Fyctia
3.2
Vous savez ce qu’il y a de pire que de vivre une rupture et d'avoir la sensation de tremper dans la mélasse ? C’est de vivre la rupture, d'ignorer cette mélasse et de vouloir faire semblant que tout va bien parce que vous n’êtes pas prête à supporter la pitié qui s’y ajoute.
La seule personne au courant de ma séparation avec Liam est Ellie. Je n’ai pas encore trouvé le courage de l’avouer aux autres parce que je d’être celle qui doit se charger d'affronter leur peine en plus de la mienne. J’aurais préféré laisser ça à Liam mais il semblerait qu’il ait disparu de la circulation. Il a tout déserté en même temps : mon appart, les réseaux, notre groupe d’amis, tout. Je n’ai aucune idée de l’endroit où il se trouve, ni avec qui, je n’ai pas cherché à le savoir, j’imagine que c’est mieux comme ça.
Je soupire et relis une nouvelle fois les messages. Je n’ai pas envie de sortir mais je sais que j’en ai besoin. Comme je ne me suis pas présentée à mon premier jour de travail, je me retrouve à nouveau sans rien. Ajoutez à ça que j’essaye d’écrire en vain une histoire qui n’a plus aucune résonnance pour moi et que je reste cloitrée ici, entre quatre murs et vous obtenez le combo gagnant de la déprime. Prendre l’air me fera le plus grand bien et puis, c’est quand je sors que l’inspiration se présente le plus souvent à moi.
Téléphone à la main, je marche résolument jusqu’à ma commode aux tiroirs grinçants et manque de glisser sur une paire de chaussettes sales. Un rapide coup d’œil aux alentours suffit à me faire lâcher un profond soupir. Mon salon est dans un état pitoyable, les draps du canapé sont défaits, une pile de vêtement trône dans un coin de la pièce comme si elle était maitresse des lieux, on dirait qu’elle va bientôt atteindre le plafond, il y a trois paquets de M&M’s vides sur le bureau, des bouquins d’amour qui vont bientôt recouvrir le sol et des feuilles volantes un peu partout. Je secoue la tête et me remet à fouiller, le ménage attendra plus tard.
Je finis par mettre la main sur mon pull en cachemire préféré et échange mon vieux jogging décoloré contre un jean droit. Je me parfume, branche le sèche-cheveux et réalise un brushing à la va vite, simplement pour me convaincre que non, je ne laisse pas mes cheveux attaché vingt-quatre heures sur vingt-quatre.
Je lève les yeux au ciel et dans ce mouvement mon regard se pose sur l’horloge accrochée au mur. 8h47. Faut que je me magne !
Je récupère mes bottines à talons et tente de les glisser à mes pieds tout en passant le bras dans mon manteau, ce qui croyez-moi, n’est pas l’idée du siècle. Je perds l’équilibre dans le couloir et me rattrape de justesse au meuble à chaussures, envoyant valdinguer tout ce qui se trouvait dessus. Deux bouteilles de bières tombent à la renverse et s’écrasent sur le sol, éclaboussant mes vêtements tout propres. Je lâche un cri. Un vrai cette fois. Vous voyez, celui qui vient des tripes et qui vous indique que vous êtes en train d’atteindre votre point de rupture ? Bah c’est ce cri-là dont je vous parle.
Je me pince le nez pour essayer de me calmer puis ouvre précipitamment la porte, un froid glacial s’engouffre dans mon appartement. Je resserre mon écharpe rouge autour de moi et glisse mes gants sur mes mains.
Et tandis que je remonte la rue, armée de mon parapluie à pois rouges, mon cerveau lui continue de tourner et de me torturer par la même occasion. Je me demande à quel moment notre relation à Liam et moi est devenue ce qu’elle était. Moi vivant comme un zombi, lui toujours absent. Obligé de quémander à l’autre ce qu’on voulait qu’il fasse de manière instinctive.
Cinq ans ensemble, on aurait pu croire que le plus dur était passé mais en réalité, non. Un couple c’est comme une plante, pour qu’elle reste belle il faut l’entretenir, être à l’écoute de ses besoins, ne pas lui donner trop d’eau sinon elle risque de se noyer mais ne pas non plus la laisser se dessécher. C’est difficile de garder une plante en vie, surtout quand on a mille et une autre occupations. Mais il y a une chose qui peut la faire tenir, une recette miracle qui fait qu’elle continuera à grandir et à fleurir dans n’importe quelle circonstance… Un produit magique : l’amour.
Et quand elle en manque, il arrive bien souvent qu'elle se fane…
FIN DU CHAPITRE 3
11 commentaires
GwendolineBrument
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Il y a un an
C. E. Rivetto
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Il y a un an
lea.morel
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Il y a un an
Chaos Ipa
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Il y a un an
Felicia 🖤
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Il y a un an