Rose Lb LES CLOCHES IRLANDAISES DE NOËL Cerise givrée

Cerise givrée

Il est temps que je m’habille pour le dîner chez les O’Brien.

J’étale des tenues sur le lit quand un foulard sort de l’armoire en volant. Même si je sursaute, je me rassure avec l’idée de connaître la personne derrière cela.


— Rayä ! Je sais que c’est vous !

— Je ne suis pas là ! chantonne-t-il.

— Quel âge avez-vous enfin ?!

— Cent cinquante six.

— Plus mature qu’il ne le faut, donc. J’exige de vous voir !

— D’accord, soupire-t-il en apparaissant devant la porte de la chambre.

— Évitez de faire ce genre de chose, ce n’est pas drôle.

— Vous semblez avoir des difficultés pour vous habiller. Si je peux me permettre, un petit accessoire autour du cou…

— Je vous remercie – lui coupé-je la parole – mais votre avis sur la question ne m’intéresse pas. Je suis assez grande pour me vêtir toute seule. Maintenant veuillez sortir de ma chambre et patientez en bas dans le salon !

— Comme vous voudrez…


Enfin, il sort de la pièce comme tout le monde sans se volatiliser !

Revenons à mes moutons… Pas de tenue sexy ! Un jean et un pull en cachemire feront l’affaire. Et peut-être bien qu’un petit foulard autour du cou avec les cheveux relevés me donne une allure plus classe.

J’attache mes mèches rousses, glisse un rouge sur mes lèvres, me parfume et rejoins le rez-de-chaussée.

Rayä semble ému de me découvrir.


— Vous êtes ravissante. Moins jolie que Mélinda, mais charmante.

— Mélinda… votre femme ?

— Oui, la plus belle d’entre toute.

— Pourrais-je la voir ?


Il sort de sa veste verte en velours une photo.


— La voici.


J’hallucine ! Je retiens un rire.


— N’est-elle pas fabuleuse ?


Il s’émoustille devant le cliché de magasine, ses yeux larmoyants se remplissent d’étoiles.


— Mélinda Gordon possède beaucoup de charme, en effet. Je crains qu’elle ne soit pas au courant de vous avoir épousé… non ?

— Ne soyez pas dure avec moi… J’ai aussi le droit de rêver !

— Mentir n’est pas une bonne chose, surtout pas pendant cette période.

— Oui, j’avoue, les Leprechauns sont de grands rêveurs !

— Ils racontent des salades, oui, marmonné-je.


Il me regarde avec des yeux de petits garçons et d’un énième claquement de doigts s’évapore.

Tant mieux, je dois filer !

Le manteau sur le dos, je longe l’allée sous les flocons qui se soudent pour épaissir la couche. La magie de Noël rayonne. Je reste éblouie devant la demeure des O'Brien, une douce cahute en toit de chaume, illuminée par des guirlandes clignotantes multicolores. Une couronne aussi jolie que celle de mon logis avec des baies rouge séchées en plus, décore la porte. Deux nains en pierre sur un tapis montent la garde. Je souris face à Timide.

Je sonne.


— Vous êtes venue ! se réjouit une dame qui m’ouvre.

— Je suppose que vous êtes l’épouse de monsieur O’Brien.

— Oui, appelez-moi Kiara. Êtes-vous prête pour une dégustation irlandaise  ?

— Oui, avec plaisir. Suis-je la première arrivée ?

— Non, la dernière.

— Vraiment...

— Ils sont arrivés en avance, me rassure-t-elle.


Je ne suis pas tout à fait sincère puisque je préférais au départ ne pas venir. Mais au final, rester seule ne me semble pas une bonne idée.

Monsieur O’Brien nous rejoint dans le hall accompagnée d’une jolie fourmi haute de cent quarante centimètres environ.


— Tayron, prend le manteau de notre dernière invitée et passons tous à table !

— Voilà un joli costume d'elfe !

— Merci. Je m'appelle Lily. Tu as déjà monté dans la tour Effel ?

— Oui une fois. La vue est magnifique.

— Tu as pris les escaliers ou l'ascenseur?

— L'ascenseur, je ne suis pas très sportive.

— C'est sur ma liste des choses à faire.


Tayron toussote, pose sa main sur son épaule.


— Va donc t'installer à table, ma chérie.

— D'accord.


La petite fille tournoie doucement dans sa jolie robe violette.Sa voix mélodieuse me bouleverse. Si fine si pure. Un corps tout menue. Je lui filerai bien quelques rondeurs de mes hanches pour la meubler comme dirait ma grand-mère !

Ses petits talons martèlent avec poésie le plancher.

Je sens monsieur O'Brien contrarié et soucieux. Je laisse ma curiosité de côté pour l'instant. Mon instinct me joue peut-être des tours.


Alors qu'il se dégage de ma vue, la magie du lieu opère. Je me croirais dans la maison du père Noël ! Rien n’a été oublié. Du sol au plafond les décorations se multiplient. Guirlandes, boules, la crèche et ses sujets. Un train électrique attend le coup de sifflet pour entrer en gare sur une commode garnie de coton. Près de là, deux poupées vêtues de robes de dentelles s’égosillent en dégustant une tasse de thé. Au sol, un ours dévore du pain d’épice. Des soldats montent la garde toujours prêts à défendre leur patrie, alors qu’une lapine réconforte ses petits. Si je viens d’avoir vingt-sept ans, je me sens tout à coup telle une enfant trépignant dans ses souliers vernis qui cherche avec passion quel cadeau lui est dédié. Féerique !

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1 commentaire

Gottesmann Pascal

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Il y a 9 jours

Elle est magnifique la déco chez O Brien. On s'y croirait et on a vraiment envie d'y être.
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