Jean-Marc-Nicolas.G Les Anachorètes Sauver par la bête.

Sauver par la bête.


La porte du réfrigérateur se referme subitement et ce que je vois me paralyse sur place ! Une créature informe noire aux yeux rouge emplis de haine me fixe désormais. L’autre se redresse aussi promptement du sol et émerge de la hauteur du plan de travail. Elle paraît plus grande encore, touchant presque le plafond de son crâne difforme. Leurs bras s’étendent jusqu’à moi me saisissant à la fois à la gorge, aux bras et à aux jambes. Je perds pied et me retrouve tout à coup au sol, le choc est violent. Elles sont tout à coup sur moi leurs gueules sulfureuses dégageant un raclement du plus profond de leur être.


Elles m’observent, l’une d’entre-elle tente de s’emparer de ma langue tout en déchirant ma tunique, elles enfoncent ce qui ressemble vaguement à des mains aux doigts pointus, elles pénètrent dans mon corps m’inoculant leur venin de haine et de désespoir, ma peau à nouveau se noircit et des cloques partout commencent par apparaître, une douleur absolument insupportable irradie tout mon corps.


Mon esprit bascule à nouveau dans un tourbillon vertigineux qui m’emmène à nouveau chez elles dans une crypte obscure. Elles sont là, des milliers tournent leur attention dans ma direction, elles m’observent. Elles sont si nombreuses, je vois devant moi une véritable fourmilière, une masse innombrable de monstres des profondeurs.


J’ai le sentiment que nous ne pourrons jamais les arrêter. Elles sont trop nombreuses et d’autre-part leur puissance mentale est difficile à contrecarrer. Elles possèdent un redoutable pouvoir venimeux de destruction de l’esprit. J’ai vu ce que ces êtres ont été capables d’asséner aux sœurs tueuses. Mais je sors à nouveau de leur réalité de conscience réussissant à me soustraire de leur captivité dans leur profonde abîme impénétrable.


Je me retrouve dans la cuisine toujours plaqué au sol par des tonnes de pression. Je comprends que les deux créatures des profondeurs veulent ma mort physique. Je me débats violemment tentant de dégager l’étau qui serre ma gorge pour lâcher un cri, un appel au secours mais en vain.


Écoute Milène, je m’excuse pour toute à l’heure, j’ai été odieuse, je ne savais pas qu’il était devenu ton Ami, je pensais qu’il était comme tous les hommes, égoïstes, vaniteux et méprisants.


— Oui, et bien tu t’es fourvoyée ma belle, cet homme est venu de sa réalité pour nous aider, il est comme toi, perdu. Son immense peine pour la perte de sa femme et de sa fille l'a marqué à jamais. Il souffre Guerda. Et puis, pour une fois qu’une conscience du monde lumineux s’intéresse à nous, il faut que tu ailles jusqu’à chez lui pour le tuer.


— Très bien, je m’excuse, je te le laisse, ne t’inquiète plus, je ne resterai pas en travers de ton chemin.


— Putain ! Mais ce n’est pas ça Guerda, tu n’as rien compris. Décidément tu es trop conne. Il ne s’agit pas de moi, mais de nous. Si jamais les créatures des profondeurs parviennent à atteindre leur but, nous sommes foutus, nous tomberons à jamais sous leur influence. Nous nous perdrons dans les méandres de leur réalité, à tout jamais. Regarde autour de toi, que vois-tu ?


— Bien, rien, je ne vois rien.


— Oui, justement, c’est parce qu’il n’y a rien, plus rien, plus de vie, plus de joie mais surtout Guerda, plus d’enfants.


Guerda sursaute au moment où Milène prononce le mot clef.


Tu veux dire qu’ils les ont tués ?


— En quelque-sorte, je pense qu’ils ont été déportés par ces êtres abjectes et qu’ils doivent vivre le martyre.


— Mais putain que fait-on ici à discuter, nous devons agir tout de suite.


