Fyctia
Chapitre 4
Sarah regardait James depuis la fenêtre de sa chambre. Il était en bas, dans l’allée, discutant avec un agent en uniforme arrivé quelques minutes plus tôt. Bien qu’elle ne puisse entendre leur conversation, elle sentait dans la gestuelle de James une inquiétude qu’il s’efforçait de dissimuler.
Elle croisa ses bras, essayant de calmer les tremblements qui parcouraient encore son corps. L’idée qu’une présence étrangère ait pu pénétrer chez elle la mettait mal à l’aise. Mais ce qui la troublait davantage, c’était la façon dont James s’était précipité pour venir à son secours.
Il n’était pas obligé, pensa-t-elle. Mais il l’a fait.
Le bruit de la porte d’entrée qui s’ouvrait la tira de ses pensées. Quelques instants plus tard, James réapparut dans l’encadrement de sa chambre, son regard aussi perçant qu’à l’accoutumée.
— Les agents vont rester dans le secteur pour patrouiller, dit-il en entrant, ses yeux balayant la pièce. Mais je vais devoir vous poser quelques questions.
— Encore ? répondit-elle avec un soupir nerveux.
Il esquissa un sourire léger, qui adoucit pour un instant son visage habituellement sévère.
— Désolé, c’est dans la description de mon poste.
Elle s’assit sur le bord du lit, jouant avec une mèche de ses cheveux roux.
— Allez-y, inspecteur.
James s’assit sur une chaise en face d’elle, prenant soin de garder une certaine distance.
— Vous êtes sûre de ce que vous avez entendu ? Pas de télévision allumée, pas de bruit venant de l’extérieur ?
— Non, répondit-elle avec fermeté. J’ai entendu des pas. Lents, lourds, comme si quelqu’un voulait me faire comprendre qu’il était là.
Il hocha la tête, notant mentalement ses mots.
— D’accord. Vous avez vu quelque chose avant que j’arrive ? Une silhouette, une lumière, quoi que ce soit ?
Sarah hésita un instant, mordillant sa lèvre inférieure.
— Non… Rien de concret. Mais… je me suis sentie observée, dit-elle, sa voix se brisant légèrement.
James pencha légèrement la tête, ses yeux s’adoucissant.
— Écoutez, Sarah. Ce que vous traversez est difficile. Vous avez vécu un traumatisme, et votre esprit essaie de rassembler des morceaux qui ne s’emboîtent pas toujours parfaitement.
Elle releva la tête brusquement, ses yeux bleus brillant d’un mélange de colère et de vulnérabilité.
— Vous pensez encore que j’invente tout ça, pas vrai ?
James soupira, levant légèrement les mains dans un geste apaisant.
— Ce n’est pas ce que je dis. Mais je veux m’assurer que chaque détail qu’on analyse est solide.
Un silence s’installa entre eux, seulement troublé par le tic-tac de l’horloge sur le mur.
— Vous avez toujours cette façon de tout analyser comme un robot ? lança-t-elle finalement, son ton teinté de défi.
James haussa un sourcil, surpris par sa remarque.
— Je suis flic. Ça fait partie du job.
— Et en dehors du job, vous êtes pareil ?
Il la fixa un instant, cherchant ses mots.
— Je suppose que je ne laisse pas souvent de place à autre chose.
— Peut-être que vous devriez, murmura-t-elle presque pour elle-même.
Le silence qui suivit était moins tendu, presque complice. James se leva enfin, jetant un coup d’œil à sa montre.
— Il se fait tard. Je vais rester en bas pour m’assurer que tout va bien cette nuit.
Sarah se leva à son tour, surprise.
— Vous allez dormir ici ?
— Dormir, non. Surveiller, oui, corrigea-t-il avec un sourire en coin.
Elle hésita, touchée par cette attention qu’elle n’attendait pas.
— Merci, dit-elle doucement.
— C’est mon boulot, Sarah.
Mais son regard, plus doux qu’il ne voulait le montrer, disait quelque chose de différent.
Quelques heures plus tard, Sarah se leva pour descendre boire un verre d’eau. En bas, elle trouva James installé sur le canapé, sa veste posée sur le dossier, ses manches retroussées. Il lisait un dossier, concentré, mais releva les yeux en entendant ses pas.
— Tout va bien ? demanda-t-il.
Elle hocha la tête.
— Je n’arrive pas à dormir, répondit-elle en serrant le verre entre ses mains.
Il hocha la tête, posant ses papiers.
— C’est normal. Ça prend du temps.
— Vous en savez quelque chose ?
James hésita, comme s’il pesait ses mots.
— J’ai vu des choses, dans ce boulot. Et oui, ça laisse des traces.
— Alors pourquoi vous faites ça ? demanda-t-elle en s’asseyant sur le fauteuil en face de lui.
Il esquissa un sourire triste.
— Parce que parfois, je peux faire en sorte que les choses tournent mieux pour quelqu’un.
Elle le regarda, frappée par la sincérité dans ses mots.
— Vous êtes plus humain que vous ne le laissez paraître, murmura-t-elle.
James détourna le regard, gêné par son observation, mais incapable de la contredire.
Dans la pénombre de la pièce, un lien commençait à se tisser entre eux, fragile mais indéniable.
2 commentaires
Dystopia_Girl
-
Il y a 5 mois
Octavia Carouzell
-
Il y a 5 mois