Rose Lb LES CLOCHES IRLANDAISES DE NOËL Surprise glaciale

Surprise glaciale

J’ai rêvé. Je n’ai pas pu voir ce que je pense avoir découvert ! Un chat sauvage avec des yeux exorbitants. La fatigue a contribué à déformer l’apparence de l’animal.

J’inspire à fond et retourne dans la cuisine. Le plat d’aluminium vide traîne à terre. Je penche ma tête dessous la table. Rien. Derrière la poubelle non plus. La bête semble cachée quelque part. Je suis exténuée. Demain je trouverai une solution à ce problème.

Une douche à l’étage et je me vautre sous la couette. Je ferme la porte, si le minou voulait monter…


Ma chambre fleurie a eu un effet apaisant avec ses couleurs rosées et crèmes.

Avec le volet à moitié baissé, le jour entre dans la pièce dès le lever du soleil. Je ne me souviens pas de m’être réveillée sans l’aide d’une sonnerie. J’ouvre les yeux dans un calme et une douceur d’ambiance des plus agréables. Un pur moment de bonheur. Les rayons réfléchissants sur le sol blanc offrent un éclat lumineux sur les vitres. Je croirais observer une danse d’étoiles.

Je me redresse pour m’étirer. J’aperçois avec stupeur l’épaisseur de la croûte de neige dehors ! Facile cinquante centimètres recouvrent les routes, et les flocons tombent encore. Seul le vent se veut plus discret ce matin. J’enfile mon peignoir, lorsque j’ouvre la porte de la chambre, je pousse un cri :


— Ah !!!


Puis je reste pétrifiée.


— Surprise !!! s'exclame ce mélange d’Elfe et de nain.

— Qui êtes-vous ?

— Non, vous qui êtes-vous ?!

— Mathilde ! À votre tour !

— Rayä, votre Leprechaun de Noël. À votre service !

— Si c’est une blague de monsieur O’Brien, je la trouve de très mauvais goûts. Je n’ai pas réclamé de compagnie pour ce voyage. Comment êtes-vous entré ?

— Comme ceci !


Il claque des doigts et disparaît. Je ne me suis pas réveillée ou je tourne dans un film imaginaire à mon insu. J’inspire plus qu’il ne faut. Cette réalité semble incontestable.


— Où êtes-vous ? Monsieur ?!

— Ici, répond-il sans que je puisse le distinguer.

— Montrez-vous tout de suite !


Il réapparaît de la même façon.


— Je vais descendre boire et manger, je dois être en hypoglycémie. Je parle avec un personnage de conte de fées.

— Rectification ! Un Leprechaun. Merci de m’appeler par mon prénom Rayä !

— Je vous demande de sortir, vous n’êtes pas un invité.

— Si tel est votre désir, par où souhaitez-vous que je passe ?

— Par l’entrée comme tout le monde !


Je file à vive allure vers la porte que j’ouvre.


— Je dois affronter cette neige glaciale ?

— Oh, ne me faites pas cette mine de triste bonhomme. Je trouve inamissible que vous vous êtes incrusté à manger ici. Vous m’avez fichu la trouille de ma vie hier soir. Un plat même pas réchauffé d’ailleurs, écœurant !

— Je l’ai apprécié, moi, un met délicieux. Il faut dire que je n’avais rien avalé depuis cinquante-trois ans.


Je le fixe, ahurie.


— Dehors !


Il se vautre dans la neige, sans pitié je referme derrière lui. Trop exacerbée pour réaliser que cet homme pourrait tomber malade. Mais en est-ce vraiment un ? Je l’ai vu disparaître sous mes yeux. Un magicien ? Un pro de l’illusion ? Y a-t-il un cirque non loin ? Je perds la boule. Et le pire apparaît devant moi une fois que je vrille vers la cuisine. Ce Rayä lit le journal dans un fauteuil !


— Je ne me sens pas bien, geins-je.


Je m’allonge sur le canapé.


— Est-ce que ce président Higgins dirige bien l’Irlande ?

— Je ne sais pas.


Je pose mes mains sur mes yeux et inspire avec lenteur. Ce doit être le stress post-traumatique de ma rupture avec Gabriel. Je suis plus atteinte que je ne le pense.


— Vous ne trouvez pas qu’il me ressemble ?

— Je vais téléphoner à José.

