Rose Lb LES CLOCHES IRLANDAISES DE NOËL La danse des flocons

La danse des flocons

Toujours entre quatre murs avec le Leprechaun qui ne cesse de réclamer de quoi grignoter. J’ai envoyé la liste de courses à monsieur O’Brien. Il se charge de me faire livrer cet après-midi.

Mon nez à la fenêtre, j’observe la neige tomber de nouveau.


— Dîtes-moi Rayä, pouvez-vous arrêter la chute des flocons ?


Il claque des doigts. Tout s’immobilise. Je n’en crois pas mes yeux.


— Ce n’est pas possible, je rêve !


Je cours sur l’estrade de bois, descends les trois petites marches et constate avec enthousiasme les étoiles gelées en suspens. J’en touche une qui fond sur mes phalanges.


— Rappelez-vous que rien n’est éternel, enfin, sauf peut-être l’amour…


Je me retourne avec un léger effroi.

— Cessez d’apparaître n’importe quand et sans me prévenir, vous allez me provoquer une crise cardiaque !


Le temps reprend son cours.


— Les flocons dansent de plus belle, si ça continue, plus aucune voiture ne pourra rouler. Je risque de rester bloquée dans cette maison comme l’a suggéré M O’Brien.


Je me frictionne les bras, les nuages trop nombreux cachent désormais le soleil.


— Rentrez, vous allez tomber malade !


Rayä se télé-transporte, je suppose, à l’intérieur. Je me hâte de me mettre au chaud. Dans le salon, il n’y a pas de Leprechaun. Je vérifie dans chaque pièce de la maison, mais non. Et si mon cerveau me jouait des tours ? J’ai besoin de me confier à mon ami de toute urgence.


— José, une chose incroyable vient de se produire. Avant toute chose, jure-moi de ne pas rire et de me croire sur parole !

— Quelle question ! Il n’y a pas de ça entre nous !

— Il y a un Leprechaun dans le cottage.

— Je… Je n’ai pas compris le dernier mot !

— C’est un être magique. Je sais que cela paraît dingue ou alors j’ai des visions, mais je te promets qu’il y a une sorte d’elfe dans cette maison de vacances !

— Euh…

— José ? Je te dis la vérité ! Il s’appelle Rayä.

— D’accord… Un… comment déjà ?

— Leprechaun !

— Ce ne serait pas une créature mystique de l’Irlande ?

— Peut-être, j’avoue ne pas avoir cherché encore.


Il se met à rire.


— Tu m’as promis José !

— Non, pas du tout. Allons, cesse de raconter n’importe quoi. En vrai, tu m’inquiètes... Soit tu dérailles ou tu me fais marcher.


Je m’assieds sur un fauteuil. Et si José disait vrai ? La créature a disparu d’un coup. Elle est naît de mon imagination alors...


— José, il faut que tu me rejoignes au plus vite. Tu as peut-être raison. Je t’assure avoir vu cette chose. Et la neige s’est arrêtée dehors quelques secondes.

— Ma pauvre, ma pauvre… Je n’ai pas de vol avant trois jours. Encore deux dodos et je serai près de toi ! Pas question que tu passes le réveillon de Noël toute seule.

— Tu es un frère pour moi, tu sais.

— En attendant, flâne un peu. Profite de ce temps pour te recentrer sur toi. Tu écriras ton article une fois ton séjour terminé.

— Tu as raison. Je vais bouquiner.

— Voilà et sors découvrir les gens à l’extérieur. On se rappelle, je t’embrasse !


N’ayant pas fini ma lecture hier, je me replonge dans le livre, confortablement installée sous le plaid et les pieds posés sur un pouf de laine. Plus de Leprechaun qui revient, je l’espère ! Cette créature n’existe pas, je dois protéger mon esprit de ce genre de farce.

Page après page, mon corps se détend et je ne songe plus ni au nain ni à ma rupture avec Gabriel.


Quelqu’un frappe à la porte alors que la lumière du logis me semble bien sombre. Quatre heures viennent de couler sans que je m’en sois rendu compte.

