Felicia 🖤 Les feuilles s'envolent en automne 5.2

5.2

Suite :

— Les hommes ne fonctionnent pas avec leur cerveau ni leur cœur et tu le sais.


Vous voyez ce que je voulais dire en parlant de commentaires désobligeants ? Dès qu'on aborde le sujet des hommes ma mère se met à mitrailler, c'est plus fort qu'elle. Depuis qu’elle a divorcée de mon père après quarante ans de mariage dont trois années de tromperie et qu’elle a souffert comme personne ne le devrait dans sa vie, elle voue une haine incontestable à la gent masculine. Liam échappait de quelques peu à la règle parce qu’elle l’a connu gamin mais les autres sont tous des pourris.


— Je sais que ma vision peut te sembler biaisée par ce que j’ai vécu mais avoue que je n’ai pas totalement tort…

— J’ai pas envie qu’on ait une énième dispute à ce sujet maman, je marmonne.


Après avoir fait disparaitre la chantilly du haut de mon chocolat, je me mets à le tourner distraitement avec ma cuillère.


— Non tu as raison, ne nous disputons pas. Il faut que tu ailles de l’avant maintenant.

— Facile à dire.

— Je sais que c'est difficile mais tu y arriveras, j'en suis convaincue.


Je hoche la tête, je n'ai pas le choix après tout. Je ne peux pas me permettre de me laisser couler.


— J’ai juste besoin de temps…

— Je comprends. Essayes de prendre ça comme une opportunité.

— Et de quel genre ? je soupire.

— Recentre-toi sur toi, sors, amuse-toi, profite de ta jeunesse, envoie toi en l'air. Tu sais moi à ton âge je...


Je m'empresse de me boucher les oreilles et de lui faire les gros yeux pour l'empêcher de prononcer un mot de plus. Elle s'esclaffe et de petites pattes d'oies se dessinent au coin de ses yeux, j'ai toujours trouvé ça adorable. Le visage de ma mère est transparent. C'est simple en la fixant suffisamment on est capable de lire en elle comme dans un livre ouvert.


— J’ai pas très envie de ça, je réplique après être sure qu'elle ne soit pas prête à relancer la machine. Mon cerveau est focalisé sur lui, j’arrive pas… je sais pas… je…


Je lâche un profond soupire et passe une main dans mes cheveux pour les tirer vers l’arrière, la mâchoire serrée. J’ai vécu des centaines de rupture à travers les histoires que j’aie lu et je n’ai jamais pensé que ça pouvait être aussi douloureux. C’est comme si j’étais un ballon et qu’on était en train de me vider de tout l'air que je contenais, à la fin il ne restera plus rien d'autre qu'une forme creuse. Je sais que ce vide n’est pas fait pour durer, qu’il partira un jour ou l'autre, on finit toujours par guérir mais c'est ce qui m'inquiète encore plus. Qu’est-ce qu’il y aura après ça ? Et c’était encore pire ?


— Je n’aime pas te voir ainsi.


Comme je n'ai pas envie de l'inquiéter d'avantage, je m’oblige à coller un petit sourire mièvre sur ma bouche. Je commence à prendre l'habitude d'enfiler ce masque en présence des autres, j'essaye de cacher ce que je ressens, d'ignorer la tornade qui écrase mes entrailles à l'intérieur de moi, me détourner des battements chétifs de mon coeur. Ils sont lents, fades, anémiques. Cet organe ne m'a jamais parut aussi inutile qu'en ce moment même.


—Est-ce que tu t’occupes au moins ? m'interroge ma mère en revenant à la charge.

— J’essaye d’écrire pour me vider le crâne mais il y a trop de trucs qui s’entrechoquent.

— Bénédicte ! s’écrie-t-elle, révoltée.


Mes épaules tressautent. Je courbe le dos.


— Tu ne peux pas rester enfermée entre quatre murs surtout pour écrire, tu es encore bloquée sur cette stupide fixette ?

— Ce n’est pas une fixette maman, j’aime écrire.

— Je le sais bien ça mais être écrivain ne te fera pas vivre, ce n'est pas un métier.


