Fyctia
Le massacre du commissariat.
…
Et là, c’était le silence complet, un silence de mort, les ténèbres avaient envahi toute la ville, ils s’étaient installés, recouvrant de son manteau noir une obscurité absolument oppressante. Mes compagnes guerrières n’étaient pas perturbées par cette ambiance cauchemardesque, elles en ont l’habitude, elles évoluent dans ce type d’univers ambiant depuis toujours. Rien ne les choquent.
Au contraire, elles estiment que « mon monde » est beau, bien sûr il n’y a pas, ou pas encore de destructions massives, tous les bâtiments sont encore debout. Il y a bien eu des déprédations avec des vitrines en miettes et les magasins vidés de leurs marchandises par des nombreux pillages. Mais nous ne croisons plus personne, où sont passés les habitants de la ville ? Les rues sont jonchées d’un tas de débris de milliers d’emballages, des déchets malodorants à cause des poubelles complètement renversées.
Et des corps terriblement mutilés parsèment les pavés de la ville. Nous passons devant un commissariat, sa devanture est défoncée, à l’intérieur tout a été renversé, au sol, une multitude de dossiers, des milliers de feuilles, des armoires fracassées, des ordinateurs en morceaux. À l’étage, des corps, partout, quelques-uns en uniforme, le plus grand nombre en civil. Mais je remarque sur les visages de ces civils des marques, les mêmes qui défiguraient les visages de quelques cadavres à la clinique.
Nous sortons du commissariat saccagé et dehors, un attroupement de gens, l’air hagard, le regard perdu, l’air absent. Il y a des hommes, des femmes de tout âge, ils sont nus, sont recouverts de crasse et ont le corps rempli de scarifications. Ces gens ont quelque-chose de curieux dans leur comportement. Je ressens un malaise, je pressens le mal qu’a propagé le monde Noir sur l’espèce humaine. Un mal incontrôlable, un mal ingérable. C’est celui de la folie. La masse humaine s’est tout simplement entre-tuée par groupes ou individuellement.
Il n’y a plus de courant, pire ! Les robinets restent muets, il n’y a plus d’eau. L’obscurité qui s’accentue d’heure en heure ne fait qu’ajouter au malaise ambiant. Le temps s’est arrêté, ici comme dans le monde Noir. Ils sont quelques dizaines mais l’attroupement ne cesse de grandir, d’autre personnes se joignent au groupe arrivant de toute part. Mes compagnes se hérissent, ce qui signifie qu’elles sentent un danger, une menace, un péril.
Tout à coup, mue par une force mystérieuse, un homme semblant être le leader de l’attroupement, se met à hurler, soulève une masse et se rue sur nous, les autres suivent avec la même attitude agressive. Je ne voulais pas ça. Mais nous ne pourrons pas l’éviter. Guerda bondit vers le fou qui fond sur moi avec sa masse et au moment où il va l’abattre pour fracasser ma tête, Guerda, d’un puissant bon saute par-dessus l’homme, s’empare de la masse en la saisissant par le manche et la lui retire, puis, c’est la curée, les trois sœurs prédatrices foncent dans le tas, fauchant les personnes qui se heurtent violemment sur le sol pour les achever en plantant leurs longs doigts effilés terminés par des ergots meurtriers.
Les terribles blessures qu’elles infligent sont mortelles, les hémorragies qu’elles provoquent ne laissent aucun doute quant à la fin. Hétolie se déplace par bonds successifs dans une course rapide, tranchant successivement les cous, détachant ainsi les têtes des corps de ces fous furieux, elles tombent successivement au sol, laissant jaillir de grandes quantités de sang.
Milène fonce au pas de charge en les repoussant par groupes de dix puis les exécute en leur plantant ses longues dents effilées dans leur gorge. Alors que ces gens étaient à peine à une dizaine de mètres de nous, pas un seul d’entre-eux ne parvient jusqu’à ma hauteur. Je réalise qu’il leur a fallu à peine une minute pour mettre à mort une centaine de fous furieux dans un acte fulgurant !
D’autres personnes qui se dirigeaient vers nous, font alors demi-tour, ces gens ne sont finalement pas si fous que cela. Les filles qui reprennent leur physionomie humaine terminent néanmoins de se lécher les doigts de plaisir. Le repas est terminé, la curée aussi.
Je suis planté sur place et je dirai presque que tout me semble surréaliste. Les filles enjambent les victimes
— Bon alors, beau gars tu viens ?
Nous nous remettons en marche, en m’éloignant, je jette un dernier coup d’œil sur le sol jonché de cadavres ensanglantés, nul doute, que seul je n’aurais pas pu m’en tirer.
En arrivant à proximité de la maison de Carole, je regarde le ciel. Je me dit « Mon Dieu tant de noir ! » .
Est-ce possible ? Et tant de rage ? Pour quelle raison tout cela ?
Pendant notre marche qui aurait dû durer des heures et des heures, Kraveῆ intervient, je le vois devant moi, il semble me toucher de son index c’est alors que nous nous trouvons devant le portail de la maison de Carole.
— Regarde Milène, Pierre vient de changer d’apparence, il a le même accoutrement que l’autre fois !
Je me regarde et effectivement, je suis à nouveau revêtu de la longue tunique de noir satiné.
— Tes cheveux Pierre, ce ne sont pas les mêmes, ils ont une forme rigide comme s’ils avaient été sculptés, même toi, tu sembles diffèrent.
— Moi je trouve qu’il est chou comme il est, ça lui donne un aspect solennel.
— Bon Pierre, faut y aller, alors on rentre ou pas dans cette baraque ?
— Les filles je vais vous demander de m’attendre, je dois rentrer seul dans la maison.
— Très bien Pierre, vas-y. Nous, on va t’attendre dans le parc, mais s’il y a un problème, tu appelles, tu as compris ?
— Oui Milène, ne t’inquiètes pas. Si jamais, je vois apparaître l’immondes Bête des mondes Noirs, je crie au secours.
Je gravis les marches d’escalier de l’entrée, traverse le perron et pousse la porte d’entrée. Celle-ci ne s’ouvre pas. La lourde porte art déco demeure fixe, Carole a du très certainement se barricader. D’ailleurs toutes les persiennes de la vieille maison demeurent closes.
Je me décide à contourner la bastide pour atteindre la porte arrière de service, celle qui accède à la cuisine. Je tourne la poignée ronde en bronze en espérant qu’elle va me permettre d’entrer chez Carole.
La rotation de la poignée arrive à sa butée je n’ai plus qu’à pousser la porte de service.
Bon sang elle s’ouvre ! Je l’entrouvre lentement, elle grince légèrement. Dans la pièce, il fait sombre, j’en perçois à peine l’intérieur, dans l’étrange pénombre. J’y pénètre à pas feutrer, tout en tendant l’oreille.
Puis tout à coup, des bruits, quelqu’un farfouille le réfrigérateur puis un autre bruit, celui d’un tintements de bouteilles à ma droite plus loin derrière l'îlot central. Je continue doucement à marcher à la pointe des pieds. Mais je heurte quelque chose du pied qui va se propulser contre un meuble dans un tintement assourdissant.
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Sand Canavaggia
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Il y a 6 ans
Jean-Marc-Nicolas.G
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Il y a 6 ans
Leoden
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Il y a 6 ans
Jean-Marc-Nicolas.G
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Il y a 6 ans