Fyctia

Le soleil de Houston se levait, teignant le ciel de nuances d’or et de rose, mais Sarah se sentait toujours aussi enlisée dans l’obscurité. Elle était assise dans la cuisine, une tasse de café tiède entre les mains, ses cheveux roux encore ébouriffés de la nuit sans sommeil. James était parti tôt ce matin, laissant un mot succinct sur le comptoir :

Appel urgent. Je reviens dès que possible. Porte bien verrouillée.

Elle soupira, relisant les mots. James Faherty, toujours aussi direct et impersonnel… du moins en surface. Elle n’avait pas oublié la chaleur fugace qu’elle avait perçue dans son regard la nuit dernière.

Un bruit sourd la fit sursauter. Son cœur s’emballa alors qu’elle tendait l’oreille. C’était à l’extérieur, près du jardin. Prenant une grande inspiration, elle posa sa tasse et se dirigea vers la fenêtre. Rien. Seulement le vent qui agitait les branches du grand chêne au fond du jardin.

Mais elle avait ce pressentiment, cette sensation oppressante qu’elle n’était pas seule.

Quelques heures plus tard, James était de retour. Sa chemise bleu pâle froissée témoignait de la matinée qu’il venait de passer. Il posa son téléphone sur la table du salon, s’étira et regarda Sarah, assise sur le canapé, son visage fermé.

— Tout va bien ? demanda-t-il.

— Pas vraiment, répondit-elle, croisant les bras. Il y a eu un bruit dans le jardin ce matin.

James fronça les sourcils, son instinct d’enquêteur s’éveillant immédiatement.

— Tu as vu quelque chose ?

— Non, mais… je me sens constamment épiée.

Il s’agenouilla pour être à son niveau, captant son regard.

— Écoute, Sarah. Je vais faire installer des caméras de sécurité. Ça ne réglera peut-être pas tout, mais au moins, on saura si quelqu’un rôde autour de chez toi.

Elle hocha lentement la tête, appréciant sa réactivité.

— Merci.

Leur proximité la troublait, mais elle ne s’en éloigna pas. Les traits de James étaient tirés, mais ses yeux gris acier reflétaient une détermination rassurante.

— Je dois te montrer quelque chose, dit-il après un moment, se redressant.

Il attrapa son sac et en sortit une petite pochette contenant plusieurs photos. Il les étala sur la table devant elle.

— C’est quoi ?

— Des signalements de disparitions à Houston et dans les environs, expliqua-t-il. Les dates coïncident avec ton enlèvement supposé.

Sarah plissa les yeux en examinant les clichés.

— Ces gens… vous pensez qu’ils ont vécu la même chose que moi ?

James hésita, ses mâchoires se crispant légèrement.

— Peut-être. Ou peut-être qu’il y a un lien complètement différent. Je ne peux rien affirmer pour l’instant, mais regarde ça.

Il désigna une photo en particulier. Un homme, la quarantaine, portant une combinaison blanche, le visage grave.

— Lui, c’est Ethan Walker. Il a été retrouvé deux jours après avoir disparu, complètement désorienté, prétendant avoir été enlevé… par des extraterrestres.

Sarah sentit un frisson parcourir son échine.

— Et vous le croyez ?

James la regarda, son expression indéchiffrable.

— Pas encore. Mais ce qui m’intrigue, c’est qu’il mentionne des bruits étranges, des sensations de vertige, et une lumière aveuglante. Les mêmes éléments que toi.

Elle serra les bras autour d’elle, une vague d’angoisse l’envahissant.

— Et maintenant ?

James se redressa, la regardant avec une intensité nouvelle.

— Maintenant, on doit trouver Walker. Peut-être qu’il a des réponses.

Plus tard dans l’après-midi, ils se rendirent à la clinique où Ethan Walker était en observation. Le bâtiment, austère et délavé, semblait loin de l’agitation vibrante de Houston.

À l’intérieur, une infirmière les conduisit dans une salle d’entretien. Walker était assis là, les épaules affaissées, ses yeux éteints fixant le vide. Quand il vit James et Sarah entrer, il se redressa légèrement, méfiant.

— Qui êtes-vous ? demanda-t-il d’une voix rauque.

James s’approcha doucement, levant les mains dans un geste pacifique.

— Inspecteur Faherty, Houston PD. Et voici Sarah. Elle a vécu… quelque chose de similaire à ce que vous décrivez.

Walker jeta un regard hésitant à Sarah avant de détourner les yeux.

— Je ne veux plus en parler, murmura-t-il.

— Ethan, intervint Sarah doucement. Je sais que c’est difficile, mais je vous en supplie. J’ai besoin de savoir ce qui m’est arrivé.

Il releva la tête, croisant enfin son regard.

— Vous avez vu la lumière, pas vrai ? murmura-t-il. Cette lumière blanche qui vous brûle les yeux, qui vous aspire ?

Sarah hocha la tête, bouleversée.

— Oui.

Walker soupira, passant une main tremblante dans ses cheveux grisonnants.

— Ce ne sont pas des extraterrestres. Ce sont eux, dit-il, sa voix tremblant. Ceux qui…

Il s’arrêta net, ses yeux s’élargissant de terreur.

— Ils nous surveillent, chuchota-t-il. Ils savent que vous êtes là.

Un silence lourd tomba sur la pièce. James posa une main ferme sur l’épaule de Sarah, comme pour lui rappeler qu’il était là.

— Qui est-ce, Ethan ? insista James. Qui vous surveille ?

Walker ouvrit la bouche pour répondre, mais un bruit assourdissant éclata dans le couloir, faisant sursauter tout le monde.

James dégaina son arme, ses sens en alerte, tandis que Sarah se réfugia instinctivement derrière lui. Walker, quant à lui, s’était recroquevillé dans un coin, marmonnant des mots incompréhensibles.

— Restez ici, ordonna James à Sarah avant de s’avancer prudemment vers la porte.

Mais Sarah, son cœur battant à tout rompre, savait que cette histoire ne faisait que commencer.