Fyctia

James avançait d’un pas mesuré dans la rue, le regard attentif. La sensation d’être suivi ne le quittait pas. Il ralentit légèrement et scruta son environnement : des voitures garées le long du trottoir, un homme âgé avec un chien, une femme qui traversait en hâte avec des sacs de courses. Rien ne semblait suspect. Pourtant, l’instinct qui l’avait toujours servi sur le terrain lui hurlait qu’il n’était pas seul.

Pour confirmer ses soupçons, il accéléra brusquement le pas et tourna au coin de la rue. Là, il se plaqua contre un mur et attendit. Quelques secondes plus tard, une silhouette apparut au coin, hésita, puis recula précipitamment.

— Vous êtes bien mauvais pour passer inaperçu, lança James en sortant de sa cachette, son arme dégainée.

L’homme s’arrêta net, levant les mains en signe de reddition.

— Du calme ! Je ne suis pas une menace, répondit-il, la voix tendue.

— Qui êtes-vous et pourquoi me suivez-vous ?

— Je m’appelle Victor Harper. Je travaille pour une agence privée… et je crois que vous enquêtez sur quelque chose qui nous intéresse.

James arqua un sourcil, son arme toujours pointée.

— Une agence privée ? Laquelle ?

— Je ne peux pas vous le dire, répondit Victor avec un soupir résigné.

— Mauvaise réponse, gronda James.

Victor jeta un coup d’œil nerveux autour de lui, comme s’il craignait qu’on l’entende.

— D’accord, d’accord. Je travaille pour Apex Dynamics, une entreprise spécialisée dans les technologies de pointe et… d’autres domaines plus confidentiels.

James fronça les sourcils. Le nom lui était familier.

— Qu’est-ce qu’une entreprise comme Apex Dynamics a à voir avec Sarah Connors ?

Victor hésita avant de répondre.

— Nous pensons qu’elle est liée à un projet qui a mal tourné.

James baissa légèrement son arme, intrigué.

— Quel genre de projet ?

— Je ne peux pas vous en dire plus ici. Mais si vous voulez des réponses, je peux vous les donner… à condition que vous me protégiez.

— Vous protéger de quoi ?

Victor regarda autour de lui, une peur palpable dans ses yeux.

— De ceux qui ne veulent pas que la vérité éclate.

De retour chez Sarah, James sentit son téléphone vibrer. Il décrocha sans regarder l’écran.

— Faherty.

— Inspecteur, ici Carter. Vous devez voir ça.

— Quoi encore ?

— Une nouvelle disparition, répondit Carter. Une femme, même tranche d’âge que Sarah, même profil physique.

James sentit une tension familière monter.

— Où ça ?

— À Houston. Elle a été vue pour la dernière fois il y a deux jours, non loin du lieu où Sarah a été retrouvée.

Il raccrocha et se tourna vers Sarah, qui était en train de préparer du thé dans la cuisine.

— Sarah, il y a eu une autre disparition.

Elle lâcha la cuillère qu’elle tenait, le bruit métallique résonnant dans la pièce.

— Une autre femme ? Comme moi ?

— Oui, répondit-il doucement. Et cette fois, on a peut-être une piste.

Sarah s’approcha, visiblement inquiète.

— C’est quoi, cette piste ?

— Un témoin affirme avoir vu une camionnette noire dans la zone. Le même genre de véhicule dont tu parlais.

— Alors, je ne suis pas folle, murmura-t-elle, une pointe de soulagement mêlée à de l’angoisse.

James posa une main sur son épaule.

— Je ne t’ai jamais prise pour une folle, Sarah. Mais ça veut dire qu’on est peut-être sur le point de comprendre ce qui se passe.

James retourna au poste avec Sarah pour consulter les nouvelles informations. Carter les attendait avec un dossier rempli de détails sur la disparition récente.

— La victime s’appelle Megan Collins, 28 ans. Elle a été vue pour la dernière fois dans un café, où elle semblait nerveuse, regardant sans cesse autour d’elle, expliqua Carter.

— Et le témoin ? demanda James.

— Un serveur. Il a remarqué une camionnette noire garée devant le café, mais il n’a pas vu la victime monter dedans.

James feuilleta les rapports, réfléchissant à haute voix.

— Deux femmes, des profils similaires, et cette camionnette. Ça commence à ressembler à un schéma.

Sarah, debout à côté de lui, écoutait attentivement.

— Megan est-elle toujours portée disparue ? demanda-t-elle, la voix tremblante.

— Oui, répondit Carter. Mais si on peut retrouver cette camionnette…

James se leva brusquement, prenant sa veste.

— On doit aller voir ce témoin. Sarah, tu restes ici.

— Pas question, rétorqua-t-elle, les bras croisés.

— Ce n’est pas négociable, insista James.

— Je suis peut-être la clé pour comprendre tout ça ! protesta-t-elle.

James s’arrêta, pris entre son instinct de protection et son besoin de résoudre l’affaire.

— D’accord, mais tu restes en retrait, finit-il par céder.

Ils arrivèrent au café où Megan avait été vue pour la dernière fois. Le serveur, un jeune homme nommé Ethan, les accueillit nerveusement.

— Oui, je me souviens de cette femme, dit-il. Elle semblait vraiment inquiète.

— Et la camionnette ? demanda James.

Ethan hocha la tête.

— Elle était là, garée juste en face. Je pensais que c’était une livraison, mais…

— Mais quoi ?

— Elle est restée là longtemps, et quand Megan est partie, elle a démarré juste derrière elle.

James échangea un regard avec Sarah.

— Vous avez noté la plaque d’immatriculation ?

Ethan secoua la tête.

— Non, désolé.

James serra les dents. Encore une impasse. Mais alors qu’ils quittaient le café, Sarah s’arrêta soudain, le regard fixé sur une ruelle voisine.

— Qu’est-ce qu’il y a ? demanda James.

Elle pointa du doigt une trace de pneu fraîche sur le sol humide.

— Cette camionnette… elle a dû passer par là.

James sortit son téléphone pour appeler Carter.

— Prépare une équipe. On a peut-être une piste.

En regardant Sarah, il sentit un mélange d’admiration et de crainte. Elle était plus impliquée qu’il ne l’aurait voulu. Mais il savait aussi qu’il ne pouvait plus faire marche arrière.