— T’emballe pas ma belle, tout d’abord Carole, puis nous repasserons la faille, pour notre monde et la nécropole. Mais tu sais, ce ne sera pas une partie de plaisir.


— Milène, je pense à ….


Milène interrompt Guerda en levant la main


Oui je sais ce que tu vas me dire, je vais te répondre, oui, probablement que tes enfants sont là-bas comme tous ceux qui ont disparus de cette manière du plan de réalité physique. Désorientés car transférés dans les réalités perdues, ces saloperies s’en sont emparées. D’ailleurs…


Puis subitement Milène s’interrompt, tel un animal elle tend d’instinct l’oreille tout en se transformant en créature furieuse.


Oui, moi aussi, j’ai entendu, il est en mauvaise posture !


Les deux sœurs damnées se sont métamorphosées en terribles créatures tueuses et bondissent vers l’entrée arrière défonçant la porte, elles surprennent les monstres noirs des profondeur en train d’achever Pierre qui sombre dans le néant.

Le choc est violent, d’un revers de main l’un des démon des profondeurs rejette brutalement Guerda qui va s’écraser contre une paroi de la pièce jetant un bref cri de douleur, tandis que son comparse, saisit Milène à son tour à la gorge pour l’étrangler, pendant qu’elle se débat avec rage, assénant de terribles morsures et d’ardents coups de griffes. Des lambeaux de matière arrachées s’en échappent et un liquide noir et visqueux se repend sur le sol.


La grosse créature vacille en jetant un terrible cri de douleur et dans un dernier effort, juste avant de s’écrouler en arrière, donne encore un violent coup à la face de Milène, puis s’effondre à terre sans vie. Milène va terminer sa course contre le fourneau et ne se relève plus.


Hétolie arrive à ce moment là pour se ruer sur le survivant des deux êtres des profondeurs. Elle lui arrache une partie de la face, mais l’horrible douleur le met en rage et il se saisit d’Hétolie par le bras pour la jeter violemment de l’autre cote de la pièce. Le terrible choc secoue Hétolie, qui telle une marionnette sans fil, tombe au sol comme un poids mort. Elle reste inanimée. Pierre se réveille, mais l’être des profondeurs se tourne à nouveau vers lui pour le saisir à la gorge.


Il vacille à cause de la terrible douleur provoquée par Hétolie, mais se reprends, enfonçant ses dents noires qui se projettent dans tous les sens sur son corps pour lui inoculer son venin. Pierre paraît si petit, si fragile face à cette forme noire imposante atteignant presque le haut plafond de cette vieille demeure.

— Tes amies sont perdues, elles glissent irréversiblement vers la réalité des profondeurs noires. Et toi avec. Tu es perdu à jamais.


Mais du confins de ma conscience, se réveille une chose qui était endormie depuis déjà plusieurs semaines. Une créature effrayante, sinistre, une entité provenant du plus profond de mes cauchemars, née de mes colères et de mes peurs.


La Bête immonde ! Les murs craquent de toute part, les portes gonflent puis explose en plusieurs éclats se plantant cruellement sur les chairs noires et épaisses de la créature des profondeurs. Le gros fourneau en fonte de la cuisine s’emboutit comme écrasé par une pression invisible, le plan de travail en granit se fend puis se brise en des centaines de morceaux. Je sens une pression dans l’atmosphère.

Mes tympans se bouchent.



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3 commentaires

Leoden

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Il y a 6 ans

Je te suis ? Moi? Je l'avoue, si tu n'était pas venu te moquer de moi, je ne serai pas là. Mdr. Plus sérieusement, ta noirceur est plus facile d'accès que mon monde. Il n'y à qu'à voir mon score😅 même si j'essaie d'être moins choquant au début, je reste très difficile à digérer. Merci pour ce beau voyage, et vivement la conclusion.

Jean-Marc-Nicolas.G

-

Il y a 6 ans

Alors allons y ,comme des gai-lurons
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