Je garde le plaid sur mes épaules. Dans le couloir un long miroir d’au moins cent quatre-vingts centimètres me renvoie mon chignon roux défait. Deux boutons se sont démenés laissant ainsi ma chemise se fendre entre mes seins ronds. À mes pieds de grosses chaussettes antidérapantes.

J’ouvre, un homme charmant muni d’une pelle me sourit.


— Bonjour, je suis le fils du propriétaire.

— Enchantée, vous voulez m’embrasser ?

— Pardon ?!

— Dehors, il fait froid, je vous propose d’entrer. Qu’avez-vous entendu ?

— J’ai du mal comprendre… Juste un instant alors.


Je referme la porte après d’avoir constaté la tranchée qu’il a creusée de la maison des O’Brien à mon cottage. J’aperçois aussi le Leprechaun assis sur la rambarde me filer un clin d’œil, puis il disparaît. Ah, non ! Ça recommence…


— Merci d’avoir dégagé l’allée.

— Mon père doit venir avec des vivres, je ne souhaite pas qu’il s’embourbe dans la neige. Têtu comme il est, il tient à assurer cette tâche.

— Je peux vous offrir un chocolat ? Je ne sais si j’ai du thé ici…

— Non, à vrai dire, je dois filer. Mais ce soir vous êtes conviée à manger chez mes parents. C’est un dîner de bienvenue, une routine dans la famille.

— Il y aura d’autres hôtes ?

— Oui, deux couples seront présents.


Au secours !


— Je ne sais pas trop, je viens de rompre, l’idée de me retrouver avec… enfin, vous comprenez…

— Croyez-moi, je compatis. Ma fille sera là, et ravie de vous accueillir. Elle vous fera oublier les autres.

— Je verrais bien, je ne vous promets pas.


Avec ses lèvres qui se pincent, il semble un peu vexé. Mince…


— Je rentre alors, et vous, peut-être à tout à l’heure. Vers 19hoo.


Ce serait dommage de semer un malaise entre cette famille et moi. Je lui balance une fois qu’il marche dans l’allée dégagée :


— Je viendrai !


Il brandit son pouce et sourit. Quel homme séduisant ! Le même regard que son père.

Dans le cottage, un bruit familier provient de la cuisine. Rayä a de toute évidence déniché un nouveau gâteau à manger.

Ce n’est pas mon imagination. Cette créature se goinfre devant moi. Maintenant j’en suis certaine, la magie existe. Mais elle ne me paraît pas aussi enchanteresse comme lorsque j’étais gamine.


— Vous revoilà !

— J’ai une petite faim. Un Leprechaun a toujours envie de manger, c’est une catastrophe. Ma femme se désespère.

— Le frigo du père Noël est vide ? Votre femme ? Je pensais que vous avez dormi durant des années.

— Je n’habite pas chez lui. Je suis marié à la plus sexy des Leprechaunes ! Oui, je suis mort en principe, mais mon âme vit encore. La preuve, je suis là !

— Je ne comprends rien à votre histoire. Soit vous restez ici pour une raison précise et on en découd tout de suite, soit vous rentrez préparer les cadeaux pour le réveillon.

— Hé ! Je ne suis pas un lutin !

— À quoi servez-vous ?

— Je réalise le vœu le plus cher des plus désespérés.

— Que… quoi ? Je n’ai rien d’une désespérée !

— Si quand même. Tu es au bord du gouffre. Tu n’as même pas prêté attention à ce que tu as demandé à celui qui a creusé l’allée. Ne te l’avais-je pas pourtant prédit ?


Je reste sans voix.


— Oh !

— Eh eh ! Le Leprechaun semble plus malin à présent…

— Alors qu’ai-je dit de mal ?

— Tu lui as réclamé un baiser !

— N’importe quoi ! C’est encore une de vos farces.

— Non, tu n’as qu’à lui demander à ce dîner.

— Je le ferai !

— Parfait ! À tout à l’heure !


Il disparaît. Je crains le pire… J’ai vraiment exprimé ça  ?!

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1 commentaire

Gottesmann Pascal

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Il y a 13 jours

Pour les lecteurs il est très marrant ton Leprechaun. Pour ta pauvre héroïne j'ai plus de doutes.
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