Fyctia

James Faherty roula doucement sur le chemin de terre qui menait au champ où Sarah avait été retrouvée. Le lieu était bordé de vieux chênes tordus, leurs branches formant des silhouettes inquiétantes sous la lumière tamisée du crépuscule. Le vent s’engouffrait entre les arbres, murmurant des sons étranges qui mettaient les nerfs en alerte.

En sortant de la voiture, James sentit immédiatement l’atmosphère particulière du lieu. Le champ était vaste, ses herbes hautes dansant sous le souffle de l’air, et au centre, une zone semblait anormalement aplatie, comme si quelque chose de lourd s’y était posé.

« Inspecteur ! » cria une voix à quelques mètres.

James tourna la tête et aperçut l’un des techniciens de scène de crime, un homme d’une quarantaine d’années à la barbe poivre et sel, qui lui faisait signe.

— Qu’est-ce que vous avez trouvé ? demanda James en le rejoignant.

Le technicien, nommé Carter, désigna une série de cercles tracés dans l’herbe.

— Vous voyez ça ? On dirait des marques d’atterrissage. Quatre points principaux, formant un carré parfait. Et ça, là au centre...

Il désigna un cercle de cendres noirâtres qui tranchait avec le vert vif des herbes autour.

— Brûlures, continua Carter. Pas de traces de feu visible, mais le sol est littéralement carbonisé. On a pris des échantillons pour analyse.

James fronça les sourcils, se penchant pour examiner les marques.

— Pas de traces de pneus, pas d’empreintes de pas ? demanda-t-il.

— Rien, répondit Carter en secouant la tête. Pas même un froissement dans l’herbe à part là où elle a été retrouvée.

James passa une main dans ses cheveux bruns courts, son esprit analysant les possibilités.

— Ça pourrait être un canular, dit-il finalement. Un montage.

Carter haussa les épaules.

— Peut-être. Mais je vais vous dire, inspecteur, ça ne ressemble à rien de ce que j’ai vu.

James soupira, se relevant.

— Qu’en est-il des témoins ? demanda-t-il.

— Un couple qui habite à un kilomètre d’ici affirme avoir vu une lumière très vive dans le ciel hier soir, vers 23 heures. Ils ont cru que c’était un éclair ou un feu d’artifice, mais il n’y a pas eu d’orage.

James nota l’information mentalement. Une lumière blanche. Le même détail que Sarah avait mentionné.

— D’accord, dit-il. Envoyez-moi les résultats des analyses dès que vous les avez.

Il se retourna pour inspecter le reste du champ, mais son téléphone vibra dans sa poche. En voyant le nom sur l’écran, il décrocha immédiatement.

— Faherty.

— C’est Sarah, dit une voix nerveuse à l’autre bout du fil.

James s’immobilisa, son regard fixant l’horizon.

— Qu’est-ce qui se passe ?

— Il y a quelqu’un chez moi.

Son ton était bas, presque un murmure, mais il contenait une panique palpable.

— Vous êtes sûre ? demanda-t-il, déjà en train de marcher rapidement vers sa voiture.

— Oui, répondit-elle, sa voix se brisant légèrement. J’ai entendu du bruit dans la cuisine. Je suis dans ma chambre, je me suis enfermée, mais je ne sais pas quoi faire.

— Écoutez-moi, Sarah, dit-il en démarrant sa voiture, sa voix ferme. Restez où vous êtes. Ne faites aucun bruit. Je suis en route.

— Dépêchez-vous, souffla-t-elle avant que l’appel ne se coupe.

James accéléra, son cœur battant plus vite qu’il ne voulait l’admettre.

Lorsqu’il arriva devant la maison de Sarah, les fenêtres étaient plongées dans l’obscurité. Il coupa les phares et sortit de la voiture, son arme déjà dégainée. Ses pas sur le gravier étaient silencieux tandis qu’il s’approchait de la porte d’entrée, qui était entrebâillée.

Il entra avec précaution, balayant la pièce avec son arme.

— Sarah ? murmura-t-il, sa voix basse mais ferme.

Aucune réponse.

Le salon était en désordre. La table basse était renversée, les livres éparpillés sur le sol, et un vase brisé jonchait le tapis. Son regard fut attiré par une lueur bleue intermittente venant de la cuisine.

Il avança lentement, ses sens en alerte maximale.

En entrant dans la cuisine, il trouva la source de la lumière : un portable qui vibrait sur le comptoir. Il le prit et vérifia l’écran. Un numéro inconnu appelait.

— Sarah, où êtes-vous ? lança-t-il, sa voix plus forte.

Un bruit de pas précipités dans l’escalier le fit se retourner brusquement. Il se précipita dans le couloir et monta les marches deux à deux.

Arrivé à l’étage, il entendit un sanglot étouffé venant de la chambre principale. Il poussa la porte et trouva Sarah recroquevillée derrière le lit, les yeux agrandis par la peur.

— C’est vous, souffla-t-elle en le voyant, sa voix brisée.

James s’accroupit à ses côtés, son arme toujours prête.

— Tout va bien. Vous êtes en sécurité, dit-il.

— Il… il était là, j’en suis sûre. J’ai entendu des pas.

James se releva et inspecta la pièce rapidement, mais ne trouva personne.

— Personne ici, mais vous avez bien fait de m’appeler.

Sarah le regarda, tremblante, et murmura :

— Vous pensez toujours que je suis folle, n’est-ce pas ?

James la fixa un instant, son regard devenant plus doux malgré la tension.

— Non, répondit-il finalement. Mais je pense qu’on est loin d’avoir toutes les réponses.

Le cri d’une alarme à l’extérieur coupa leur échange. James se précipita vers la fenêtre et aperçut des phares dans l’allée.

— Restez ici, ordonna-t-il avant de descendre en trombe.

Dans la nuit texane, une ombre semblait les observer de loin, disparaissant avant qu’il ne puisse l’apercevoir distinctement.