Rose Lb LES CLOCHES IRLANDAISES DE NOËL SUITE

SUITE

Une fois les pieds sur la terre ferme, je joins le propriétaire du cottage dont Noa m’a fourni ses coordonnées. Je m’exprime en irlandais comme mon patron le souhaitait. Autant me mettre dans le bain de suite.


— Monsieur O’Brien, mademoiselle Mathilde Seclin. Je prends le bus et j’arrive !

— Merveilleux ! Le cottage pour les amoureux est près !

— Ah, oui. C’est très gentil de votre part. Euh, pour finir, je suis seule. Monsieur n’a pas pu venir.


Inutile de préciser qu’il m’a plaquée comme une vulgaire chaussette.


— Ah… dommage. Bon, et bien, nous vous attendons. Prévenez-moi quand vous serez à l’arrêt, je viendrais vous chercher. Sinon vous allez devoir marcher un bon kilomètre avec vos valises.

Quel adorable monsieur d’une voix si accueillante !


En tout cas l’atmosphère de l’aéroport de Shanon ne me dépayse pas. L’extérieur, lui, par contre, oui. Je crois que ce voyage risque de m’apporter plus que je ne le pensais au départ.

Toute cette neige sur le sol est magnifique. Je n’en ai jamais connu autant. Des employés ont anticipé notre descente, un chemin a été déblayé. Heureusement, car vu comme je suis chaussée, ce n’est pas mes escarpins qui auraient enduré cette couche épaisse. Je ne possède pas de grosses bottes fourrées dans mes valises, il faudra que je remédie cela.

Je pars récupérer mes bagages et embarque dans le bus pour Adare. Une chance que le départ se fasse juste en face de l’aéroport.


Le chemin ne me semble pas long. Les rues, les lumières des pubs et commercent encore ouverts ont accaparés mon esprit. Malgré le froid, le monde erre dans les rues animées.

J’envoie un message pour prévenir monsieur O’Brien.


Au terminus, des hommes et des femmes attendent un membre de leur famille ou un ami. Un vieux sous un béret habillé d'une veste de design patchwork tient dans ses menottes froissées une pancarte pourtant mon nom. Sa petite barbe rousse blanchie lui donne cet aspect de père Noël attendrissant. Avec des yeux aussi perçants, monsieur a dû faire des ravages dans sa jeunesse !

Alors que je lui tends la main, il s’empresse de me serrer dans ses bras. L’homme m’accueille très chaleureusement. Je ne suis pas habitué à des accolades aussi sincères. Je dois bien avouer que j’esquisse un sourire.


Il a la délicatesse de porter l’une de mes malles. Je me refuse de lui laisser la deuxième, j’aurais honte d’abuser d’un homme de cet âge même s’il est indubitablement plus costaud que les sexagénaires que j’ai pu croiser. Il pourrait figurer dans des magasines de mannequins pour les gens de troisième âge.

Nous grimpons dans son véhicule, une jeep. J’adore !


— Merci d’être venu me chercher. Cette neige est magnifique. Mais dommage qu’il fasse si froid.

Un frisson me force à serrer mes bras contre moi. Il augmente le chauffage de l’habitacle pour me satisfaire.


— Hum… Souhaitons que ça reste ainsi ou certains vont se retrouver bloqués.

— Que voulez-vous dire ?

— La météo pour les jours avenirs n’est pas prometteuse de bonnes nouvelles. Dès demain la neige tombera davantage et le vent soufflera très fort.

— Vous devriez vous réjouir, non ? Les gens aiment ça la neige à Noël...

— Je ne parle pas de quelques flocons, mais d’une couche de vingt centimètres supplémentaires en une heure.

— Je ne voudrais pas rester coincée entre quatre murs. Je suis ici pour le travail. Ne m’en voulez pas si je ne m'enchante pas plus que cela, j’étais censée passer de superbes vacances au Cap Vert avec -


Il s’esclaffe, ça me coupe la chique.


— Quelle drôle d’idée de vacances pour les fêtes de fin d’années !

— Je n’y vais pas. Problème résolu.


Je retiens mes larmes. À quoi bon me morfondre encore. Je le ferai bien assez tôt. Nous sortons du centre-ville pour nous retirer dans un coin perdu. Tout à coup, le soleil perce les nuages, une maison sur des pilotis apparaît dans cette vaste étendue de neige. Des arbres bordent la demeure. Derrière une forêt comble le décor. J’ouvre ma vitre avant que le véhicule ne s’arrête. Un rayon me chatouille le nez. L’air frais empli de fragrances diverses émoustille mes narines. Je souris malgré moi, malgré le ciel ombrageux qui passe sur ma vie.


— Nous sommes arrivés. Voici la maison où tous les rêves se réalisent, clame-t-il.

— Impossible. Il faudrait un miracle pour me venir en aide.

— Nous verrons ça, Mathilde, nous verrons bien...

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3 commentaires

Gottesmann Pascal

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Il y a 16 jours

La période est tellement propice aux miracles que j'ai confiance pour Mathilde. Elle risque d'être surprise et pas que par la météo. En tout cas O Brien est très chaleureux.
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