Au8drey Les bals de Noël La veille de Noël 2021 (2/3)

La veille de Noël 2021 (2/3)

J’habite près du quartier de Montmartre, dans un ancien entrepôt reconverti en loft. L’architecte a gardé l’esprit industriel du bâtiment, mais grâce aux verrières qu’il a fait posé sur la toiture, le loft est lumineux. Sa hauteur sous plafond nous a permis d’y entreposer des plantes et des structures de tailles volumineuses. Nous sommes un collectif de six artistes à y vivre, dont deux couples. Je vois la surprise de Travis pendant qu’il découvre les lieux. Je pose mon sac dans la cuisine, et monte à l’étage. Il me suit machinalement jusqu’à ma chambre. Elle est plus petite que chez mes parents, mais ça ne me dérange pas. Je ne suis plus enfermée dans ma chambre désormais. Je sors ma valise et commence à y entasser des affaires rapidement. Je ne compte pas y rester longtemps, donc je termine vite. Je passe ensuite dans la salle de bain attenante à ma chambre que je partage avec Marie et François. Je mets mes produits de beauté dans ma trousse et je la range dans ma valise. Alors que nous descendons, la porte d’entrée claque.


_ Sam ? Tout va bien ?


_ Salut Alex. Tout va bien. Je te présente Travis. Travis voici Alexandre, un de mes colocs.


Ils se saluent en se serrant la main, se jaugeant l’un l’autre. Trop bizarre !


_ Tu pars ?


_ J’ai finalement décidé de rentrer chez moi pour les fêtes. Je devrais être rentrée pour fêter le Nouvel An.


_ Et l’expo ?


_ Je serais rentrée à temps, promis. Je pense qu’avec les clichés que j’ai fait aujourd’hui, se sera bon.


_ Tu veux que je les développe ?


_ Non, je le ferai en rentrant, mais merci. Tu pourras prévenir les autres ?


_ Pas de soucis. Tu vas nous manquer. Reviens vite.


_ Promis.


Il m’embrasse sur la joue puis m’enlace. J’ai mis du temps à m’y habituer, mais les français sont assez tactiles. Je croise le regard surpris de Travis. Je lui expliquerai plus tard. Ou pas. Je prends ma valise, mon sac à dos, et je suis Travis. Un taxi nous attend à l’extérieur du loft. Décidément, il prévoit tout. Avec la circulation dense, nous mettons une bonne heure pour atteindre l’aéroport d’Orly. Le trajet se fait en silence. J’ai peur de revoir ma mère. Je ne sais pas comment elle va réagir. Et moi ? Le taxi s’arrête devant les portes de l’aéroport, et je descend du véhicule sans attendre que Travis ouvre ma portière. Je récupère ma valise et mon sac, et nous nous engouffrons à l’intérieur. L’aéroport est gigantesque, et pourtant il y a tellement de monde que j’ai l’impression que je vais étouffer. Travis doit le remarquer, car il fait comme un rempart avec son corps devant moi. Je le suis comme un automate. Nous passons la sécurité devant tout le monde. Certains privilèges sont appréciables. Puis nous passons les portes d’embarquement et arrivons devant le jet de Travis. Le chef de cabine prend ma valise, puis m’invite à monter. Je passe devant, Travis sur mes talons. Je m’installe sur un des sièges, et Travis prend le fauteuil en face de moi. Je le regarde l’air de dire « Il y a pleins d’autres places » mais il fait celui qui n’a pas compris. Nous nous attachons et cinq minutes plus tard, l’avion décolle.


_ Du champagne ?


_ Avec plaisir.


Il va me falloir plusieurs flûtes pour réussir à me détendre.


_ Parle-moi de ta vie parisienne.


Je le regarde, surprise. Il n’a jamais pris le temps de discuter avec moi avant. Il me taquinait, me réprimandait parfois, mais jamais ne me posait de questions sur ma vie. Il doit le remarquer parce qu’il insiste.


_ S’il te plait.


_ Qu’est-ce que tu veux savoir ?


_ De quoi tu vis ?


_ Comment ça ?


_ Ton père m’a dit que tu n’avais pas utilisé ton compte depuis ton départ. Il t’en a laissé l’accès malgré les menaces de ta mère.


_ Je sais. Mais j’ai décidé de me débrouiller seule. Je vis de mon art.


_ De la photographie ?


Comment est-ce qu’il sait ça ? Je ne le lui demande pas. Je ne sais pas pourquoi, mais je n’ose pas.


_ En effet.


_ Et ça marche bien ?


_ Plutôt bien oui. Je finalise ma troisième exposition. Elle aura lieu en Janvier.


_ Bravo, tu peux être fière de toi.


_ Je le suis, merci.


_ Et toi ? Comment le travail t’a amené ici ?


J’ai pris mon indépendance, mais ça ne veut pas dire que j’aime parler de moi et me confier. Encore moins avec lui.


_ On vient de racheter une société.


_ Dans le coin ?


_ A Paris.


_ A Paris ? Et qui va la gérer ?


_ Léo et moi.


Ca veut dire qu’ils vont venir vivre dans la capitale quelques mois.


_ Tu te fous de moi ?


_ Non. Pourquoi ? Tu es en colère ?


_ Sérieux Travis ? Je suis venue ici pour la ville certes, mais également pour m’éloigner de ma famille. Et tu m’annonces tranquillement que vous allez venir vivre ici quelques mois ?


_ Au vu de la situation, je penche plutôt pour un an. Voire plus. Et on vivra probablement pas loin de toi. L’entreprise que nous avons racheté est proche de la Place Vendôme.


Il sourit en lui disant ça. Genre, il croit que ça va me faire plaisir ? Il se fout de moi ! Je suis en colère, et très énervée. Je décide de l’ignorer le reste du trajet. Je mets mes Air


Pods, encore, et j’allume mon ordinateur pour peaufiner ma future exposition. A dix-neuf heures, une hôtesse nous sert notre repas, et je reprends du champagne, la quatrième. Je calcule que nous allons arriver vers vingt-heures, heure de New-York. Je risque d’être fatiguée avec le décalage horaire de six heures. Je brise le silence.


_ Est-ce que tu comptes te reposer ?


_ Je suis sur l’heure de New-York. Tu peux prendre le lit.


Je le remercie du bout des lèvres. Je range mes affaires et entre dans la cabine au fond du jet. La fatigue, les émotions, et l’alcool aidant, je m’écroule comme une masse sur le lit.







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