Au8drey Les bals de Noël Noël 2020 (2/2)

Noël 2020 (2/2)

_ Je peux savoir ce qu’il se passe ?


_ Bonjour maman.


_ Tu joues les insolentes maintenant ?


_ Maman, calme toi. Je n’ai rien fait de mal.


_ Ne me dis pas de me calmer. D’abord, tu ne viens pas au bal, ensuite tu portes cette tenue ridicule. Et maintenant tu chantes ?


_ Où est le mal maman ?


_ Les femmes de ton âge et de ton rang doivent rester à leur place Samantha. Tu n’as pas à te mettre en avant ainsi !


_ Me mettre en avant ? Arrête maman. Ma tenue est tout à fait correcte pour aujourd’hui, et j’ai le droit de chanter si j’en ai envie.


_ Va te changer !


_ Non !


Elle est prête à me gifler quand mon père entre dans la pièce. Il arrête son geste et me demande d’aller à table. J’obéi, stupéfaite de la colère de ma mère. Je savais que cela ne lui ferait pas plaisir que je m’assume enfin, mais à ce point-là ? C’est n’importe quoi. Je ne sais pas ce qu’ils se sont dit, mais cinq minutes plus tard ils nous rejoignent. Mon père dit les grâces, et le repas commence. Je suis placée en bout de table, comme les enfants. Merci maman ! Ce n’est pas grave, Marc et Emma sont avec moi et nous discutons vivement. Je sens le poids du regard de maman, toujours aussi furieux, mais aussi celui de Travis. Sauf que je n’arrive pas à savoir ce qu’il pense, moi qui suit pourtant si observatrice. A la fin du repas, nous retournons près du sapin. Mon père me donne l’étoile et je monte sur l’escabeau pour l’accrocher. Avant, il me mettait sur ses épaules, mais je suis trop grande maintenant. Nous échangeons ensuite nos cadeaux. Mes parents m’ont offert des vêtements et des livres. Je vous le donne en mille, une jeune fille de quinze ans aurait adoré ces cadeaux, mais je n’ai plus quinze ans. Je les remercie quand même. Alors que tout le monde est bien occupé, Emma et moi en profitons pour nous éclipser dans ma chambre. Nous avons toujours échangé nos cadeaux seules, ma mère les aurait confisqué sinon. Emma m’offre un objectif d’appareil photo, le dernier et meilleur modèle sur le marché. Je la remercie chaleureusement, et je lui offre son cadeau. Un billet d’avion aller-retour pour Paris non daté.


_ Alors tu vas vraiment le faire ?


_ Oui Emma. J’en ai marre de vivre dans l’ombre.


_ Tu l’as dit à tes parents ?


_ Pas encore. Je voulais le faire ce matin. En même temps, quand je vois la réaction de ma mère, c’est peut-être mieux de ne pas avoir pu. Tout ça pour une chanson et une robe.


_ Je suis tellement triste pour toi que ta mère ne te soutienne pas.


_ Merci. Mon père est là pour moi, c’est le principal. Même si je redoute aussi de le lui dire.


_ Tu pars quand ?


_ Je ne sais pas. J’aimerais partir dans deux jours, avec toi et ta famille. Mais connaissant ma mère, elle va me demander de partir ce soir.


_ Ce soir ?


_ Emma, ma mère a failli me gifler ce midi. Imagine ce qu’elle va faire quand elle va apprendre que je quitte la fac pour partir à l’étranger.


_ J’aimerais tellement venir avec toi.


_ Je sais. C’est pour ça que je t’ai offert ce billet. Mais toi tu aimes ce que tu fais, tu as choisi ta fac et ton cursus. Contrairement à moi.


On s’enlace fort et longtemps. Je ne sais pas quand je la reverrai. Mais notre amitié ne changera jamais, je le sais. Nous redescendons au bout d’un moment, et discrètement, je demande à mes parents de me rejoindre. Je les devance de quelques minutes dans le bureau de mon père. Je regarde la pièce comme si c’était la dernière fois que je la voyais. Peut-être est-ce le cas. Le bureau est au centre de la pièce, en face de la porte d’entrée. Sur sa droite, une belle cheminée de style empire devant laquelle est placé un canapé en cuir. Mon père et moi avons passé des heures ici, lui à travailler, moi à lire ou le prendre en photo. C’est notre sanctuaire à tous les deux. Je me retourne quand j’entends la porte se refermer, et je fais face à mes parents. Ils me regardent, silencieux, attendant que je prenne la parole.


_ J’ai quelque chose à vous dire, et ça ne va pas vous plaire.


_ Tu es enceinte ?


_ Maman, non. Et ne crie pas s’il te plait. Je n’aime pas les cours que je suis à la fac.


_ Mais tout se passe bien pourtant.


_ Oui maman, tout se passe bien parce que j’ai toujours fait ce que tu as voulu. Être une bonne élève en faisait partie. Mais j’en ai assez. Je veux faire mes propres choix, vivre ma vie, et non celle que tu m’as choisis.


_ Celle que je t’ai choisi ? Qu’est-ce qui te prend Samantha ?


_ Maman, tu refuses de voir que j’ai grandi. Tu m’imposes un style de vie qui ne me convient pas. Je ne suis pas heureuse.


_ Et qu’est-ce que tu comptes faire ?


_ Je pars à Paris.


_ A Paris ? Pourquoi ?


_ Je veux découvrir le monde maman. Apprendre par moi-même.


_ C’est n’importe quoi ! Comment tu vas vivre ?


_ Je vais travailler, comme tout le monde.


_ Si tu fais ça, nous te couperons les vivres.


_ Sophie, arrête. Léo a vécu la même chose, et nous l’avons soutenu. Nous devons faire pareil pour Samantha.


_ Les circonstances ne sont pas les même.


_ Maman, je me débrouillerais sans votre aide s’il le faut. Mais mon choix est fait.


_ Quand est-ce que tu pars ma puce ?


_ Elle part dès maintenant !


_ Maman !


_ Tu veux vivre ta vie ? Très bien. Sors d’ici, tout de suite !


_ Sophie attends…


Ma mère ne laisse pas mon père finir sa phrase, elle me prend par le bras et me tire sans ménagement hors de la pièce.


_ Tu as cinq minutes pour partir !


Je la regarde, stupéfaite mais pas complètement surprise. J’avais craint qu’elle réagisse ainsi. Je monte dans ma chambre et prend ma valise que je n’avais pas défaite la veille. Quand je redescend, mon père m’attends aux pieds des marches. Il me promet de faire revenir ma mère à la raison, et me demande de l’appeler dès que je suis installée. Je l’enlace, longtemps, ne sachant pas quand je le reverrais. Tout les autres sont restés dans le salon, à cause des fameuses conventions sociales. Je suis persuadée qu’ils ont entendu une grande partie de la conversation. Quand je passe devant l’arche du salon, je les regarde. Emma est triste, tout comme les Mitchell. Travis me regarde bizarrement et semble sur le point de se lever. Mais Marc le devance, me rejoint et me serre dans ses bras. Je regarde mon frère, mais il fuit mon regard. J’embrasse Marc sur la joue, regarde ma mère sans rien dire, et je quitte la maison de mes parents, sans savoir quand je reviendrais.

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2 commentaires

petites.plumes

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Il y a 5 jours

Oula... Pas commode DU TOUT la mère..

Au8drey

-

Il y a 5 jours

C'est sûr. La seule chose que je peux dire c'est que tout s'explique plus tard
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