— Il travaille. Son vol pour vous rejoindre est prévu dans trois jours, mais vu ce temps embarrassant, je crains qu’il ne puisse venir que la semaine prochaine.

— Comment savez-vous ça ?!

— Je suis un Leprechaun ! Ah, je vois…

— Quoi ?!


Je m’assieds et lui fais face. Mes yeux dans les siens.


— Vous ne croyez plus en la magie de Noël. Ni au conte, aux mythes, aux créatures exceptionnelles comme moi, lâchent-ils en laissant ses mains glisser de sa tête à son torse.

— Vous n’avez pas l’impression d’en faire un peu trop, non ?


Il lève son index.


— Il me suffit de claquer des doigts pour disparaître.

— Il y a un truc.


Il rit.


— Observez, alors !


Le voilà volatilisé une nouvelle fois. Je déglutis. Je le cherche de mes prunelles consternées, mon corps n’arrive plus à bouger. Mon estomac vide crie famine aussi.


— Comment est-ce possible ?!


Les larmes me montent aux yeux. Il réapparaît.


— Encore une qui ne croit plus en la magie de Noël ! Navrant…

— Je devrais manger, oui, je file dans la cuisine avaler quelque chose.


Je me prépare du café et des biscottes avec de la confiture. Des échantillons trouvés dans un panier sur le plan de travail. Je place le tout sur un plateau et m’installe dans le canapé. Rayä restent planté là. Je voudrais qu’il disparaisse, mais en même temps si je ne rêve pas… je vis quelque chose d’extraordinaire !


— Pourquoi êtes-vous apparu ici ?

— Vous l’avez réclamé en frottant les cloches. Souvenez-vous.

— C’est faux ! Je n’ai rien exprimé.

— Si vous avez pensé, je cite : s’il pouvait exister et exaucer un vœu !

— Mais non… euh… enfin… peut-être… vous croyez ?

— Ha, ha, c’est ce qu’on appelle un souhait silencieux. Je dois donc trouver ce dont vous avez le plus besoin dans votre vie.

— Je dois écrire un article sur l’authenticité de la fête de Noël en Irlande. Mon patron a grandi sur ce territoire.

— Cela ne semble pas vous emballer.

— Disons que maintenant que je suis là, autant apprécier mon séjour. Mais votre présence me perturbe. Je pense que vous êtes le fruit de mon imagination. Les leprechauns n’existent pas.

— Vous avez donc besoin d’une preuve ?

— J’avoue que cela m’aiderait à croire en vous, oui.

— Commencez par me servir une tasse de café, malpolie !


Je m’exécute. Il boit en aspirant bruyamment. Quel supplice !


— Aucun Leprechaun au pays du père Noël n’a appris les bonnes manières ?

— Cela lui sera rapporté. N’oubliez pas cette poupée de porcelaine à vos huit ans que vous désiriez tant. Grâce à qui vous l’avez obtenue ?

— Ma grand-mère !

— Qui a changé d’avis du jour au lendemain… étrange, non ?

— Certes, mais cela ne constitue pas une preuve.


Il claque des doigts et ferme les yeux.


— Vous êtes toujours là cette fois.

— Mathilde, allez jeter un œil par la fenêtre.


Je me dirige vers cette dernière et constate avec surprise qu’une tranchée démarre de mon logement jusqu’à la maison des O’Brien. Incroyable !


— Comment est-ce possible ?! l’interrogé-je.

— Il me suffit de le vouloir, à condition que je le découvre dans l’avenir. Ceci dit la magie n’est pas éternelle, observez à nouveau dehors.


La neige se reforme comme si rien ne s’était produit.


— Cela prouve juste que je déraille.


Je reviens m’asseoir face à lui.


— Un homme creusera cette allée. Il frappera à votre porte dans deux heures pile.

— D’accord, j’en prends note. Il me tarde que les aiguilles tournent, alors !

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3 commentaires

Gottesmann Pascal

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Il y a 15 jours

Quelle idée géniale ce Leprechaun, un peu de magie dans ton histoire ça va faire du bien à Mathilde.

kleo

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Il y a 15 jours

Intriguant cette rencontre. C'est une bonne idée de reprendre des croyances Irlandaises. Pour tout te dire je ne connaissais pas. En tout vas j'aime beaucoup. Hâte de connaître la suite des aventures de Mathilde. A bientôt 🐈‍⬛

lovelover

-

Il y a 15 jours

Hello bon concours à toi 🎄💚
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