le principe… et par les protagonistes masculins…mais surtout par le principe !

Le regard rivée par le plus grand de la fratrie, je pioche une nouvelle poignée de sucreries et l’enfourne dans ma bouche.

Il pourrait y avoir une tempête qui menacerait de faire décoller le toit de mon appartement que ça ne me sortirait pas de la transe dans laquelle je suis plongée. C’est certainement pour ça que je ne réponds pas aux quatre premiers appels d’Ellie et que je manque de louper le cinquième. Seulement, comme mon ravitaillement est presque épuisé, je me retrouve dans l’obligation de lever mes fesses pour le remplir, c’est à ce moment que je vois que mon amie n'a de cesse d'essayer de me joindre. Les grains de maïs sont en train d’exploser dans mon micro-onde quand je décroche enfin.

— Punaise, t’en as mis du temps !

Je hausse les épaules comme si elle pouvait me voir et fronce les sourcils en entendant la cacophonie déstabilisant qui règne derrière elle.

— J’espère que t’as une bonne excuse pour avoir osé me déranger pendant mon tête à tête avec Anthony Bridgerton.

— Alors là tu crains ! Ce mec est super agaçant tandis que Simon est délicat, doux et…

— Ellie ?

— Hum ?

— Je vais raccrocher.

— Non ! J’aurais besoin que tu viennes me chercher s’il te plait…

— Quoi ? Maintenant ? je demande, surprise.

— Oui, en fait je… Mon rencart s’est mal passé, le mec s’est barré et le métro est en panne.

— Tu peux pas prendre le bus ?

— Non, l’arrêt est beaucoup trop loin.

Je me tourne vers ma fenêtre où une pluie torrentielle est en train de s’abattre contre les carreaux.

— Pitié Beth… Tu ne laisserais pas ta copine toute seule dans un bar après une soirée ratée hein ? se met-elle à couiner.

Je peux presque l’imaginer me faire ses yeux de chiens battus.

— T’es où au juste ?

— Du côté de Gladstone Park.

Je soupire juste pour le principe mais je suis déjà en train de me diriger vers mon meuble à chaussure pour enfiler une vieille paire de basket. Je récupère mes clés de voiture et ne prends pas la peine d’enfiler une veste, j’en ai pour une trentaine de minutes pas plus.

— OK, j’arrive.

*