J’encaisse le coup sans broncher. Ses paroles sont sèches et à dix milles lieu de ce que je voudrais entendre mais elle ne veut pas être méprisante. J’ai arrêté mes études de commerce pour me consacrer à ma passion l’année dernière mais ça n’aboutit pas. Elle se fait juste du souci pour moi.


Sa main se pose sur la mienne.


— Pourquoi est-ce que tu ne chercherais pas un petit travail ? Tu pourrais toujours continuer à écrire à côté.


Je me retiens de lui dire que c’est ce à quoi je m’occupais il y a de ça quelques semaines et que j’avais même fini par en décrocher un avant de me faire larguer. Inutile que je me repointe là-bas, ils ne me reprendront jamais. Vivre d’amour et d’eau fraiche c’est beau sur le papier mais pas dans la réalité, c’est tout autre.


— Et puis, avec tout ce qui se passe dans ta vie, je suis persuadée que tu trouveras bientôt une source nouvelle inspiration.


Je lui renvoie son sourire délicat pour tenter de la rassurer mais je ne berne personne. Il n'est pas réel, il manque de brillance, d'éclat, d'émotions. Il sonne creux.


— Oh mon dieu ! Il est six heures passées, il faut que j’y aille, j’ai un tas de truc à préparer pour demain et je croule sous le travail en ce moment.


Elle ingurgite rapidement la fin de son café et se lève précipitamment.


— Tu ne m’en veux pas hein ?


Je secoue la tête tandis qu’elle enfile sa veste et fouille dans son sac à main pour en tirer un billet.


— Non, bien sûr, je comprends.

— Tiens, pour payer le tout.

— Merci man.


Ses pas se précipitent pour contourner la table, d'un mouvement fluide et contrôlé elle vient déposer un baiser sur le sommet de mon crâne.


— Écris-moi si tu as besoin et prend soin de toi.

— Promis.


Elle est en train de gagner la porte lorsqu’elle se retourne brutalement.


— Oh ! J’avais presque oublié, ta grand-mère m’a appelé.


Je fronce les sourcils.


— Elle était très en colère de ne pas avoir de tes nouvelles.


Je sens mon cœur se serrer au fond de moi. Tiens, je pensais qu’il ne marchait plus.


— Maman...je marmonne. Ne me dit pas que tu lui as dit…

— Si et tu ferais bien de la rappeler avant qu’elle ne débarque ici pour régler son compte à Liam.


Je me frappe le front du plat de la main. Il ne manquait plus que ça…


FIN DU CHAPITRE 5

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14

14 commentaires

Nina Fenice

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Il y a un an

Ah mais j’adore comme ça finit! C’est drôle et intriguant à la fois, on a envie de connaître cette grand-mère au fort caractère! Du coup je comprends un peu mieux la relation avec sa maman. Je comprends aussi que tu n’as pas le choix que de couper pour respecter la règle des 7000. Si on avait tout lu d’un coup, il y aurait moins de questionnement sur la réaction de ton héroïne.

GwendolineBrument

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Il y a un an

Une rencontre haute en couleur. On voit que sa mère l'aime, mais est marqué par sa propre expérience. Après la mère, la grand-mère, hâte de la découvrir.

Felicia 🖤

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Il y a un an

La mamie c’est le meilleur personnage :)

Chloe Miller

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Il y a un an

Je t'ai vu sur le forum, voici les likes de soutien ! Bon courage :)

Felicia 🖤

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Il y a un an

Merci pour ton aide :)

RayaneSchwab

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Il y a un an

Petit coup de pouce je viens du forum d'entraide bon courage :D

Felicia 🖤

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Il y a un an

Merci beaucoup pour ton passage !!

Léonie Césarine

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Il y a un an

Petit coup de pouce , je continuerais à chaque chapitre publié. Des que j’aurais un peu plus de temps je viendrais la lire car ton titre et ton résumé m’intéresse ♥️

Felicia 🖤

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Il y a un an

C’est très gentil à toi ! J’ai hâte que tu me donne ton avis <3

KBrusop

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Il y a un an

Je viens de faire une avalanche de likes❤️ n’hésite pas à venir sur mon histoire 😊
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