Fyctia

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Du haut de leur édifice gigantesque, dans leur hémicycle froid, sombre et impénétrable, s’affairent devant leurs tabernacles luminescents des réalités multidimensionnelles, de grandes silhouettes énigmatiques revêtus de leur longue et austère tunique noire satinée. C’est la noble caste des dignitaires du monde Noir, les Émissaires. Kraveῆ et ses semblables, observent et manipulent les systèmes de réalités multidimensionnels. Il y a un plan de conscience qui préoccupe tout particulièrement son groupe, c’est le péril grandissant, provenant des profonds souterrains de la grande nécropole ténébreuse.

Un groupe de créatures noires des profondeurs avec parmi elles, le Professeur Bernard, vient de franchir le passage séparant le monde Noir du monde Lumineux. Mais la fracture demeure désormais ouverte et tel un barrage qui laisserait déferler des vagues d’eau, la faille béante laisse s’engouffrer les ténèbres du monde de terreur. Avec elle, le commando du Professeur Bernard, s’y engouffre.

Pierre va également basculer dans son monde, peu de temps, car la synchronisation temporelle des deux réalités se rapprochent. Mais il n’est pas moins vrai que pendant ce laps de temps, il va être vulnérable.

C’est précisément pendant celui-ci que Kraveῆ doit intervenir.

— Il a été capturé, le Professeur Bernard s’est transporté avec sa clique dans la clinique psychiatrique et lui a tendu un guet-apens. Il s’est emparé de lui, physiquement; puis s’est saisi de son esprit pour l’emprisonner dans sa réalité des profondeurs noires et lui assène de terribles souffrances.

— Il est en mauvaise posture Kraveῆ, que fait-on ?

— Transfère-le en deux milles neuf, dans sa maison, Korozan. Le jour où précisément sa femme et sa fille sont censés périr dans la soirée. Ce sera du bien être pour son âme, un refuge par rapport aux sphères méphitique des sous-sols de la Nécropole, en attendant l’arrivée des chasseuses. En même temps, la nouvelle situation lui permettra éventuellement de modifier le scénario familial. « Pierre, c’est ça l’Amour ».

— Tu veux que nous modifiions son destin ? Mais nous risquons de fracturer sa conscience, ce qui revient à le dupliquer une nouvelle fois.

— Nous ne pouvons séparer indéfiniment des êtres qui s’aiment, de toute manière la ferveur était si intense chez cette personnalité qu’elle aurait fini par trouver le chemin pour atteindre sa femme et sa fille.

— Ramenez-le ensuite dans la clinique psychiatrique.

— C’est fait.

— Envoyez les sœurs du temple des Damnés sur place pour se porter à son secours. Qu’elles capturent également le dissident et qu’elles anéantissent son groupe clandestin qui a pénétré de manière illicite dans le monde lumineux.

— Nous devons également dépêcher un contingent d’Artrides et leurs Dantasques pour y faire le ménage. Ordre est donné de pourchasser, de capturer et de ramener toutes les Âmes malades, qui se sont glissées dans la réalité lumineuse du monde de deux mille treize. Leur perversion et leur dégénérescence sèment le chaos et la folie. Ils sont facilement reconnaissables par leurs multiples scarifications que nous avons apposés sur leur corps.

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— Viens, rentrons chez nous, tu dois te reposer avant l’ultime affrontement.

— Je dois d’abord sauver une amie, elle doit être terrorisée, blottie dans un recoin de sa maison.

— Alors, je viendrai avec toi.

— Moi aussi, je viendrai avec toi, d’autant que je connais bien la maison.

C’est Guerda qui se joint à nous, et me prend par la main ! Elle a repris sa forme humaine, c’est une très belle femme, plantureuse à la longue chevelure noire caractéristique.

— Hé ! Minute ma cocote, il y a des choses qui ont changées. rétorque Milène. »

— Depuis ton absence, nous avons traversé ensemble de nombreuses aventures et ça crée des liens ma belle.

—Oui mais moi, j’ai goûté à sa bite, on a communié dans un orgasme absolument fusionnel et ça aussi ça compte ma « Belle », comme tu dis.

— Vous avez fusionnez ?

— OUI !

— Vous avez fusionnez ensemble ? Putain, je ne crois pas ce que j’entends ! Tu as tenté de le tuer en l’étranglant, pendu au-dessus du sol !! Si les Artrides n’étaient pas intervenus, il serait mort. Et ce, à cause de ton obsession de la pendaison ! Tu as une curieuse façon de fusionner MA BELLE.

La discussion s'élève crescendo pendant que nous traversons le parking et que nous passons le portail défoncé. Je tente de m’interposer mais les deux jeunes femmes ne m’écoutent même pas, le ton monte et s’envenime et dans les rues désertes à l’image d’apocalypse, on entend que ces deux-là.

Si nous devions être discret, c’est raté.

— MOI, je sais désormais que c’est avec moi que Pierre fera l’amour.

Intervient à dire Hétolie en me prenant l’autre bras tout en se trémoussant, accentuant sa démarche féminine en se déhanchant.

— Hétolie, je t’en prie, n’en rajoute pas, reste à ta place !

— Non ! pourquoi je me tairais ? Je me le veux à moi mon Pierre, il m’a sauvée la vie, ne l’oubliez pas et puis c’est toi-même qui l’a dit Milène, que désormais nous serions liés à jamais.

— Avec ton petit corps de crevette ? Et des seins de la taille de deux pruneaux en pointe ? Pfuii !

Je n’en croyais pas mes yeux, ni mes oreilles, nous étions sensés sauver la planète, missionnés par les Ambassadeurs de l’arrière-Monde. Et j’assistais à une querelle puérile de femelles en chaleur.

— Bon hé ! Ça suffit maintenant ! On est missionné par les Émissaires et voilà que vous vous chamaillez comme de jeunes collégiennes pour des raisons futiles. Et puis, je vous signale que je ne suis pas un de vos esclaves dont vous pouvez disposer à votre gré. J’ai peut-être mon mot à dire ne pensez-vous pas ?

Les trois chasseuses ne disent plus un mot et se regardent du coin de l’œil, l’air renfrogné. Nous arpentons l’avenue, lorsque nous nous arrêtons devant l’un des nombreux véhicules à l’arrêt. Je tente de le démarrer, mais rien, sa batterie est vide, je tente à plusieurs reprises de démarrer d’autres véhicules. Mais aucun d’entre-eux ne répond au tour de clef.

Je réalise qu’il n’y a plus aucune source de lumière, nulle-part. Je comprends qu’il s’est produit un phénomène électro-magnétique car toutes les sources électriques se sont vidées. Nous nous résignons à continuer notre chemin à pied.

Je suis impressionné de voir la ville dans cet état, c’est une scène de guerre qui s’offre à notre vue. J’ai connu cette ville en pleine vie, il y avait une telle animation, elle était bruyante comme toutes les grandes villes. La foule arpentait les trottoirs et les véhicules embouteillaient les rues et les boulevards. Ça klaxonnait de toute part et les grands magasins étaient bondés. La nuit tombée, l’animation ne diminuait pas, les magasins s’illuminaient, les enseignes à néon de toutes les couleurs et les lampadaires en fonte éclairaient les avenues et les terrasses des cafés ne cessaient de se désemplir.

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